L'Instrumentum laboris - Tenir compte d'une situation |
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L'Instrumentum laboris, avec toute la discrétion nécessaire, mais aussi avec une grande objectivité, se doit d'aborder chaque situaton.
Lors des diverses réunions, c'est là que le travail des experts comme celles à huis-clos des Pères synodaux prépareront les décisions ou les orientations qui seront publiées, mais qui devront être mises en oeuvre sans oublier des diverses situations afin de les adapter à chaque Église et dans chaque région.
Dans ce qu'on pourrait appeler une "géopolitique religieuse", Mgr
Shomali aborde d'autres problèmes conjoints; on le voit à propos des travailleurs migrants en Arabie Saoudite ou pour les génocides ou pour la liberté de conscience comme pour les conversions à l'islam..
1- La Turquie.
Elle compte 72 millions d'habitants, dont la majorité sont musulmans. Les chrétiens sont 100.000, soit un peu plus d'1 pour mille. La Turquie est un pays laïc, séparant l’Etat et la religion (l’Islam). Elle cherche à se donner bonne figure pour pouvoir entrer dans la communauté européenne. A son crédit, on peut citer la laïcisation introduite par Atatürk en 1924 ; à son débit, il faut citer le génocide arménien, dont la Turquie refuse de reconnaître la responsabilité, et le partage de l’île de Chypre entre Turcs et Grecs, dont elle est aussi responsable.
2- L'Iran.
C’est un pays où l’Islam chiite est dominant dans tous les secteurs de la société. Les musulmans sont 72 millions tandis que les chrétiens – arméniens et assyriens surtout – ne sont que 200.000. Des nouvelles provenant de l’Iran rapportent l’existence d’une communauté baptiste active, qui a fait des milliers de convertis au christianisme (on parle de 10.000 conversions).
Mais un converti est traité en renégat ; il trahit l’Islam et soutient l’ennemi par excellence : les Américains. L’Iran est riche et soutient les chiites du Liban et le Hamas à Gaza pour des raisons religieuses et idéologiques. Il a des ambitions territoriales dans le Golfe où vit une large minorité chiite réduite au silence.
3- L'Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis.
Dans cette région riche en pétrole vivent 33 millions d’habitants. Les divers régimes politiques ont une attitude différente à l'égard des chrétiens ; cela va du grand respect – comme au Qatar, à Abu Dabi et Dubai – à l’intransigeance et au manque de liberté – comme en Arabe Saoudite. Alors que le Qatar a permis la construction d’une grande église pouvant contenir 5000 fidèles, les chrétiens d’Arabie Saoudite, un demi million environ, ne sont pas autorisés à se rassembler pour prier. Ils se réunissent secrètement dans des maisons privées pour prier le dimanche, quitte à être sanctionnés.
Un autre problème est posé par l’existence d’un grand nombre de travailleurs chrétiens immigrés, souvent privés de leurs droits sociaux et religieux élémentaires. En plus, l’Islam militant profite de la gêne économique de ces travailleurs immigrés pour les convertir à l’Islam. Un certain nombre se convertit chaque année, moyennant la promesse de bénéfices matériels conséquents. |
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4- L'Egypte.
Le nombre des Coptes n’est pas encore certain. Les statistiques de l’Etat parlent de 6 millions, tandis que l'Eglise copte parle de 12 millions. Le chiffre de 10 millions serait plus proche de la vérité. Les heurts entre les communautés musulmane et copte sont nombreux. Les Egyptiens sont les gens les plus religieux du monde pour la pratique religieuse, mais aussi pour le fanatisme.
Les Coptes se sentent méprisés et privés de beaucoup de leurs droits, en particulier la liberté de culte (difficulté de construire une Eglise) et la liberté de conscience. Leur place dans la société et le gouvernement est insignifiante. Un exemple : sur 454 parlementaires égyptiens, seuls 3 sont chrétiens, soit moins de 1%, alors que le pourcentage des chrétiens en Egypte est de 10% au moins.
