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La Communion anglicane et l'Église romaine |
LE COMMUNIQUÉ DU Rév. ROWAN WILLIAMS L’annonce aujourd’hui de la constitution apostolique est une réponse donnée par le pape Benoît XVI à de nombreuses demandes adressées depuis plusieurs années au Saint-Siège de groupes d’anglicans souhaitant entrer dans une communion pleine et visible avec l’Église catholique romaine, et avec la volonté de déclarer qu’ils partagent une foi catholique commune et acceptent le ministère pétrinien tel que le Christ l’a voulu pour son Église. Le pape Benoît XVI a approuvé, dans cette constitution apostolique, une structure canonique qui prévoit des ordinariats personnels, permettant aux anciens anglicans d’entrer dans la pleine communion de l’Église catholique tout en préservant des éléments distinctifs du patrimoine spirituel anglican. L’annonce de cette constitution apostolique met fin à une période d’incertitude pour ces groupes qui nourrissaient l’espoir de nouveaux chemins pour embrasser l’unité de l’Église catholique. Ce sera maintenant à ceux qui en ont fait la demande au Saint-Siège de répondre à cette constitution apostolique. La constitution apostolique est une nouvelle reconnaissance que la foi, la doctrine et la spiritualité entre l’Église catholique et la tradition anglicane se recouvrent de façon substantielle. Sans les dialogues de ces quarante dernières années, cette reconnaissance n’aurait pas été possible, et on n’aurait pas pu nourrir les espoirs d’une unité pleine et visible. En ce sens, cette constitution apostolique est une conséquence du dialogue œcuménique entre l’Église catholique et la Communion anglicane. Le dialogue officiel en cours entre l’Église catholique et la Communion anglicane continue à être la base de notre coopération. Les accords de la Commission internationale anglicane-catholique romaine (Arcic) et de la Commission internationale anglicane-catholique romaine pour l’unité et la mission (Iarccum) éclairent le chemin que nous aurons à suivre ensemble. Avec la grâce de Dieu et la prière, nous sommes convaincus que notre actuel engagement commun encours et les échanges mutuels sur ces questions, ainsi que d’autres, continueront à se renforcer. Localement, dans l'esprit de Iarccum, nous attendons avec impatience de pouvoir construire sur les bases des réunions communes entre la Conférence des évêques catholiques d'Angleterre et du Pays de Galles et le Collège des évêques de l’Église d’Angleterre, en mettant l’accent sur notre mission commune. Des journées communes de réflexion et de prière ont commencé à Leeds en 2006 et se sont poursuivies à Lambeth en 2008, et d’autres réunions sont en préparation. Cette coopération étroite se poursuivra en grandissant ensemble dans l'unité et la mission, comme témoignage de l’Évangile dans notre pays, et dans l'Église au sens large. + Vincent Gerard Nichols + Rowan Williams ur " Je suis très heureux de transmettre à l’archevêque de Canterbury, le Dr. Rowan Williams, à chacun de vous et à tous ceux qui participent à cette très importante conférence de Lambeth, les salutations du pape Benoît XVI et de tout le Conseil Pontifical pour la Promotion de l’Unité des Chrétiens. Pendant ces journées nous sommes tous avec vous par la pensée et la prière et nous voulons vous dire toute notre solidarité avec vos joies, mais aussi avec vos préoccupations et vos tristesses. Je voudrais tout d’abord remercier l’archevêque de Canterbury et l’équipe de coordination des relations œcuméniques à Lambeth Palace et au Bureau de la Communion anglicane, qui m’ont invité à participer à ce grand rassemblement et me permettent de formuler quelques réflexions à propos de nos préoccupations communes. L’une de vos forces, à vous anglicans, c’est que, même dans les moments difficiles, vous avez cherché à savoir ce que pensaient et ce que prévoyaient vos partenaires œcuméniques, même si vous n’avez pas toujours tellement apprécié ce que nous avons dit. Mais, soyez-en sûr, c’est en ami que je vais parler. Quand j’ai vu que vous me proposiez comme sujet ‘Réflexions catholiques sur la Communion anglicane’, j’ai pensé que vous auriez pu trouver plus facile. Ce titre très large englobe bien des questions d’histoire et de doctrine, et je ne peux en aborder que quelques unes. Mais je crois qu’il y a une question cachée dans le titre. Elle porte sur ce que les catholiques pensent non pas tant de la Communion anglicane que de sa situation actuelle. Il y a des questions moins embarrassantes. ... mon propos sera divisé en trois parties ... nos relations ces