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La visite pastorale de Benoît XVI
au Royaume-Uni

du 16 au 19 septembre 2010

 

 

L'ESPRIT DE NEWMAN  


1. Newman est anglais et, marqué par la tradition philosophique anglaise de l'empirisme, il pense spontanément en termes de complémentarités. Il cherche à voir tous les aspects multiples du réel, tous les côtés d'un argument. On a dit de lui qu'il est donc à la fois «traditionaliste» et «progressiste », «conservateur» et «libéral », «dogmatique» et «pragmatique », «idéaliste» et «réaliste ». Sa manière de pensée est moins idéologique, elle est moins faite d'oppositions dialectiques, mais veut serrer au plus près la complexité du réel.

2. Newman vient du protestantisme, qui privilégie la relation personnelle à Dieu et s'appuie pour cela avant tout sur l'Ecriture. Il n'a jamais renié ce qui constitue l'essentiel de cette tradition, mais l'a intégré dans un cadre plus large et plus riche. Il intègre son protestantisme dans son catholicisme et c'est cela qui lui permet de contribuer au dialogue oecuménique aujourd'hui.

3. Newman aide à mieux percevoir les rapports entre foi et spiritualité. Il est à la fois un théologien - au sens moderne, un penseur - et un guide spirituel. Ces deux aspects sont chez lui intiment liés. Il illustre parfaitement cette formule: notre manière de penser Dieu détermine notre manière de le prier - ou de ne pas le prier; notre manière de penser Dieu détermine notre manière de le chercher - ou de ne pas le chercher, etc.


4. Il fait preuve d'une perception psychologique aiguë. Son enseignement théologique et spirituel s'enracine dans une psychologie fine, pénétrante. L'un des mots clé de sa pensée est le terme real, «réel ». Il n'y pas de condamnation plus cinglante chez lui que de qualifier une idée ou une attitude d'unreal, d'« irréelle ». On peut trouver chez lui des leçons de réalisme extrêmement précieuses.

5. Newman, comme son patron, saint Philippe Neri, illustre et enseigne une forme d'humanisme spirituel. Non un simple humanisme teinté de vague sentiments chrétiens - à la manière de la définition célèbre et cynique du christianisme par le critique anglais Matthew Arnold: morality tinged with emotion, «une morale avec une légère coloration sentimentale» - mais un humanisme authentiquement spirituel: une humanité pleinement épanouie, transfigurée par la présence intérieure de l'Esprit Saint. Il illustre à merveille la vérité du vieil adage théologique : gratia perfecit naturam - la grâce ne détruit pas la nature, mais la transforme et la porte à sa perfection.

6. Enfin il y a chez Newman le sens de Dieu. Dieu est au coeur de sa pensée et de son expérience. Il est - comme le dit bien le titre d'un des livres du cardinal Honoré - «un homme de Dieu ». Non seulement un homme qui pense Dieu, mais un homme qui vit de Dieu - un homme pour qui Dieu n'est pas seulement «l'objet» d'une réflexion mais aussi et d'abord le «sujet» d'une rencontre et d'une expérience. Le sens profond de la Présence de Dieu en lui semble avoir été une constante chez lui. Il nous aide à mieux penser Dieu pour mieux Le chercher, à notre tour. Pour Newman, le chrétien est d'abord « un homme qui possède un sens souverain de la présence de Dieu en lui »...


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