Méditations dominicales

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En proposant diverses lignes de réflexion,
ces textes veulent être une réserve de "matériaux" , de "suggestions", pour permettre à chacun , selon son "charisme",
une ou plusieurs méditations .

Chaque auteur a sa vie spirituelle. Chacune et chacun des lecteurs a la sienne selon la grâce de Dieu.
Ces textes peuvent également servir
à préparer les homélies des dimanches et fêtes à venir,
chaque paragraphe formant un tout en soi .


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DIMANCHE 16 AVRIL: LA RESURRECTION DU SEIGNEUR
Dimanche 23 avril : Deuxième dimanche de Pâques
Dimanche 30 avril : Troisième dimanche de Pâques
Dimanche 7 mai : Quatrième dimanche de Pâques
Dimanche 14 mai: Cinquième dimanche de Pâques




DIMANCHE 16 AVRIL 2017
LA RESURRECTION DE NOTRE SAUVEUR ET SEIGNEUR JESUS-CHRIST


Voici près de deux mille ans, la lumière de la Vie Nouvelle a jailli d’un tombeau. Désormais,et pour toujourst dans cet aujourd’hui qui est le nôtre, toutes choses sont remplies de cette lumière, le Ciel, la Terre et les Enfers.
Mais la voyons-nous ?

NOUS VIVONS D’UNE VIE NOUVELLE

Cette vie nous est donnée au jour de notre baptême, ce jour "où nous avons été ensevelis avec le Christ dans sa mort, afin que, comme le Christ est ressuscité des morts, nous vivions nous aussi dans une vie nouvelle." (Romains 6. 4)

A Pâques, nous célébrons la Résurrection du Christ comme quelque chose qui est arrivé et qui nous arrive encore. Car chacun d’entre nous a reçu le don de cette vie nouvelle, la faculté de l’accueillir, la grâce d’en vivre. C’est un don qui change radicalement notre attitude envers toutes choses, y compris la mort.

Certes un jour, elle viendra nous prendre dans notre vie terrestre pour nous entraîner dans la vie divine. Mais là réside aussi toute notre foi. Par sa propre mort, le Christ a changé la nature même de la mort. Il en a fait un passage, une pâque, dans le Royaume de Dieu. Il a transformé en une victoire suprême, ce qui est une tragédie, la mort.

DANS NOTRE VIE ENTENEBREE

Nous vivons souvent comme si cet événement unique n’avait que peu de signification pour nous. C’est notre faiblesse, alors que nous sommes appelés à vivre de foi, d’espérance et éternellement, de charité, d'amour. Immergés dans nos préoccupations journalières, nous succombons à cause de cet oubli. Et notre vie en devient mesquine, enténébrée, dépourvue de sens, nous conduisant vers un but sans signification.

Ce n’est pas en oubliant la mort que nous rendrons notre vie agréable. Car, dans ce cas, elle devient absurde dans son inévitable, si nous vivons comme si le Christ n’était jamais venu nous entraîner dans sa vie par delà cette mort. Or le sens de la vie est bien par-delà cette mort.

PRENDRE CONSCIENCE DE CETTE REALITE

Mais si nous prenons conscience de cette réalité pascale dans l’immédiat de nos journées, nous ouvrons une porte sur la splendeur du Royaume, sur l’avant-goût de la joie éternelle qui nous attend dans la plénitude de la vie.

Toute la liturgie de l’Eglise est "ordonnée" autour de Pâques. Et non pas en une accumulation de dévotions. Les temps liturgiques nous conduisent dans un voyage, un pèlerinage qui est progressivement la fin de ce qui est vieux et périmé, en étant un passage constant de ce monde à notre Père.

"Que ton Esprit fasse de nous des hommes nouveaux pour que nous ressuscitions avec le Christ dans la lumière de la vie."
(prière pascale après la communion)

"Voici le jour que fit le Seigneur, jour de fête et jour de joie ! Voici le jour où le Christ, notre Dieu, nous conduit de la mort à la vie." (Acclamations des matines)

En ce jour de Pâques, la foi, permet à la réalité divine d’illuminer notre vie. Il est une action à entreprendre : porter partout témoignage de la bouleversante découverte d’un monde nouveau., comme le chante la liturgie byzantine :

Voici le jour de la Résurrection.
Voici la lumière de notre joie !
Voici la Pâque du Seigneur !
Le Christ nous a fait passer
de la mort à la vie
et de la terre aux cieux !
Chantons son triomphe !

