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Le statut des Églises en Terre Sainte (dossier)
 


LES ÉGLISES CHRÉTIENNES AU MOYEN-ORIENT
Quelques réflexions

Si le christianisme est né au Moyen Orient, c'est aujourd'hui une religion minoritaire en terre d'Islam (14 millions de chrétiens au Proche-Orient).

La diversité des Églises orientales trouve son origine dans des polémiques nées des recherches théologiques - concile d'Ephèse, 431, concile de Chalcédoine, 451 - mais aussi dans des conflits politiques qui ont opposé les grandes villes de la chrétienté au Vème, VIème et VIIème siècle (Rome, Alexandrie, Antioche et Constantinople).

Les divisions entre les chrétiens ont été un facteur non négligeable lors de la conquête musulmane dans la région au VIIième siècle. Les autorités musulmanes ont introduit le principe de la dhimma («protection» en arabe). Ce principe, définissait les droits et les devoirs des «Gens du Livre» dans la cité musulmane. En contrepartie, les autorités musulmanes garantissaient leur sécurité et la liberté religieuse. Cette situation va durer jusqu’au milieu du XIXième siècle.

La plupart des chrétiens de Terre Sainte sont les héritiers de l'Eglise primitive autochtone.Peu à peu, ces Églises ont mis en valeur telle ou telle donnée doctrinale. Elles ont conservé leur originalité et cela par la Liturgie qui exprimer la foi. L’entente cordiale entre les différentes Eglises, qui se disputaient hier les Lieux saints, est devenue aujourd'hui question de survie, face à l'émigration continue des fidèles.

LA CONTINUITÉ DE L'ÉGLISE PRIMITIVE

Les 130 000 chrétiens de Terre Sainte ne sont pas, comme on le pense trop souvent en Occident. Le résultat du passage des croisés. lis sont, dans leur grande majorité. les témoins de la continuité avec l'Eglise primitive autochtone, qui parlait en Palestine « l'araméen méridional » - ou « palestinien » -' la langue du Christ.

La communauté chrétienne, au gré de divers flux migratoires et d'influences culturelles successives, s'est trouvée assyrienne, byzantine, puis arabe. Aujourd'hui, plus de a moitié de ces Arabes chrétiens sont citoyens d'Israël : ils vivent à l'intérieur des frontières de l'Etat juif. Les autres, dans les territoires occupés, sont des Palestiniens sans Etat ni citoyenneté.

En Terre Sainte, les rapports entre les différentes Eglises chrétiennes sont marqués par un passé de conflits, notamment à propos des Lieux saints. Le statu quo, règle non écrite qui fixe les prérogatives de chacun, date de 1856. Son caractère provisoire a entraîné des discussions sans fin. Et si, aujourd'hui. ces querelles sont un peu apaisées, une certaine méfiance persiste. Les grecs orthodoxes, qui ont perdu de nombreux fidèles au cours de leur histoire, reprochent aux grecs catholiques d'avoir, dans le passé, « trahi » leur Eglise, et dénoncent le prosélytisme actuel de certaines Eglises protestantes.

Des dialogues informels entre les Églises protestantes et orthodoxes du Proche Orient se sont déroulés depuis le début du XXième, et se sont intensifiés pendant les années 1960 et 1970. En mai 1974, le Conseil des Eglises du Moyen Orient a été fondé à Nicosie (Chypre). Les églises catholiques ont rejoint le Conseil en 1990.

OECUMÉNISME ET UNITÉ

Pourtant, l'oecuménisme, surtout entre catholiques et orthodoxes, semble davantage buter sur des questions sociologiques ou culturelles - souvent héritées du passé - que proprement théologiques. Depuis plusieurs années, par exemple, les Eglises cherchent, en vain, à unifier le calendrier des grandes fêtes religieuses. Noël est fêté à trois reprises : le 25 décembre pour les catholiques, le 7 janvier pour les orthodoxes et le 19 janvier pour les arméniens.

Les fidèles, eux, se sentent peu concernés par ces conflits, ils vivent l'oecuménisme au jour le jour. Chrétiens avant tout (après avoir pris soin de rappeler qu'ils étaient d'abord Palestiniens), ils n'attachent que peu d'importance aux étiquettes ecclésiales. Les groupes de réflexion et de prière, qui se constituent ici ou là, sont tous oecuméniques, de fait. La cause palestinienne a sans aucun doute contribué à resserrer les liens entre les communautés, si différentes dans leurs liturgies et dans leurs traditions, mais unies du point de vue national.