dernières années Cette première partie vise à nous rafraîchir la mémoire, pour que nous n’oubliions pas nos succès des 40 dernières années et ce qu’ils représentent. Quand Vatican II a évoqué, dans son décret sur l’œcuménisme, les “nombreuses Communions qui se sont séparées du Siège de Rome” au XVIe siècle, il a reconnu que “parmi celles où des traditions et institutions catholiques subsistent partiellement, la Communion anglicane occupe une place particulière ” (Unitatis Redintegratio n°13). "Dès lors que l’Église catholique romaine et les Églises de la Communion anglicane ont cherché à progresser dans la compréhension mutuelle et la charité chrétienne, elles en sont arrivées à reconnaître et apprécier, dans un sentiment d’action de grâces, une foi commune en Dieu notre Père, en Jésus-Christ notre Seigneur et en l’Esprit Saint; notre baptême commun dans le Christ; le fait que nous avons en commun les Saintes Écritures, le Symbole des Apôtres et celui de Nicée, la définition de Chalcédoine et l’enseignement des Pères; l’héritage chrétien qui nous a été commun pendant de nombreux siècles, avec ses traditions vivantes quant à la liturgie, la théologie, la spiritualité et la mission." Dans ce texte, l’archevêque Coggan et Paul VI soulignent le terrain commun, source commune et centre de notre unité, déjà existante mais encore incomplète: Jésus-Christ et la mission de L’apporter à un monde qui en a un besoin si désespéré. Ce dont nous parlons, ce n’est pas une idéologie, une opinion personnelle que l’on peut partager ou non; c’est notre fidélité à Jésus-Christ dont les apôtres ont été les témoins, et à son Évangile qui nous a été confié. On l’a souvent dit, mais cela vaut la peine de le répéter : le dialogue est dynamisé par le désir d’être fidèles à la volonté exprimée par le Christ que ses disciples soient un comme il est un avec le Père; et cette unité est directement liée à la mission du Christ et de l’Église vis-à-vis du monde: qu’ils soient un pour que le monde croie. ... les dialogues de l'ARCIC Les textes de la deuxième phase du travail de l’ARCIC (1983-2005) n’ont pas été présentés pour recevoir une réponse formelle de l’Église Catholique ou de la Communion anglicane et ils n’ont pas conduit à une résolution définitive ou à un consensus complet sur les sujets traités, mais chacun d’eux a suggéré un rapprochement croissant. Salvation in the Church (1986) est en harmonie, de bien des façons, avec la Déclaration Conjointe sur la Doctrine relative à la Justification que l’Église Catholique et la Fédération Luthérienne Mondiale ont signée en 1999. ... des questions Ayant assisté à beaucoup de réunions œcuméniques dans ma vie, je suis heureux de dire que c’est l’une des meilleures auxquelles j’aie jamais assisté. L’esprit de prière et d’amitié, la réflexion sérieuse non seulement sur le travail de l’ARCIC mais aussi sur les relations œcuméniques dans chaque région représentée, et le profond désir de réconciliation qui imprégnait cette réunion de Mississauga, ont renouvelé l’espoir de progrès significatifs dans les relations entre la Communion anglicane et l’Église catholique. ... nous sommes engagés ensemble Vraiment, ce que nous avons réalisé n’est pas peu de choses et nous l’avons obtenu grâce aux années de dialogue à l’ARCIC et à l’IARCCUM. Nous sommes reconnaissants à ces commissions pour leur travail et nous, catholiques, ne voulons pas laisser perdre ces succès. Nous voulons vraiment continuer dans cette voie et conduire à son terme la tâche entreprise il y a 40 ans. ... ces questions difficiles sont les nôtres II Considération ecclésiologiques Ce que je veux dire dans cette deuxième partie ne constitue bien sûr pas un cours magistral d’ecclésiologie. Encore une fois, je souhaite simplement vous donner un aperçu de quelques faits bien connus des dernières décennies qui pourraient ou devraient nous aider à trouver un chemin – dont j’espère qu’il nous soit commun – pour avancer. Longtemps les questions d’ecclésiologie ont été un important point de controverse entre nos deux communautés. Lorsque j’étais étudiant, j’ai étudié tous les arguments ecclésiologiques soulevés par John Henry Newman et qui l’ont amené à devenir catholique. Ses préoccupations principales portaient sur l’apostolicité en communion avec le Saint-Siège en tant que gardien de la tradition apostolique et de l’unité de l’Église. Je pense que ses questions restent actuelles et que nous n’avons pas encore épuisé cette discussion. Newman avait affaire à l’Église d’Angleterre de son temps. Aujourd’hui nous sommes confrontés à des problèmes supplémentaires