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La visite pastorale de Benoît XVI
au Royaume-Uni

du 16 au 19 septembre 2010

 

 

LES GRANDS THÈMES DE LA PENSÉE DE NEWMAN  


1. Un retour aux sources. Newman renouvelle la théologie et la spiritualité de son temps en revenant aux sources. En retournant, bien évidemment, à la Bible, dont sa pensée est pénétrée dès son plus jeune âge. Mais aussi en redécouvrant, et en faisant redécouvrir, la pensée des Pères de l'Eglise. Pas seulement le contenu de leur pensée, mais leur manière de pensée - leur manière de faire la théologie -c'est-à-dire, une manière de réfléchir qui, en partant de l'Ecriture, articule théologie et vie spirituelle.

2. Le thème de la conscience. Il règne aujourd'hui une grande confusion au sujet de la signification de la conscience. La conscience, pour une majorité de chrétiens et de non chrétiens, ne recouvre plus aujourd'hui la conception chrétienne traditionnelle. Selon Benoît XVI, aucun penseur chrétien depuis saint Augustin n'a autant creusé cette question que Newman. Il nous appelle à redécouvrir la conception chrétienne traditionnelle. En même temps il approfondit considérablement cette conception. Toujours selon Benoît XVI, les deux enseignements de Newman sur la conscience et sur le développement de la doctrine constituent une «contribution décisive au renouveau de la théologie ».

3. Le thème du « développement». Ici il faut éviter une autre confusion. On confond facilement les deux notions de «développement» et d'« évolution ». Beaucoup affirment que l'Eglise doit «changer» ou «évoluer» pour « s'adapter» à son époque (c'est ce qui est en train de faire mourir l'Eglise anglicane.) Et il est évident, quand on regarde l'histoire, que l'Eglise a changé. Mais en quoi peut-elle «changer », et «comment» peut-elle le faire? Newman propose une conception du «développement », non seulement de la doctrine mais de toute la vie de l'Eglise, qui articule de manière subtile changement et continuité, innovation dans les formes et fidélité à ce qu'il appelle «l'idée» originaire. Il nous fait redécouvrir une conception dynamique et vivante de la Tradition conception peu comprise aujourd'hui à la fois par ceux qui se veulent «traditionalistes» et par ceux qui se veulent « progressistes ».

4. Le thème de la «justification ». Le terme est peu utilisé aujourd'hui. Mais il était au cour du débat entre Martin Luther et l'Eglise catholique. Derrière la formule de Luther « la justification par la foi seule» se trouvait une conception du salut; et la notion du salut reste au cour de notre pensée chrétienne. Newman a aidé les différentes Eglises à retrouver un terrain commun sur cette question; il peut encore nous aider à réfléchir sur la nature véritable du «salut ». On emploie massivement le mot. Est-ce qu'on réfléchit suffisamment sur le sens qu'il faut lui donner? Et sur le rapport entre notre conception du «salut» et notre vie spirituelle? C'est l'un des grands thèmes de la pensée de Newman.

5. La nature de la «foi». Nous entendons souvent par la «foi» ce que nous croyons - un ensemble d'idées ou de croyances auxquelles nous sommes invités à «adhérer ». C'est dans ce sens-là que nous parlons d' «annoncer» la foi », de «transmettre» la foi - comme s'il s'agissait uniquement d'un message. Tout au long de sa vie Newman a réfléchi à ces questions. Comment en venons-nous à croire? Quel est le rapport entre notre « foi» et notre vie éthique ou morale - ou ce qu'il appelle nos « dispositions morales » ? Quel est le rapport entre « foi » et vie spirituelle?

6. L'Église. Si la pensée de Newman sur l'Église a été reçue par le Concile Vatican II, les nuances qui accompagnent sa vision ecclésiale n'ont pas encore été intégrées par l'immense majorité des chrétiens. C'est le cas en particulier de sa conception d'une Eglise fondée sur trois «pôles », ou «fonctions », ou « offices » du Christ: « prophète, prêtre et roi ».
- la fonction « prophétique » - qui appartient aux théologiens, qui doivent réfléchir au sens des dogmes;
- la fonction « sacerdotale», qui appartient aux prêtres et aux pasteurs, ceux qui sont les «ministres » des sacrements, de la vie liturgique, de la prière commune - responsables de tout ce qui dans l'Eglise est un « canal », pour ainsi dire, de la grâce;- la fonction « royale», c'est-à-dire celle du gouvernement dans l'Eglise : les évêques, avec à leur tête le pape.

Aux yeux de Newman, il existe une tension entre ces trois «pôles» ou «fonctions ». Cette tension est inévitable, mais elle est aussi nécessaire au bon fonctionnement de l'Eglise - elle est finalement salutaire.

7. L'éducation, ou la formation. Pour Newman, la finalité de l'éducation universitaire est d'aider l'étudiant à parvenir à ce qu'il appelle une «vue connectée» de la réalité, c'est-à-dire à voir les rapports qui lient entre eux les différents domaines du savoir, et ceux-ci avec la théologie. Les temps ont changé depuis l'époque de Newman, mais si le «contenu» du savoir est devenu plus complexe dans sa technicité, cela ne signifie pas que sa réflexion sur l'éducation soit dépassée. Dans un monde hyper spécialisé, la mise en relation des différentes branches du savoir permet de recouvrer une vue du monde unifiée, qui est elle-même un premier pas vers la source unique de la réalité : Dieu.

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