Pour vivre au rythme de l'Eglise universelle.
Infocatho
Les universités en Jordanie
et la nouvelle université de Madaba (dossier)
 
Le Pape et la nouvelle Université.    

La première pierre que Benoît XVI posera pour la création d’une université à Madaba n’est pas sans signification.  Elle entre dans l’une de ses préoccupations essentielles.

Tout d'abord, il est à noter qu'elle ne se situe ni à Amman, ni à Irbid, mais dans un lieu prestigieux, qui évoque la culture millénaire de l’Église et ce, dès les premiers siècles. Les mosaïques de l’église Saint Georges comme celles dispersées dans les autres églises de Madaba témoignent d’un haut niveau culturel.

Ce n’est pas une université d’études archéologiques qui va naître là. C’est la présence de la culture chrétienne insérée dans les autres cultures et dans un dialogue dont les perspectives s’inscrivent dans la pensée de Benoît XVI.

Il est intéressant de noter que le lendemain 9 mai, le Pape rencontrera non seulement les chefs religieux musulmans et le coprs diplomatique , mais seront également présents les recteurs des universités jordaniennes qui, la veille, présents à Madaba, auront pu enendre le discours de Benoît XVI lors de la pose de cette première pierre.

FOI ET RAISON

« Foi et raison » ne sont pas que des mots. Ils expriment la pensée du Pape dans la recherche de la vérité qu’il propose à notre époque.
A la Sorbonne, en 1999, Joseph Ratzinger  l’avait expliqué  à son auditoire. Quand les premiers auteurs chrétiens ont présenté leur religion à des païens, ils l'ont située non dans le cadre du monde religieux ambiant (mythes, religion officielle), mais dans la continuité de la philosophie parce que la philosophie se présente comme une recherche exigeante de la vérité, conduisant à dépasser ce qui est purement humain.

A Ratisbonne, en septembre 2006, où l’on s’est arrêté à quelques lignes de son entretien universitaire,  le Pape a rappelé que « la foi de l'Eglise s'est toujours tenue à la conviction qu'entre Dieu et nous, entre son Esprit créateur éternel et notre raison créée », s'il existe des dissemblances, « il existe une vraie analogie ». Cela veut dir

Benoît XVI est également attentif à l'autonomie de la raison et de la foi. Il l'a dit dans le discours qu'il a transmis le 17 janvier 2008 à l'université d'Etat la Sapienza à Rome, empêché par une manifestation hostile. L'ancien professeur sait mieux que quiconque qu'il ne s'agit pas de confondre les niveaux. Il ne s'agit pas par exemple de mettre un peu de piété dans la science pour sauver la raison ou pour faire de la bonne théologie.

Le 12 septembre 2008, son discours magistral aux Bernardins de Paris, est comme la charte de sa pensée. La véritable grandeur de la raison est de chercher la vérité, y compris la vérité concernant la religion. La vérité ne se cherche que par le dialogue, le travail, dans un climat de respect et de liberté. C'est là que la raison humaine apparaît dans toute son ampleur et qu'elle révèle ses potentialités.

Dans son discours aux représentants de la communauté musulmane du Cameroun, il déclarait : Une religion authentique n'est pas fondée seulement sur la foi mais aussi sur une juste raison. La religion et la raison se renforcent mutuellement dès lors que la religion est purifiée et surtcturée par la raison et que le potentiel de la raison est libérée par la révélation et la foi. »

Madaba s’insère dans ces perspectives et il sera intéressant de les entendre s'exprimer lorsqu’il les évoquera devant les chefs religieux musulmans et les recteurs des universités.

A cela s’ajoute que durant ces deux journées il sera accompagné par le prince Ghazi bin Muhammad bin Talal, conseilleur du roi Abdullah et l’un des initiateurs des lettres échangées par un certain nombre de responsables musulmans lors de la polémique engendrée par le discours de Ratisbonne.

L'enseignement supérieur, une priorité.

Cette nouvelle université s’inscrit dans le grand courant universitaire voulu par le roi Abdullah. Pour le souverain, l’enseignement supérieur est une des priorités du Royaume hachémite.

Le système d'enseignement supérieur jordanien a connu en effet un grand développement à partir des années  1970, avec la multiplication des universités publiques (Université de Jordanie à Amman en 1962, Université du Yarmouk à Irbid en 1976), des instituts (Community Colleges, années 1970-1980 surtout), et enfin à partir des  années 1990, l'ouverture d'universités privées. La rentrée 2006 a vu l’ouverture de la 10ème université publique, l’université Germano-Jordanienne.
 
Au total, on compte actuellement en Jordanie 10 universités publiques, 13 universités privées et 18 Community Colleges.

Forte croissance de la population étudiante.

A partir des 46 étudiants inscrits recensés en 1952-53, la population étudiante s'est élevée, tous  établissements confondus, à 2700 en 1958, a dépassé les 100 000 individus en 1997 (83 500 pour les  Universités et 23 900 pour les Colleges) puis les 200 000 pour l’année universitaire 2004/2005 (178 619 pour les Universités et 24 790 pour les Colleges).

Cette croissance est le résultat d'une politique volontariste de scolarisation primaire et secondaire  menée par le Royaume depuis le milieu des années 1970. Cette croissance de la population étudiante dans les établissements d'enseignement supérieur  jordaniens s'est également accompagnée d'une baisse du nombre d'étudiants qui choisissent de s'expatrier (38 000 en 1967 en baisse continue depuis, en 2004/2005 ce nombre s’établit à 16974).

La privatisation de l'enseignement supérieur.

Les universités publiques misent sur l'autofinancement pour remédier à leurs difficultés financières.  Les universités privées les complètent d’autant qu’elles gérées, d'après la loi de 1989, comme de véritables  entreprises. Deux d'entre elles (l'Université privée de Zarqa et l'Université Al Balqa des Sciences Appliquées) se sont constituées en sociétés anonymes de plein droit cotées à la bourse d'Amman.

L’Université catholique de Madaba s’insèrera dans ce processus. Le système d'enseignement supérieur jordanien est calqué sur le système anglo-saxon

L'admission à l'université publique est soumise à un système de quotas qui réserve environ  45% des places offertes par les établissements publics à certaines catégories d'étudiants :en particulier  les étudiants originaires des « zones les moins privilégiées » du pays (tribus bédouines du nord et du sud, camps  palestiniens).

Retour à la page d'accueil