au niveau de la Communion anglicane qui comporte 44 églises régionales et nationales, chacune étant autonome. L’indépendance sans une interdépendance suffisante est désormais un problème critique. Il y a deux ans, le document Growing Together in Unity and Mission de l’IARCCUM présentait la situation au sein de la Communion Anglicane et ses implications sur l’œcuménisme de la manière suivante : “Toutefois, depuis cette réunion à Mississauga, les Églises de la Communion anglicane sont entrées dans une phase de disputes due à l’ordination épiscopale d’une personne engagée dans une relation homosexuelle publiquement assumée et par l’autorisation de cérémonies publiques de bénédiction pour les unions homosexuelles. ... la dimension des problèmes actuels En mars 2006, l’archevêque de Canterbury m’a invité à prendre la parole à une réunion de la Chambre des Évêques de l’Église d’Angleterre, sur la mission des évêques dans l’Église. L’arrière-plan de cette intervention était la possible ordination de femmes à l’épiscopat, mais la discussion centrale sur la nature du ministère épiscopal comme ministère d’unité est liée à tous les points de tension au sein de la Communion anglicane que nous avons identifiés précédemment. En résumé, j’ai déclaré que l’unité, l’unanimité et la koinonia (communion) sont des concepts fondamentaux dans le Nouveau Testament et l’Église primitive. J’ai déclaré: “Dès l’origine, le ministère épiscopal était “koinonialement” ou collégialement intégré dans la communion de tous les évêques; il n’était jamais perçu comme un ministère à comprendre ou à pratiquer individuellement”. Puis j’ai abordé la théologie du ministère épiscopal d’un Père de l’Église très important pour les Anglicans et pour les Catholiques, Cyprien de Carthage, évêque martyr au IIIe siècle. Sa formule “episcopatus unus et indivisus” est bien connue. Elle apparaît dans le contexte d’une adjuration pressante de Cyprien à ses confrères évêques: “Quam unitatem tenere firmiter et vindicare debemus maxime episcopi, qui in ecclesia praesidimus, ut episcopatum quoque ipsum unum atque indivisum probemus.” [“Cette unité, nous devons la retenir et la revendiquer fermement, surtout nous, les évêques, qui présidons dans l’Église, afin de prouver que l’épiscopat est également un et indivisible”. […] Cette exhortation pressante est suivie d’une interprétation précise de la formule “episcopatus unus et indivisus”. “Episcopatus unus est cuius a singulis in solidum pars tenetur” [“L’épiscopat est un tout que chaque évêque reçoit dans sa plénitude”.] (De ecclesiae catholicae unitate I, 5). Mais Cyprien va plus loin: non seulement il insiste sur l’unité du peuple de Dieu avec son évêque, mais il ajoute aussi que personne ne peut imaginer qu’il soit en communion avec quelques évêques seulement, parce que “l’Église Catholique n’est pas en plusieurs morceaux séparés” mais “elle ne forme qu’un tout dont l’union des évêques est le lien” (Ep. 66,8)... Cette collégialité n’est bien sûr pas limitée à la relation horizontale et synchronique de l’évêque avec ceux qui sont évêques en même temps que lui; puisque l’Église est une et la même dans tous les siècles, l’Église d’aujourd’hui doit aussi conserver un consensus diachronique avec l’épiscopat des siècles précédents et surtout avec le témoignage des apôtres. C’est là le sens le plus profond de la succession apostolique dans le ministère épiscopal. ... la communion ecclésiale Cette interprétation du ministère épiscopal a été mise en avant dans les déclarations communes de l’ARCIC, tout spécialement dans Church as Communion et dans les déclarations de l’ARCIC sur l’autorité dans l’Église. Church as Communion (n° 45) affirme que : "Pour la formation et le développement de cette communion, Notre Seigneur Jésus-Christ a établi un ministère de supervision, dont la plénitude est confiée à l’épiscopat, qui a la responsabilité de maintenir et d’exprimer l’unité des Églises (cf. n° 33 & 39; Rapport Final, Ministry and Ordination). En les guidant, en les instruisant, en célébrant les sacrements, notamment l’eucharistie, ce ministère garde les croyants unis dans la communion de l’Église locale et dans la communion plus large de toutes les Églises (cf. n° 39). Ce ministère de supervision a une dimension collégiale et une dimension primatiale. Le même déclaration commune donne l’interprétation des Communions anglicanes et catholiques selon laquelle les évêques accomplissent leur ministère dans la succession apostolique, qui est “destinée à assurer à chaque communauté que sa foi est vraiment la foi apostolique, reçue et