LA DIVERSITÉ EST UNE CHANCE

Signe des temps, un Conseil des Eglises de Terre Sainte s'est constitué en 1988. à l'initiative des patriarches et des évêques catholiques, orthodoxes et protestants de Jérusalem. Son rôle, adresser, deux ou trois fois par an, un message à l'opinion publique pour prendre position dans le domaine social ou politique. Ce Conseil des Eglises, qui forme une structure très souple, évite cependant d'aborder les questions directement oecuméniques.

La diversité des Eglises en Terre Sainte apparaît malgré tout comme une chance. Ainsi, la présence des Eglises catholiques (le pluriel n'est pas habituel) orientales qui témoigne d'une catholicité assumant la diversité des rites et des cultures elles sont pour l'Eglise latine, romaine, le rappel incessant qu'elle ne saurait s'identifier purement et simplement à l'Eglise catholique.

Jérusalem n'est peut-être pas la capitale de l'oecuménisme, mais elle est déjà un lieu de coexistence. Car, face aux difficultés actuelles, au marasme économique, à l'émigration continue des chrétiens (aujourd'hui menacés de disparition), les Eglises sont contraintes de s'unir pour préserver leur avenir. Il s'agit, pour elles, d'une question de vie ou de mort.

Le statut des communautés chrétiennes en Israël

Liberté de religion

L’attitude de base de l’État concernant le pluralisme religieux trouve son expression dans la Déclaration d’Indépendance d’Israël en 1948 : « l’Etat d’Israël… se fondera sur la Liberté, la Justice et la Paix comme l’ont envisagé les Prophètes d’Israël, il assurera la totale égalité des droits sociaux et politiques à tous ses habitants , sans distinction de race, de religion ou de sexe, il garantira la liberté de conscience, de religion, de langue, d’éducation et de culture. »

Le document « exprime la vision de la nation et son crédo », l’adhésion à ces principes est garanti par la loi. Chaque communauté religieuse est libre d’exercer sa foi, d’observer ses jours de fête et son jour hebdomadaire de repos, et d’administrer ses affaires internes.

Lieux Saints

Israël possède un grand nombre de sites considérés comme" lieux saints" pour les trois religions monothéistes (Christianisme, Judaïsme et Islam)

« La liberté d’accès et de culte est assurée dans tous les sites. Les Lieux Saints seront protégés de la désacralisation, de la violation et de tout ce qui entraverait la liberté d’accès pour les membres des diverses religions, dans des lieux qui leur sont sacrés, ou leur ferveur à l’égard de ces mêmes lieux. » ( Loi sur la protection des Lieux Saints, 1967)

Autonomie des Communautés

De leur propre volonté, les communautés chrétiennes sont restées les plus autonomes parmi les autres communautés religieuses du pays. Cependant depuis quelques années, on assiste à une tendance grandissante des communautés chrétiennes à souhaiter intégrer leur système de sécurité sociale, médicale ou leurs institutions d’éducation au sein des structures de l’état, sans toutefois compromettre leur traditionnelle indépendance.

Bien que responsable des besoins cultuels de toutes les communautés, le Ministère des Affaires Religieuses d’Israël ne se permet pas d’interférer dans la vie religieuse de celles-ci. Le département chargé des communautés chrétiennes sert de bureau de liaison entre elles et le système gouvernemental, vers lequel les communautés ont la possibilité d’en référer en cas de problèmes ou demandes afférentes à leur situation de minorités, par exemple s’agissant du Statut Quo établi pour les lieux saints où plus d’une communauté chrétienne détient des droits et des privilèges.

Les Communautés « reconnues »

Certaines dénominations chrétiennes ont le statut de « communauté religieuse reconnue ». Pour des raisons historiques datant de l’époque ottomane, les cours juridiques ecclésiastiques de ces communautés possèdent la juridiction concernant les affaires personnelles particulières comme le mariage et le divorce.

Les principales Églises chrétiennes « reconnues » sont l’Eglise Orthodoxe Grecque, l’Eglise Melchite Catholique Grecque, les catholiques Romains, les Arméniens Apostoliques, les Catholiques Syriens, les Catholiques Chaldéens, les Maronites, les Orthodoxes Syriens et les Catholiques Arméniens.

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