“En Égypte, la montée de l’Islam politique d’une part et le désengagement, en partie forcé, des chrétiens par rapport à la société civile, rendent leur vie sujette à l’intolérance, à l’inégalité et à l’injustice. En outre, cette islamisation pénètre aussi par les médias et l’école dans les familles, modifiant les mentalités qui s’islamisent inconsciemment” (Instrumentum laboris).
5- L'Irak.
L’invasion américaine a décimé la communauté chrétienne. Avant 1987, elle comptait 1.250.000 fidèles, surtout chaldéens. Aujourd'hui ils sont moins de 400.000. L'un des grands désastres de ce siècle est l’exode massif des chrétiens iraquiens à cause de l’insécurité et des vexations dont ils sont victimes.
En Iraq, la guerre a déchaîné les forces du mal dans le pays, entre les courants politiques et entre les confessions religieuses. Elle a fait des victimes parmi tous les Iraquiens, mais les chrétiens ont été parmi les principales victimes parce qu’ils représentent la plus petite et la plus faible des communautés iraquiennes. Aujourd’hui encore, la politique mondiale n’en tient aucun compte.
Cette calamité s’ajoute aux autres qui ont frappé le Moyen Orient dans le passé :
- le génocide d’un million et demi d’Arméniens en Turquie en 1915 ;
- le génocide contre les Maronites en 1860 et la guerre civile au Liban qui a causé l’exode d’un grand nombre de chrétiens ;
- l’émigration des chrétiens de Terre Sainte, incessante depuis plus d’un siècle.
6- La Syrie.
La situation du million et demi de chrétiens syriens semble tranquille sous le régime du Baas syrien qui compte sur les minorités, la famille Asad provenant elle-même d’une minorité alaouite. Mais existe toujours la peur d’un changement inattendu et d’un revirement de situation. En Iraq, par exemple, les chrétiens jouissaient de beaucoup de privilèges durant le régime de Saddam. A peine détrôné, il semble que le vase de Pandore se soit ouvert contre les chrétiens.
La phobie des bouleversements subsiste toujours dans le monde arabe, puisque la politique de l’Etat dépend souvent de l’attitude, bienveillante ou malveillante, de la famille ou du parti au pouvoir, plutôt que d’une attitude populaire durable. |
7- Au Liban, Les chrétiens sont divisés au plan politique et confessionnel, et personne n’a de projet acceptable par tous. L’équilibre politique atteint en 1943 quand les chrétiens étaient 55% de la population totale ne traduit pas la situation sur le terrain. Les Chiites, qui deviennent chaque jour plus nombreux et plus forts, demandent davantage d’autorité au Parlement. L’équilibre actuel est vulnérable. Le Liban doit atteindre une maturité démocratique et sortir d'un confessionnalisme absurde sans effusion de sang.
8- La Jordanie
La Jordanie
est un pays calme. Les chrétiens se sentent en sécurité et jouissent de la liberté religieuse, ayant des représentants au parlement et dans le gouvernement. Nous avons été témoins de l’accueil chaleureux fait au Pape Benoît XVI par le Roi et le gouvernement de la Jordanie. Malgré cela, la liberté de conscience n’existe pas.
C’est un fait que nous remarquons dans tous les pays arabes. L’Islam affirme être la religion de la vérité, de l’unique vérité. Les autres religions ne sont que tolérées. C’est pourquoi il n’est pas permis à un musulman d’abandonner la vérité pour l’erreur. Changer de religion est perçu comme une trahison envers la société, la culture et la nation, trois réalités bâties principalement sur une tradition religieuse.
9- Palestine et Israël.
Le conflit entre Palestiniens et Israéliens dure depuis plus de 80 avec 6 confrontations violentes, auxquelles il faut ajouter deux Intifadas populaires. C’est un conflit de nature idéologique qui ne semble pas près de trouver une solution à court terme. La situation économique et le manque de sécurité ont obligé une grande partie des chrétiens palestiniens à émigrer. La diaspora palestinienne compte 500.000 personnes environ, dont la majorité se trouve au Chili. |
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