Purifions nos vies.
Nous le verrons,
le Seigneur étincelant de Lumière.
Le Christ ressuscité !
et nous l’entendrons nous dire
"Paix sur vous".

Chantons son triomphe
Joie, Joie sans fin !
Le Christ est ressuscité !
Alléluià !

DIMANCHE 23 AVRIL 2017
DEUXIEME DIMANCHE DE PAQUES


Dimanche de la Divine Miséricorde.

Références bibliques :

Lecture des Actes des Apôtres : 2. 42 à 47 : "Fidèles à écouter l’enseignement des apôtres et à vivre en communion fraternelle."
Psame 117 : "Voici le jour que fit le Seigneur, qu’il soit pour nous jour de fête et jour de joie !"
Première lettre de saint Pierre. 1. 3 à 9 : "Il nous a fait renaître grâce à la résurrection de Jésus-Christ pour une vivante espérance, pour l’héritage qui ne connaîtra ni destruction, ni souillure, ni vieillissement."
Evangile selon saint Jean. 20. 19 à 31 : "Jésus vient alors que les portes étaient verrouillées."

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Les Eglises orientales, catholiques et orthodoxes appellent ce dimanche, le dimanche de Thomas. Elles veulent ainsi souligner que l’attitude de l’apôtre incrédule mais profondément croyant doit être aussi la nôtre.

REUNIS AU CENACLE.

La journée de Pâques que les apôtres viennent de vivre, a été faite de bouleversements depuis le matin. Des femmes sont venues leur dire que le tombeau est vide. Pierre l’a constaté et Jean croit déjà à la résurrection. Une discussion est née dans le groupe qui met à jour les divergences d’interprétation qui les divisent.

Le départ des deux disciples vers Emmaüs le prouve. Ceux-là n’ont pu accepter les dires de ces femmes. Ils ne croiront les dires de Pierre et de Jean que s’ils en font la preuve. Leur espérance est déçue, car aucune preuve n’est venue durant toute la journée.

Les autres s’enferment pour éviter les importuns, dont ils ont peur sans doute. Mais saint Jean souligne ce détail afin de montrer aussi que le Christ, qui les rejoint au soir du premier jour de la semaine, use désormais de son pouvoir d’une façon surnaturelle.

Durant les trois années de sa vie publique, il n’en a jamais usé ainsi avec eux, sauf au sommet du Thabor, pour quelques-uns et pour quelques instants.

Ce soir, ils sont ensemble parce qu’ils ne peuvent se séparer après trois années partagées avec Jésus de Nazareth, trois années intenses. Ils viennent aussi de vivre trois journées bouleversantes et ils ont besoin de reprendre les paroles de Jean, de Pierre et de Marie Madeleine pour les accorder avec les enseignements reçus sur les routes de Palestine : « Je suis la Résurrection et la Vie. » et tant d’autres paroles entendues qui ne sont pas seulement des rumeurs d’illusions.

IL EST LA AU MILIEU D’EUX

Jésus se trouve soudain au milieu d’eux. Nous pouvons certes donner une signification mystique à cette venue, toutes portes closes. Ils ne l’attendaient pas.

Ainsi pénètre-t-il dans nos vies, même si elles se ferment parfois à sa grâce.

" Lorsque vous serez réunis, deux ou trois en mon nom, je serai au milieu de vous" (Matthieu 18. 20) Ce soir, il n’est pas une présence mystique, mais une réalité humaine et divine tout à la fois. Il a conservé sur son corps ressuscité la trace des blessures et, sans mettre en avant le mérite de ses souffrances, il donne aux apôtres le témoignage de qu' il est en plénitude.

Il ne leur rappelle pas des souvenirs. La petite communauté apostolique l’a peut-être fait durant cette journée où elle est repliée sur elle-même au risque de ne plus vivre que d’espoirs déçus et même de se disperser, comme cela vient de commencer avec Cléophas et son compagnon qui marchent vers Emmaüs.

Il leur démontre l’identité de l’homme qu’ils connaissent depuis trois ans avec l’homme ressuscité qu’il est devant eux.