transmise depuis les temps apostoliques” (Church as Communion, 33). ... le don de l'autorité "Il y a deux dimensions - diachronique et synchronique - de la communion dans la Tradition apostolique. Le mécanisme de la tradition implique clairement la transmission de l’Évangile d’une génération à une autre (diachronique). Si l’Église doit rester unie dans la vérité, il doit aussi impliquer la communion des Églises, partout, à cet unique Évangile (synchronique). Les deux dimensions sont nécessaires pour la catholicité de l’Église (n° 26)". Le texte ajoute que chaque évêque, en communion avec tous les autres évêques, a la responsabilité de préserver et d’exprimer la plus large koinonia de l’église, et qu’il “participe au soin de toutes les églises” (n° 39). L’évêque est donc “à la fois une voix pour l’église locale et une personne à travers laquelle l’église locale apprend des autres églises” (n° 38). Gift of Authority (n° 37) souligne aussi le rôle joué par le collège des évêques dans le maintien de l’unité de l’Église : "L’interdépendance mutuelle de toutes les Églises est une partie intégrante de la réalité de l’Église selon la volonté de Dieu. Aucune église locale qui participe à la Tradition vivante ne peut se considérer comme autosuffisante. Le ministère de l’évêque est essentiel, parce qu’il sert la communion à l’intérieur des églises locales et entre elles. Leur communion mutuelle s’exprime par l’incorporation de chaque évêque dans un collège d’évêques. Les évêques sont, à la fois personnellement et collégialement, au service de la communion." ... le ministère épiscopal Il est significatif que le Rapport de Windsor de 2004, en cherchant à fournir à la Communion anglicane des bases ecclésiologiques lui permettant de traiter la crise actuelle, ait aussi adopté une ecclésiologie de koinonia. Cela m’a paru utile et encourageant. C’est pourquoi, en réponse à une lettre de l’archevêque de Canterbury qui demandait une réaction œcuménique au Rapport de Windsor, j’ai indiqué que “même si les importantes questions ecclésiologiques qui nous divisent encore vont continuer à solliciter notre attention, cette façon de voir est fondamentalement en ligne avec l’ecclésiologie de communion de Vatican II. La seule faiblesse que j’aie notée en matière d’ecclésiologie est que “alors que le Rapport insiste sur le fait que les provinces anglicanes ont une responsabilité les unes envers les autres et envers le maintien de la communion, une communion enracinée dans les Écritures, très peu d’attention est donnée à l’importance d’être en communion avec la foi de l’Église à travers les âges”. ... l'unité et ces tensions croissantes Je sais que vous êtes nombreux à être troublés, profondément pour certains, par la menace d’éclatement au sein de la Communion anglicane. Nous nous sentons en pleine solidarité avec vous, parce que, nous aussi, nous sommes troublés et attristés quand nous demandons : dans une telle situation, quelle forme prendra la Communion anglicane de demain, et avec quel partenaire dialoguerons-nous ? Devons-nous aussi, et comment le faire, engager le dialogue, convenablement et honnêtement, avec ceux qui partagent les points de vue catholiques sur les questions qui font actuellement l’objet de controverses, et qui sont en désaccord avec certaines évolutions au sein de la Communion anglicane ou de provinces anglicanes particulières ? Dans cette situation, qu’attendez-vous de l’Église de Rome, qui, pour reprendre l’expression d’Ignace d’Antioche doit présider l’Église dans l’amour ? Comment le travail de l’ARCIC sur l’épiscopat, l’unité de l’Église et la nécessité d’un exercice de la primauté au niveau universel pourrait-il servir la Communion anglicane en ce moment ? Au lieu de répondre à ces questions, je voudrais vous rappeler ce que nous avons affirmé lors des Conversations Informelles de 2003 et que nous avons redit plusieurs fois depuis lors: “Notre grand désir est que la Communion anglicane reste unie et enracinée dans cette foi historique qui nous est largement commune, comme notre dialogue et nos relations depuis plus de quarante ans nous ont conduits à le croire”. Nous suivons donc les débats de cette Conférence de Lambeth avec beaucoup d’intérêt et une sincère préoccupation, et nous les accompagnons de nos prières ferventes. ... de quelques problèmes Dans cette dernière partie, je voudrais aborder rapidement deux des sujets qui sont au cœur des tensions qui perturbent la Communion anglicane et ses relations avec l’Église catholique, questions qui touchent à l’ordination de femmes et à la sexualité humaine. Je n’ai