Les sept premiers conciles oecuméniques |
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Dès les premières années, l'Église se réunit pour décider comment traduire la pensée du Seigneur, exprimée par ses paroles et par ses attitudes. Nous le voyons avec les apôtres au concile de Jérusalem. Par la suite, les communautés proches se retrouvent pour régler leurs problèmes communs qu'ils soient d'ordre organisationnel ou concernant l'explicitation de la révélation.
Ces communautés sont composée non seulement de simples fidèles, mais aussi de fidèles qui sont marqués par leurs connaissances philosophiques qu'ils traduisent dans leur interprétation de la Parole de Dieu. Cela se constate très tôt car les écoles de formation doctrinale à Alexandrie, Antioche, Esdesse, sont influencées par des courants de pensée helléniques, perses ou araméennes.
Dès la liberté accordée par l'empereur Constantin, l'Église peut alors réunir des conciles universels (catholiques en grec) qui poursuivent cette approfondissement doctrinal avec le souci d'une unité qui réponde à la volonté du Seigneur :"Qu'ils soient uns."
Les sept premiers conciles s'occupèrent surtout des questions concernant la Trinité : la nature divine, les relations entre le Père, le Fils et le Saint-Esprit, puis les questions même de l'Incarnation de Dieu. Au terme de chacun, les Pères conciliaires forgèrent des professions de foi.
Les deux premiers conciles ont insisté sur la pleine divinité du Christ et ont formulé la doctrine de la Trinité :
- 1er : CONCILE DE NICÉE, 325, en Bithynie, convoqué par Constantin.
Ii s'est prononcé contre l'hérésie d'Arius, (Christ = un être créé). Il proclame que le Christ est vraiment « incréé » et divin, de même essence que le Père. Le dogme le proclamant est l'acquis de ce Concile.
- 2ème : CONCILE DE CONSTANTINOPLE (I), 381 :
Il ratifie la condamnation d'Arius et homologue le symbole de Nicée. Il confirme la divinité du Fils mais proclame aussi la divinité de l'Esprit Saint. Il est Dieu, au même titre que le Père et le Fils. Il rédige alors le Symbole de Nicée-Constantinople, partagé aujourd'hui par l'ensemble des Eglises chrétiennes.
Deux traditions en sont restées
à ces deux conciles pour des raisons théologiques qui leur ont fait récuser les précisions que donnèrent les conciles qui suivirent. Elles s'appuyaient sur la doctrine explicitée par l'École d'Antioche. Elles refusent le titre «Theotokos » de Marie qui lui semble ouvrir une contestation de l'humanité de Jésus. Elle est la Mère du Christ.
On les appelle Eglises des 2 Conciles , la plus importante étant l'Eglise Perse ou «assyrienne », appelée aussi "Église d'Orient" et souvent appelée «nestorienne» (titre qu'elle récuse). C'est l'Église assyrienne de l'Orient * qui poursuit cette tradition. Elle fut missionnaire jusqu'en Chine, en Inde et au Tibet, mais au XIVème siècle elle fut décimée par Tamerlan, puis au XIXème siècle par les Ottomans. Une divergence liturgique donna naissance à une branche nommée "Église de l'Ancien Orient" * et une branche en Inde, nommée "Église-syro-malabare." *
Les quatre conciles suivants se sont attachés à définir l'humanité du Christ et à expliquer l'union, en une même personne, de la nature humaine et de la nature divine :
- 3ème : CONCILE D'EPHÈSE, 431, convoqué par l'empereur Théodose Il :
Il récuse et condamne l'hérésie de Nestorius primat de Constantinople de l'époque, pour qui les deux natures dans le Christ sont distinctes, sans influences de l'une sur l'autre. Le concile établit qu'il n'y a pas , en Jésus-Christ, « juxtaposition de deux personnes », mais une seule personne, vrai Dieu et vrai homme. S'il y avait eu 2 personnes, il n'y aurait pas eu Incarnation et Jésus ne serait pas Fils de Dieu. Le christianisme serait alors seulement une morale et non une mystique de Transfiguration.
Dieu s'est réellement incarné et a pris notre humanité qu'Il a sanctifiée : nous pouvons, dans l'Eucharistie, nous nourrir de Son Corps... Il y a donc une seule personne en Christ. : le Verbe de Dieu, en deux natures, divine et humaine. Et on peut attribuer à Marie le titre de Mère de Dieu « Theotokos », pas seulement celui de Mère du Christ. L'Eglise de Perse, on le verra, a rejeté les conclusions de ce Concile.
Une autre décision de ce Concile a été une décision relative à l'organisation de l'Eglise de l'époque en plaçant au 2ème rang des patriarches, après celui de Rome, le patriarche de Constantinople.*
- 4ème : CONCILE DE CHALCÉDOINE, 451, convoqué par l'empereur Marcien:
Le quatrième Concile oecuménique (de Chalcédoine face à Constantinople sur la rive asiatique du Bosphore) en 451 proclame, en symétrie à celui d'Ephèse, qu'il y a véritablement en Christ deux natures une nature divine et une nature humaine - et non une absorption de son humanité dans sa divinité comme le prétend Eutychès d'Alexandrie.