S’il est là au milieu d’eux, c’est pour l’avenir de l’Évangile, c’est pour les entraîner à sa suite. Ils seront les témoins et les envoyés. Par cette deuxième transmission de sa paix, il leur confirme immédiatement qu’ils doivent aussi la transmettre aux autres. Remettre les péchés, c’est donner la vie spirituelle à qui l’a perdue ou à qui l’a amoindrie.

RECEVEZ L’ESPRIT SAINT

Il leur en avait parlé, au soir du Jeudi-Saint. Trois jours après, en ce soir de Pâques, il insiste sur son action en eux et parmi les hommes. L’Esprit Saint est latent en eux et la Pentecôte rendra manifeste cette présence par sa venue. De même pour nous. L’Esprit peut reposer en nous sans que nous ayons conscience de sa force en nous. Il nous faudra toujours renouveler cette grâce de la Pentecôte.
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En rappelant qu’il est le Christ souffrant, qu’il est le Christ uni à son Père qui l’a envoyé, le Christ dont l’action sera poursuivie et amplifiée par l’Esprit, Jésus relie, dans la pensée et la foi de ses apôtres, tout ce qu’il leur avait dit et ce dont il a témoigné avec eux.

Ils ne reconnaissent pas ainsi seulement l’ami avec qui ils ont tant partagé, ils reconnaissent le Fils de Dieu, le Seigneur.

Et c’est ainsi d’ailleurs qu’ils en témoigneront auprès de Thomas :"Nous avons vu le Seigneur." Avec toute la force qu’une telle appellation peut avoir dans la foi religieuse des vrais Juifs croyants.

THOMAS A BESOIN DE PREUVES

Mais Thomas a besoin de preuves qui s’appuient sur une expérience concrète. Ce n’est pas qu’il soit un homme récalcitrant. Il est un homme de bonne volonté et tout d’une pièce. C’est lui qui, lors de l’annonce de la montée à Jérusalem, avait bousculé les apôtres inquiets des événements qu’ils pressentaient. C’est lui qui les avait entraînés dans sa générosité (Jean 11. 16) :"Allons nous aussi et mourons avec lui."

Mais il juge les choses à sa façon. Il a toujours eu du mal à entrer dans la pensée de son Maître (Jean 14. 5) et aujourd’hui, encore, il veut des preuves concrètes, même s’il n’est pas question pour lui de quitter pour autant le groupe des apôtres.

Jésus revient huit jours après, il salue ses amis et immédiatement s’adresse à Thomas. Il ne le blâme pas.

D’ailleurs les autres disciples seraient aussi à blâmer, car, eux aussi, ils n’ont cru à la résurrection qu’après avoir vu le Ressuscité. Jésus admet qu’un acte de foi soit précédé par l’adhésion de l’esprit humain à certains éléments qui entraînent la crédibilité. La foi, même si elle dépasse la raison, n’est pas irraisonnable.

En ouvrant ses deux mains ("Vois mes mains."), il l’invite même à le toucher en une épreuve à laquelle Thomas avait dit attacher une grande importance. Rien ne dit qu’il exécute le geste que Jésus lui propose de faire. Mais son mouvement va plus loin. Il reconnaît la divinité de Jésus. Non seulement il est Seigneur. Mais il est Dieu !

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En nous faisant souvenir de la première communauté de Jérusalem, l’Eglise nous rappelle que nous pouvons servir tous ceux qui sont dans le besoin, la misère, la souffrance, la solitude. C’est désormais en eux que nous est donné la possibilité de rejoindre le Christ souffrant de la croix, solitaire du jardin de Gethsémani, abandonné, méprisé. C’est ainsi qu’il nous ouvre ses mains :’Avance ton doigt ici."

"Augmente en nous ta grâce pour que nous comprenions toujours mieux quel baptême nous a purifiés, quel Esprit nous a fait renaître et quel sang nous a rachetés." (Prière d’ouverture de la liturgie de ce dimanche)

DIMANCHE 30 AVRIL 2017
TROISIEME DIMANCHE DE PAQUES


Références bibliques :

Lecture des Actes des Apôtres : 2. 14 à 33 : “Cet homme, livré selon le plan et la volonté de Dieu...Dieu l’a ressuscité.”
Psaume 15 : “Tu m’apprends le chemin de la vie.”
Première lettre de saint Pierre: 1. 17 à 21 : “Dieu l’a ressuscité d’entre les morts et lui a donné la gloire. Ainsi vous mettez votre foi et votre espérance en Dieu.”
Evangile selon saint Luc : 24. 13 à 35 : “ Comme votre coeur est lent à croire !”

