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La Communion anglicane et l'Église romaine
 
Notes doctrinales  

Il ne peut s'agir de présenter brièvement la doctrine anglican. Au point de vue doctrinal, l’anglicanisme s’appuie sur différents éléments : le Prayer Book (livre de prière commun à tous, rédigé en 1552 et réactualisé en 1982) ; la Bible, qui contient tout ce qui est nécessaire au salut ; les symboles de Foi (Nicée-Constantinople), qui contiennent les vérités essentielles de la foi ; les sacrements (en particulier le Baptême et l’Eucharistie) et l’épiscopat historique (indispensable pour tout projet d’union avec d’autres Eglises).

Les « 39 articles de religion » de 1570 sont de courtes affirmations dogmatiques qui situent l’Eglise d’Angleterre face au catholicisme romain, à l’orthodoxie et au calvinisme.

Cette forme du christianisme est aujourd'hui présente principalement dans les pays qui ont pu être imprégnés par la culture anglaise, comme les anciennes colonies américaines et africaines du Royaume-Uni.

Les Églises anglicanes ont conservé une bonne partie de la liturgie et de l'organisation hiérarchique catholique (sauf le cardinalat et la papauté).


THE BOOK OF COMMON PRAYER

The Book of Common Prayer est le titre commun d'un certain nombre de livres de prières de l'Église d'Angleterre et d'autres Églises anglicanes, utilisé dans toute la Communion anglicane.

Le premier livre, a été publié en 1549 sous le règne d'Edward VI. Il contenait les prières et les paroles liturgiques des diverses cérémonies, prières quotidiennes du matin, et du soir, prière pour la Sainte Communion. Le livre incluait les liturgies du baptême, de la confirmation, du mariage, ainsi que les prières à dire avec les malades et lors des services funéraires.

S'y trouvaient les textes des épîtres et des Évangile pour le service dominical. S'y trouvaient des cantiques, surtout bibliques, destinés à être chantés entre les lectures.

Une autre révision majeure a été publiée en 1662. Cette édition est resté longtemps le livre de prière officiel de l'Église d'Angleterre, bien que d'autres éditions ont largement remplacé le Book of Common Prayer dans de nombreuses églises.

The Book of Common Prayer a connu de nombreuses variantes dans plus de 50 pays différents et dans plus de 150 langues différentes. Mais là aussi, dans de nombreuses parties du monde, des éditions contemporaines l'ont remplacé.

La tradition luthérienne, méthodiste et presbytérienne l'ont emprunté en particulier pour le mariage et les rites funéraires. Beaucoup de mots et de phrases de ce livre de prière sont entrés dans la culture populaire.


ACT OF UNIFORMITY (1662)

L'Act of Uniformity de 1662 (Acte d'Uniformité) est une loi votée par le Parlement d'Angleterre sous le règne de Charles II. L'acte requérait de tous la pratique des rites et des cérémonies prévues par l'Église d'Angleterre et instaurait par ailleurs le rituel de l'ordination épiscopale pour tous les ministres du culte. Ces conditions draconiennes entraînèrent l'éviction de près de deux mille ecclésiastiques hors du culte établi.

Ses dispositions furent modifiées par un amendement en 1872.

LES ORGANES DE LA COMMUNION

Il y a une très grande diversité de sensibilités au sein de l’Eglise anglicane, qui sont sont vécues comme des valeurs positives qui rendent possibles certaines orientations actuelles.

Ces organes de communion sont la Conférence de Lambeth, qui rassemble tous les 10 ans tous les évêques et l’Anglican Consultative council, un organe permanent de contact entre les Eglises et le Conseil des Primats qui se réunit tous les 2 ou 3 ans, ou plus souvent si nécessaire.

Aujourd'hui, les diverses Églises anglicanes (ou épiscopaliennes) sont autonomes mais conservent entre elles un lien spirituel et ecclésial qui fait de leur ensemble la communion anglicane. L'Église d'Angleterre y garde une place privilégiée, sans cependant exercer une quelconque autorité. Tous les dix ans depuis 1867, la Conférence de Lambeth rassemble les évêques anglicans du monde sous la présidence de l'archevêque de Cantorbéry, primat d'Angleterre. Tout en jouissant d'une grande autorité morale, il ne dispose d'aucun pouvoir, chaque Église étant libre d'entériner ou non ses résolutions. Un conseil consultatif anglican joue depuis 1968 un rôle de coordination. Depuis 1978, un comité des primats réunit les évêques présidents des Églises anglicanes.


Cette structure ecclésiale est symboliquement dirigée par la Reine du Royaume-Uni, sous la primauté de l'archevêque de Canterbury, aujourd'huile Dr Rowan Williams.

L'archevêque de Canterbury a historiquement la prééminence sur les autres évêques anglicans ; chef spirituel, il n'exerce cependant aucun pouvoir sur les Églises-sœurs de la Communion.

Il ne faut pas en effet comprendre la Communion anglicane dans un sens romain. Si les évêques anglicans du monde se réunissent régulièrement lors des conférences de Lambeth et se reconnaissent encore volontiers comme issus du même
rameau, les divergences liturgiques et théologiques entre les courants de l'Église anglicane sont telles que se pose même aujourd'hui la question de la signification de la Communion anglicane et de sa pérennité.

LES SACREMENTS

L'Église anglicane célèbre deux sacrements : le baptême et l’Eucharistie, ainsi que cinq autres « petits sacrements » ou rites sacramentaux : la confirmation, le mariage, l’onction des malades, la confession et l’ordination sacerdotale.

Pour ce qui est de l'Eucharistie, il y a une controverse à propos de la "consubstantiation" ou "transsubstantiation".

Le dimanche (et même en semaine), on célèbre l’Eucharistie, selon la même structure que dans les autres Églises traditionnelles, catholique et orthodoxes.