Cette affirmation d'Eutychès correspond en fait à une remise en cause de la pleine humanité du Christ. Le Concile affirme que le Christ est pleinement homme et pleinement Dieu. Son humanité n'est pas "absorbée" par le divinité. L'unité des deux natures est « sans mélange, sans confusion, sans division et sans séparation » définition négative soulignant un mystère qui nous dépasse.
Les Pères conciliaires étaient plus de trois cent cinquante Pères, tous hellénophones. Le pape Léon le Grand y fut représenté par deux évêques et deux prêtres.
Pour des raisons culturelles et géopolitiques, les Eglises de nombreuses régions aux marges de l'empire romain se sont séparées alors de l'Eglise gréco-latine, refusant les décisions de Chalcédoine quand elles en eurent communication. On les appelle Eglises non-chalcédoniennes ou pré-chalcédonniennes. Elles se réclament de Cyrille d'Alexandrie* proclamant au 5ème siècle «une unique nature du Dieu Verbe incarné ».
La rupture est due à des raisons doctrinales, dues aussi aux ambiguïtés de traduction entre l'arménien et l'égyptien, le grec et le latin, tout autant qu'à de réelles divergences théologiques.
Les dialogues théologiques en cours éclairent cette constatation avec les Eglises copte * (=égyptienne), éthiopienne,* syrienne * dite jacobite, arménienne.* On les appelle improprement "monophysites". On parle également des Églises des 3 conciles.
Loin d'apporter une conclusion aux problèmes alors débattus, le concile de Chalcédoine s'est donc trouvé ouvrir une longue crise; elle remplit la fin du 5ème siècle, le 6ème tout entier et se prolonge bien au-delà ; c'est pourquoi un nouveau concile, le cinquième, fut convoqué, à Constantinople,
- 5ème : CONCILE DE CONSTANTINOPLE (II), 553, sous Justinien,
Appelé aussi concile des "Trois Chapitres", il a précisé (contre Appolinaire et Eutychès) la notion de personne divine : le Fils est une seule personne mais a deux natures.
Il comptait dans ses rangs une forte majorité d'évêques et patriarches orientaux (cent cinquante environ contre vingt-cinq). Le pape Vigile, présent à Constantinople, refusa pourtant d'y assister. Il finit par accepter les décrets du concile huit mois après sa conclusion.
Ce concile voulait surmonter les séquelles du nestorianisme et du monophysisme et expliquer de façon plus positive comment les deux natures du Christ ne forment qu'une même personne. Mais il ne put réaliser l'unité doctrinale avec les "Églises des 3 conciles".
La paix de l'Eglise qu'il permit cependant ne dura que cent trente ans à peine. En 681 les évêques furent appelés à se réunir de nouveau, à Constantinople,
- 6ème : CONCILE DE CONSTANTINOPLE (Il!), 680-681 :
L'assemblée (cent soixante-quatorze Pères à la dernière séance, dont trois Occidentaux seulement) se déroula dans le palais impérial et fut présidée par l'empereur Constantin IV; le pape n'y fut représenté que par quatre clercs romains.
En affirmant l'existence en Jésus-Christ de deux volontés : divine et humaine, correspondant aux deux natures, ce concile a précisé davantage la christologie, contre les monothélites, doctrine qui était une nouvelle forme de monophysisme : deux natures, une seule personne, donc une seule volonté, ce qui menait l'humanité du Christ à être une nature sous-humaine sans volonté humaine, une nature incomplète, une simple abstraction.
Ce sixième concile œcuménique n'apporta qu'une paix tout à fait relative à l'Eglise. Les disputes autour de la personne du Christ durèrent encore longtemps sous une forme ou sous une autre. De nouveaux problèmes ne cessèrent de surgir, tel, par exemple, celui de la vénération des saintes icônes du Christ de la Mère de Dieu et des Saints.
En 692 à Constantinople, fut convoqué un Concile, le Concile in Trullo ou Quinisexte qui est considéré comme la prolongation et l'achèvement du précédent. Il fixa des règles de discipline : âge requis pour pouvoir être ordonné prêtre, ou diacre. Il édicta la première règle d'un concile à propos des icônes (canon 82). Convoqué par l'empereur Justinien II, le concile "in Trullo" se veut oecuménique mais il ne l'est pas car le pape Serge refusa de lui donner son approbation. Le patriarche de Constantinople y est affirmé comme primat de tout l'Orient.
- 7ème : CONCILE DE NICÉE (II) En 787 -
Reconnu par les Églises des sept conciles, il condamne l'iconoclasme.* Il autorise et précise le culte des images (pas de l'image en elle-même, mais de ce qu'elle entend représenter).
D'autres conciles vont suivre, comme le Concile de Constantinople IV - 869- qui n'est reconnu que par l'Église de Constantinople et non par l'Église de Rome.
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