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La liturgie de ce dimanche nous invite à réfléchir sur notre attitude devant le mystère qui est le nôtre et que nous vivons aujourd’hui. Le Christ ressuscité est au milieu de nous. Il est avec nous, il est en nous par la grâce qui nous est donnée. Nous ne transposerons jamais assez dans notre vie, la plénitude cette réalité qu’est la vie divine que nous avons reçue.

En cela nous sommes bien les frères de ces disciples d’Emmaüs avec les mêmes interrogations, avec les mêmes doutes. Soyons-le aussi avec le même enthousiasme quand notre coeur se réchauffe en recevant la Parole de Dieu et quand nous en témoignons.

NOUS NOUS SERIONS TROMPES DE CHEMIN

Il y a trois ans, lorsqu’il les avait appelés, ils avaient pris la route avec lui. Ils l’avaient suivi avec enthousiasme et espérance. Le vendredi de sa mort, à 3 heures de l’après-midi, quand les ténèbres envahirent leurs horizons, ils pouvaient espérer encore :”Il avait dit que le troisième jour...” Alors, en ce matin du premier jour de la semaine, c’est peut-être ce jour annoncé par le Seigneur. Mais leur foi est bien fragile.

Marie, haletante, revient au Cénacle. Elle a vu un ange, qui lui a dit qu'il est vivant. Cléophas hausse les épaules. Mirage de femme admiratrice ! Pierre se sent le devoir d'aller constater le fait et Jean, entraîné par son amitié, l'accompagne. Tout est en ordre dans un tombeau vide dont la pierre est roulée.

C'est donc vrai. Il n'a pas été enlevé, car les bandelettes n'auraient été pliées ainsi. Il est donc vivant !

A leur retour, les deux apôtres disent ce qu'ils ont vu et les conclusions qu'ils en tirent :"Il est vivant !" Cléophas hausse encore les épaules. Ils ont vu un tombeau vide. « Mais lui, ils ne l'ont point vu. » 

La discussion a dû être vive tout au long de cette journée. Thomas est d'accord avec Cléophas. Il faut le voir et constater. Sinon ce peut n'être qu'une illusion. Thomas reste avec ceux qu’il a rejoint, il y a trois ans, en Galilée. Il ne quittera pas Pierre et Jean. Par contre Cléophas et l’un de ses amis s'en vont et quittent Jérusalem. Le chemin de ce prophète n’était pas le bon chemin à prendre....

UN TOUR D’HORIZON DESABUSE

Les voilà donc tous deux sur la route, en cet après-midi. Ils discutent entre eux. Ils ressassent leurs souvenirs, et recherchent les quelques paroles auxquelles ils pourraient s’accrocher. Mais peu à peu ils s’éloignent de Jérusalem et de ce qu’ils y ont vécu. Jésus de Nazareth était un prophète. Et quelle puissance dans ses paroles et ses actions ! et ces foules qui le suivaient ! et puis la situation s’est retournée. Crucifié, mort, peut-il être encore le libérateur d’Israël, car c’est bien d’indépendance que nous rêvions.

Les événements de ce matin paraissent étranges, mais peut-on faire confiance à cette enthousiasme de femmes au dévouement inconditionnel ? Elles disent mais c’est peut-être bien subjectif, car elles n’ont rien vu. Pas plus que Pierre d’ailleurs.

Les kilomètres se succèdent avec cette relecture des événements passés, une relecture qui les attriste, les enferme et les empêch ede s’ouvrir au témoignage des autres disciples qui annoncent déjà la résurrection.

IL LES REJOINT EN LEUR DESESPERANCE

Pour mettre d’accord Pierre, Thomas, Madeleine, Cléophas et les autres, le Christ aurait pu, dès les premiers moments de la matinée, venir l’interrompre cette discussion, les rendre à l’évidence et confirmer par son apparition l’enthousiasme des uns et réduire à néant le doute des autres. Il aurait peut-être emporter leur adhésion. A moins qu’ils n’aient continué à tergiverser pour sous-peser le pour et le contre avec lui.