Selon la tradition de l’Église primitive, les fidèles communient au Corps et au Sang du Christ sous les deux espèces du pain et du vin.


LES ORDINATIONS SACERDOTALES

Pour le sacerdoce et les ordinations sacerdotales il existe une distinction importante de l'anglicanisme par rapport au catholicisme romain principalement le droit qu'ont les clercs (prêtres et évêques) de se marier et d'avoir des enfants.

Dans la plupart des Églises anglicanes, il est aussi possible également pour des femmes d'être ordonnées prêtres et même évêques, ceci dans quinze Églises de la confession anglicane - aux États-Unis, en Écosse, au Canada ou en Nouvelle-Zélande notamment. Le Synode Général de York en juillet 2008 a décidé d'étendre cette capacité à l'Angleterre. Cette décision ne devrait toutefois pas être opérante avant 2014.


LA LITURGIE ANGLICANE

Dans l'Église anglicane on se sert du rite anglican, qui a trois sous-rites, tous les trois en vigueur :

celui de 1662, ou, « classique », qui se trouve dans le Book of Common Prayer ;
celui édité dans les années 1950, qui a beaucoup été influencé par l'évolution des rites romains contemporains, et qui se trouve dans l'Alternative Service Book ;
celui du missel anglican et du bréviaire anglican, ou « traditionnel », très proche du rite tridentin et du rite de Sarum.

La première liturgie anglicane en langue anglaise fut éditée en 1544 pendant le règne d'Henri VIII. Sous son fils, Édouard VI, l'archevêque de Canterbury Thomas Cranmer prépara en 1549 une liturgie de caractère plus protestant que la version précédente. Sous le règne de Marie Tudor (1516-1558), le retour au catholicisme romain supprima la liturgie anglicane.

La liturgie anglicane, restaurée en 1559 par Élisabeth Ière, retrouva l'équilibre entre les tendances protestante et catholique de l'Église en Angleterre à l'époque, tout en gardant la quasi-totalité du texte de Cranmer. Le triomphe du puritanisme parlementaire pendant la guerre civile anglaise supprima de nouveau cette liturgie, et ce ne fut qu'en 1662 qu'une nouvelle rédaction du Book of Common Prayer fut adoptée, ayant comme base les versions de 1544 et 1549.

Une version francophone, le Livre des prières publiques, fut faite par Jean Durel, originaire de Jersey, qui devint Doyen de Windsor. Cette version, approuvée par Charles II le 6 octobre 1662 était destinée à l'usage des églises paroissiales des îles de la Manche et de l'Église française de la Savoie.

Selon les premiers mots de la préface : "Depuis que l'Église anglicane a fait un corps de sa liturgie, elle a toujours eu la prudence de tenir un juste milieu entre une trop grande rigueur à refuser d'y admettre le moindre changement, et une trop grande facilité à souffrir qu'on y en introduise sans raison."


LA QUESTION DES ORDINATIONS SACERDOTALES

En 1896, la Bulle pontificale du pape Léon XIII Apostolicae Curaeproclamait l'invalidité des ordinations anglicanes, déclarées « absolument nulles et non avenues » ; les anglicans entendirent prouver qu'elles étaient valides, arguant, à l'inverse de Léon XIII, de la suffisance de la forme et de l'intention utilisées dans le rituel anglican des consécrations épiscopales à partir de 1547.

Les archevêques anglicans de Canterbury et d'York se défendirent donc contre les accusations du pape Léon XIII et la réponse officielle fut la lettre Saepius Officio.

Ils écartaient toutes les accusations portées contre l'Église anglicane, déclarant que les revendications papales reposaient sur une mauvaise information ou une ignorance obstinée, concernant aussi bien les faits historiques que la liturgie anglicane et l'ancienne liturgie romaine.

Après avoir montré que les cérémonies d'ordination en question étaient bibliquement valides, ils fournissaient plusieurs pages de citation pour montrer en détail que les liturgies romaines et orthodoxes étaient coupables des mêmes choses qu'on reprochait aux anglicans.

Selon ces archevêques, si les ordinations des évêques et des prêtres dans l'Église anglicane étaient considérées comme sans valeur, le même jugement devait être alors porté contre les ordinations dans l'Église romaine et les Églises orthodoxes.

Concernant l'accusation sur l'intention, ils montraient que l'omission des expressions requises concernait plus la controverse contre les presbytériens que la controverse contre l'Église romaine. Ils montraient aussi que le Book of Common Prayer, lu dans son ensemble, contenait une théologie du sacrifice forte, en particulier dans la préface des versions de 1550, 1552, 1559 et 1662 du rituel d'ordination. Or de cela Apostolicae Curae ne parlait pas.

Quant aux Églises orthooxes, le vingtième siècle a connu des variations dans les positions qu'elles ont prises sur la validité des ordinations anglicanes.

En 1922, le patriarche de Constantinople, Mélèce IV, reconnaissait leur validité : "Les théologiens orthodoxes qui ont scrupuleusement examiné la question en sont presque unanimement venus aux mêmes conclusions et ont déclaré qu'eux-mêmes acceptaient la validité des ordinations anglicanes."

Les jugements qui ont succédé, les années suivantes pourtant, ont été plus sévères.

Les Églises orthodoxes exigent une totalité de vue dans l'enseignement pour reconnaître les ordinations. Généralement, ils découvrent des ambiguïtés dans l'enseignement anglican et trouvent les pratiques problématiques. C'est pourquoi, dans les faits, quand des membres du clergé anglican passent à l'orthodoxie, ils sont traités comme s'ils n'avaient pas été ordonnés et doivent être ordonnés dans l'Église orthodoxe comme de simples laïcs.

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