pas l’intention de traiter ces points de controverse en détail. Ce n’est pas nécessaire parce que la position catholique, que nous estimons cohérente avec le Nouveau Testament et la tradition apostolique, est bien connue. Je veux seulement vous proposer quelques réflexions dans une perspective catholique et en tenant compte de nos relations - passées, présentes et futures. L’enseignement de l’Église catholique en ce qui concerne la sexualité humaine, en particulier l’homosexualité, est clair, tel qu’il est formulé dans le Catéchisme de l'Eglise Catholique, n° 2357-59. Nous sommes convaincus que cet enseignement est bien fondé sur l’Ancien et le Nouveau Testament et que c’est donc la fidélité aux Écritures et à la tradition apostolique est en jeu. Je ne peux que souligner ce que le document de l’IARCCUM Growing Together in Unity and Mission affirmait : “Dans les discussions sur la sexualité humaine qui ont lieu au sein de la Communion anglicane ou entre elle et l’Église catholique, il y a des questions herméneutiques anthropologiques et bibliques qui doivent être traitées” (n° 86e). Ce n’est pas sans raison que, aujourd’hui, le principal thème de la Conférence Lambeth est lié à l’herméneutique biblique. ... des cohérences ... l'ordination sacerdotale des femmes Comme je l’ai dit lors de mon intervention à la Chambre des Évêques de l’Église d’Angleterre en 2006, cette décision d’ordonner des femmes implique pour nous une rupture avec la position commune de toutes les églises du premier millénaire, c’est-à-dire, non seulement l’Église catholique mais aussi les églises Orthodoxes Orientales et Orthodoxes. Nous verrions la Communion anglicane se rapprocher considérablement des églises protestantes du XVIe siècle et d’une position que celles-ci n’ont adoptée que dans la seconde moitié du XXe siècle. Actuellement, 28 provinces anglicanes ordonnent des femmes prêtres; 4 provinces seulement ont ordonné des femmes évêques, mais 13 autres ont adopté une législation autorisant l’ordination épiscopale de femmes. L’Église catholique doit donc désormais tenir compte de la réalité suivante: l’ordination de femmes prêtres et évêques n’est plus seulement le fait de provinces isolées, mais c’est de plus en plus la prise de position de la Communion. J’ai déjà traité le problème ecclésiologique qui se pose quand des évêques ne reconnaissent pas l’ordination épiscopale d’un autre évêque au sein d’une seule et même église. Je dois maintenant vous apporter des éclaircissements quant à la nouvelle situation qui a été créée dans nos relations œcuméniques. Alors que notre dialogue a abouti à un accord significatif quant à l’interprétation du ministère, l’ordination de femmes à l’épiscopat empêche réellement et définitivement une possible reconnaissance des ordres sacrés anglicans par l’Église catholique. ... un but plus lointain ... conclusion Tous ceux qui ont vu les grandes et superbes cathédrales et églises anglicanes du monde entier, visité les célèbres bâtiments anciens des universités d’Oxford et Cambridge, assisté aux merveilleux offices du soir et perçu la beauté et l’éloquence des prières anglicanes, lu les ouvrages d’érudition des historiens et théologiens anglicans, prêté attention aux contributions significatives et anciennes des Anglicans au mouvement œcuménique, savent que la tradition anglicane est riche de nombreux trésors. Ils font partie, pour reprendre une expression de Lumen Gentium, de ces dons qui, “appartenant à l’Église du Christ, sont des forces qui poussent vers l’unité catholique” (n° 8). Étant très conscients de la grandeur de votre tradition et de sa très profonde culture chrétienne, nous sommes d’autant plus préoccupés par les problèmes et les crises que vous connaissez actuellement. Mais, en même temps, cela nous fait penser que vous réussirez, avec l’aide de Dieu, à surmonter ces difficultés et que nous trouverons des forces nouvelles et différentes pour reprendre ensemble notre pèlerinage vers l’unité que Jésus-Christ veut pour nous et pour laquelle il a prié. Je voudrais redire ce que j’avais écrit, en décembre 2004, dans ma lettre à l’archevêque de Canterbury: « Dans un esprit de partenariat œcuménique et d’amitié, nous sommes prêts à vous soutenir de toutes les manières appropriées et nécessaires ». ... un nouveau Mouvement d'Oxford Nous espérons et nous prions pour que, tandis que vous cherchez à marcher en fidèles disciples de Jésus-Christ, le Père de toutes les miséricordes répande sur vous les abondantes richesses de Sa grâce et qu’il vous guide par la présence constante du Saint-Esprit. (source : VIS) |