Mystère du silence de Dieu. Jésus laisse au contraire le temps calmer les choses. Il donne à chacun la liberté de se placer devant sa propre réalité, devant ses propres conclusions et sa propre décision. La redécouverte n’en sera que plus profonde et plus assurée.

Aux disciples du Cénacle, il apparaîtra quand les apôtres n’auront plus rien à dire ni à se dire. Ils sont dans l’attente, une attente de ce qu’ils ne peuvent imaginer. Ayant épuisé leurs arguments, ils peuvent le recevoir tel qu’il est désormais et non pas uniquement comme l’homme qu’ils ont quitté il y a trois jours après le repas pascal dans cette même chambre haute.

Ce qu’il avait dit à Madeleine s’applique aussi à eux :”Ne me touche pas, je monte vers mon Père. Va l’annoncer à tes frères.” (Jean 20. 17)

Sur le chemin d’Emmaüs, là-bas, les deux amis n’ont plus rien de nouveau à se dire, plus rien à envisager qu’un retour en arrière au point où ils sont rendus de leur désespérance et de leur obscurité. Et c’est alors qu’il les rejoint et c’est lui qui prend l’initiative, qui va « dire » et révéler.

Peu à peu en effet, Jésus va leur dévoiler le sens des événements et les inviter à la lumière de l’Ecriture, à relire leur histoire et l’histoire du salut dans laquelle ils avaient inscrit leur foi, mais selon un contresens du message : “libérateur d’Israël.”

C’est le début du retournement. Ils abandonnent peu à peu leur interprétation, acceptant de recevoir celle de cet inconnu qui brise leur enfermement. Etrange sensation qui est alors la leur, mais dont ils ne peuvent encore savoir d’où elle provient.

ILS NE VOIENT PAS, ILS RECONNAISSENT.

Au terme de cette étape de doute, leur geste d’accueil amical à la porte de l’auberge, les conduit à retrouver le Seigneur. Le repas marque l’étape décisive de l’acte de foi. Ils n’ont pas vu le Christ qu’ils accueillaient. Ils l’ont reconnu dans un geste familier, celui du partage au soir du Jeudi-Saint ou de la multiplication des pains.

Désormais la résurrection est à la fois l’événement dont ils ont la certitude et l’événement qui les fait ressusciter eux-mêmes. Paradoxalement, c’est au moment où le Christ disparaît de leurs yeux que précisément “leurs yeux s’ouvrent.”

Ils reprennent alors la route en sens inverse. C’est maintenant le chemin joyeux de la vie. Ils retournent vers la communauté des Apôtres qui est l’Eglise. Ils la réintègrent et y découvrent qu’il n’ont pas vécu une illusion. Elle va devenir le lieu de la foi partagée. Pierre et les autres leur disent cette évidence :”Il est ressuscité !” Cet acte de foi croise et rejoint le leur.

NOTRE EXPERIENCE

L’Ecriture sur la route, l’Eucharistie à Emmaüs, l’Eglise au Cénacle. Il est clair que ce récit pose les fondements de la vie chrétienne. La route de disciples d’Emmaüs est bien l’image de celle de tous les croyants.

Qui n’a fait cette expérience d’une désillusion de la foi lorsque l’espérance placée en un Dieu qui paraît terriblement absent s’étiole et disparaît au moment où l’épreuve traverse sa vie ? Qui n’a été tenté alors de fuir la communauté qui ne comprend pas et continue de proclamer un message sans en donner les preuves de vérité ? L’on en vient à s’éloigner de l’Eglise, et même à la quitter.

Mais qui n’a fait aussi l’expérience de la présence du Christ attentif aux cris de ses enfants et réveillant leur mémoire de croyants par la révélation de sa Parole vivante ? Qui n’a jamais vécu, dans une célébration eucharistique, la rencontre qui “restaure » et le corps et le coeur ? Qui n’a jamais découvert que la communauté chrétienne à laquelle il appartient est le lieu indispensable où l’on trouve à la fois le réconfort dans le partage fraternel en Jésus-Christ et la force nécessaire pour la mission ?

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Route d’espérance et de foi retrouvées, la route d’Emmaüs est aussi pour nous, route de la Vie, une route de joie paisible et chaleureuse, génératrice d’un dynamisme renouvelé.

“Garde à ton peuple sa joie, Seigneur, toi qui refais ses forces et sa jeunesse. Tu nous as rendu la dignité de fils de Dieu. Affermis-nous dans l’espérance de la résurrection.” (Prière d’ouverture de la messe de ce dimanche)

DIMANCHE 7 MAI 2017
QUATRIEME DIMANCHE DE PAQUES


Références bibliques :

Lecture des Actes des Apôtres : 2. 14 à 41 : “C’est pour vous que Dieu a fait cette promesse.”
Psaume 22 : “Je ne crains aucun mal car tu es avec moi.”
Première lettre de saint Pierre : 1 Pierre 2. 20 à 25 : “ Il vous a laissé son exemple afin que vous suiviez ses traces.”
Evangile selon saint Jean : 10. 1 à 10 : “Il marche à leur tête et elles le suivent car elles connaissent sa voix.”

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De l’Evangile du Bon Pasteur, nous pouvons faire plusieurs lectures selon que nous l’éclairons par le psaume, par la lettre de saint Pierre, par les Actes des Apôtres ou par d’autres paroles du Christ. Chacune de ces lectures est en elle-même un message qui conduit à la réalité essentielle : "Je suis venu pour que les hommes aient la vie, pour qu’ils l’aient surabondamment." (en grec :"périsson", qui dépasse toute mesure.) (Jean 10. 10).

- Il est la porte et "nul ne peut aller au Père si ce n’est en passant par moi." (Jean 14. 6)
- Il est le berger dont les brebis reconnaissent la voix quand il les appelle chacune par leur nom et elles suivent ses traces (Saint Pierre).
- Il connaît les pâturages "Il me mène vers les eaux tranquilles et me fait revivre." (Psaume)

IL EST LE CHEMIN

Si le Bon Pasteur peut conduire ses brebis hors de la bergerie, c’est-à-dire vers les pâturages, c’est que lui-même y est entré et sort avec elles. Le Christ peut nous conduire vers la Vie éternelle parce qu’il est « entré » lui-même en notre humanité et la divinise, lui-même, par sa Pâque et sa Résurrection ou, selon le beau texte de l’offertoire de la messe : « Comme cette eau se mêle au vin pour le sacrement de l’Alliance, puissions-nous être unis à la divinité de celui qui a pris notre humanité. »

Pâques, son passage "de ce monde à son Père" (Jean 13. 1) Et il n’est pas d’autre chemin que Lui pour nous joindre à son Père. Il est le Chemin, la Vérité, la Vie.

Toutes les autres portes, toutes les autres possibilités sont des chemins d’égarement. Lui seul peut donner la Vie, sa Vie divine, en abondance, en surabondance infinie. Les religions à la mode, qui sont sans un Dieu personnel et sans le Christ, New Age, bouddhisme ou autres, ne mènent qu’à une impasse après nous avoir égarés puisqu’elles ne nous conduisent pas à Lui. Il en est de même pour les idéaux humanitaires sans-Dieu, si nobles en soient les motivations affectives. "La vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ" (Jean 17. 3).

Il n’est pas un prophète, fut-il le plus grand, un prophète qui nous parle de Dieu. Il est lui-même « Parole de Dieu », le Verbe » car il est Dieu fait homme en Jésus-Christ par amour pour nous conduire au Père.

"Nul ne peut aller au Père si ce n’est en passant par moi."

Cette intransigeance n’est pas une intolérance, même si elle choque les mentalités modernes prêtes à accepter toutes les ambiguïtés, toutes les confusion, tous les compromis. Nous ne pouvons pas dire : "A chacun sa vérité", ou "Toutes les religions se valent".

Le Christ est le seul épanouissement possible de notre vie car il est le seul à nous donner la plénitude de la Vie Divine. En le recevant, nous recevons la Vie trinitaire du Père, par le Christ dans l’Esprit.

IL EST LA VERITE

C’est Lui qui donne accès à la liberté. Il n’est pas une porte qui isole, se referme et enferme. Avec lui et à sa suite, chacun « pourra aller et venir. Il trouvera un pâturage... Il les appelle chacune par son nom et il les fait sortir."

Il connaît chacun de nous personnellement, puisqu’il nous appelle "par son nom ». Nous sommes, chacun, unique à ses yeux et dans le cœur.

Grâce à quoi nous pouvons le reconnaître. Comme Marie de Magdala quand elle s’entendit nommer par le ressuscité dans le jardin devant le tombeau vide. Comme Zachée quand il fut appelé du haut de son arbre. Comme Simon-Pierre bouleversé par le :"Simon, m’aimes-tu" ? avant d’être appelé à sa charge pastorale :"Sois le pasteur de mes brebis."

Nous sommes appelés par « un nom nouveau que nul ne connaît sinon celui qui le reçoit. » (Apocalypse 2. 17), un nom qui vient de l’amour, de Dieu qui est Amour. La Vérité ne jaillit pas d’une discussion dans une masse anonyme. Elle vient du don de deux êtres qui se rejoignent en personnalisant pleinement le don d’elles-mêmes. Elles reconnaissent la voix qui les unit dans un unique appel "vécu dans la justice." (Saint Pierre 2. 24)

IL EST LA VIE

Cette surabondance que donne la vie en Christ est l’un des thèmes souvent repris par saint Jean. Le vin des noces de Cana remplit six cuves jusqu’au bord (Jean 2. 6). L’eau vive offerte à la Samaritaine jaillit éternellement pour étancher toute soif (Jean 4. 14). Le pain multiplié, qui est le Christ Pain de Vie, laisse douze corbeilles (Jean 6. 12). La pêche miraculeuse fait déborder la barque de Pierre (Jean 21. 6). Les paroles du Christ sont plénitude de paix et de joie (Jean 17. 13).

Cette surabondance de vie, lui seul peut la donner :"Selon le pouvoir sur toute chair que tu lui as donné, il donne la vie éternelle à tous ceux que tu lui as donnés" (Jean 17. 2).

Mais cette vie ne peut être vécue individuellement, comme des brebis qui quittent leur errance. Le don de l’Esprit et la promesse qui s’accomplit par le baptême (1 Pierre 2. 25), nous agrège au troupeau du Seigneur pour « se retrouver persévérants dans l’enseignement des apôtres, la communion, la fraction du pain et la prière. »

DANS L’EGLISE

Si le Christ est celui par qui advient le salut, s’il est le lieu de passage vers le Père, il a confié cette même mission à ses apôtres. "Comme tu m’as envoyé, je les envoie dans le monde" (Jean 17. 18). Aujourd’hui l’Eglise est le lieu de passage qui donne accès au salut en Jésus-Christ. Le baptême en est l’entrée, la porte ouverte qui donne accès à la liberté du Royaume (1 Pierre 2. 24-25).

L’Eglise ne peut être une bergerie close vers laquelle il faudrait entrer pour nous mettre à l’abri du monde. Elle est la porte ouverte qui nous permet d’y entendre la voix du Christ et de le suivre quand le berger nous conduit hors de l’enclos afin de nous situer dans le monde comme fils de Dieu. Chacun de nous « pourra aller et venir et il trouvera un pâturage ... pour que les hommes aient la vie et qu’ils l’aient surabondamment." (Jean 10. 10)

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"Que les mystères de Pâques continuent en nous ton oeuvre de rédemption. Qu’ils soient une source intarissable de joie." (Prière sur les offrandes)

"Père tout-puissant et pasteur plein de bonté, veille sur tes enfants avec tendresse. Tu nous as sauvés par le sang de ton Fils. Ouvre-nous une demeure dans le Royaume des cieux". (Prière de communion de ce dimanche)

DIMANCHE 14 MAI 2017
CINQUIEME DIMANCHE DE PAQUES


Références bibliques :

Lecture des Actes des Apôtres : 6. 1 à 7 : " Estimés de tous, remplis d’Esprit Saint et de Sagesse."
Psaume 32 : " Criez de joie pour le Seigneur ! Hommes droits, à vous la louange !"
Première lettre de saint Pierre : 1 Pierre 2. 4 à 9 : " Il est la pierre vivante ... Soyez les pierres vivantes."
Evangile selon saint Jean. 14. 1 à 12 : " Là où je suis, vous serez vous aussi. »

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Avec les chapitres 14 à 16 de l’Evangile selon saint Jean, nous entrons dans la révélation du mystère de la personne de Jésus, ce mystère qui nous donne accès à la vie divine.

A LA LUMIERE DE LA RESURRECTION

Ces chapitres sont une longue méditation où s’entremêlent les paroles du Christ et la relecture qu’en fait l’apôtre Jean à la lumière de Pâques. Car les Evangiles ne sont pas seulement des récits anecdotiques. Ils sont porteurs du message du Christ que les disciples ont découvert et qu’ils ont voulu transmettre à ceux qui les écoutaient.

Ils ne sont pas descriptifs d’un épisode. Ils sont essentiellement un éclairage qui veut nous conduire à la lumière dont Dieu nous illumine par son Fils venu parmi nous. " Celui qui m’a vu a vu le Père." Ces signes ont été rapportés « pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et pour qu’en croyant vous ayiez la vie en son nom. » (Jean 20.31)

La vision qu’ils nous apportent du Christ est inséparable de l’ensemble de sa vie. La parole de l’enfant de douze ans qui répond à ses parents "Je me dois aux affaires de mon Père" résonne non pas comme un reproche, mais comme volonté fondamentale de Jésus :" Je vis uni à mon Père... je suis en mon Père." (Jean 14. 20)

Ce n’est qu'après la résurrection de Jésus que leur apparaît clairement la personne du Fils de Dieu, du Verbe de Dieu fait chair, en communion avec le Père. Chacune de ses paroles comme chacun de ses actes prennent alors tout leur sens dans cette réalité unique où l’humanité et la divinité sont un tout indissociable en Jésus-Christ.

CROYEZ EN MOI

Jésus propose à chacun d’entre nous et à tous les hommes d’entrer eux-mêmes dans cette communion de Vie divine. Il n’est pas là pour nous indiquer seulement le chemin comme le souhaite et l’attend de saint Thomas (Jean 14.5). Il n’est pas une simple signalisation. C’est lui qui nous introduit, qui nous fait entrer avec lui, par lui et en lui. Il est le chemin. Pour rejoindre le Père, il nous faut rejoindre le Fils, le Christ., notre Seigneur.

Comprendre avec notre intelligence déductive ne suffit plus. Pas plus d’ailleurs que de voir seulement :"Montre-nous le Père, cela nous suffit." lui dit Philippe. Il n’est pas question de voir pour voir. La foi n’est pas une constatation ou une évidence au terme d’un raisonnement.

C’est une connaissance plus intime que seule la foi réalise. "Vous me connaissez." (Jean 14. 9) Une foi qui saisit toute la personne à laquelle on adhère et qui détermine non seulement des convictions mais détermine le sens de notre vie, nous saisissant à notre tour en nous donnant la plénitude spirituelle et le dynamisme de notre action. C’est une communion parce qu’elle est rencontre personnelle.

JE REVIENDRAI VOUS PRENDRE AVEC MOI

Dans sa lettre, saint Pierre exprime d’une autre manière cette communion en Dieu et avec nos frères. Le Christ est la pierre vivante. Nous le sommes également. Le Christ s’est présenté en offrande à son Père. Nous aussi présentons des offrandes spirituelles que Dieu pourra accepter, non pas en raison de nos mérites, mais à cause du Christ-Jésus. (1 Pierre 2. 5)

Jésus l’ avait dit à Pierre :" Celui qui croit en moi, accomplira les mêmes oeuvres que moi." (Jean 14. 12) "Vous êtes chargés d’annoncer les merveilles de celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière." (1 Pierre 2. 9)

"Les merveilles "... Au travers de ces mots nous sentons l’enthousiasme contenu, la joie profonde de Pierre qui a connu ces moments de rencontre, « d’admirable lumière » qui répondaient à sa quête de la vie : Je vous ai dit cela pour que la joie qui est la mienne soit en vous, en plénitude » (Jean 15. 11, Jean 17. 13).

Nous aussi, nous aspirons au bonheur, nous sommes en quête d’un mieux vivre, nous voulons déployer notre désir dans des dimensions qui dépassent en espérance la réalité que nous vivons au quotidien. Nous le répétons en chaque Eucharistie : "Rassure-nous devant les épreuves en cette vie où nous espérons le bonheur que tu promets et l’avènement de Jésus-Christ, notre sauveur." (Prière après le Notre Père)

Oui, nous ne pouvons plus désormais séparer la plénitude de notre bonheur de cet avènement du Christ en nous et en nos frères. " Là où je suis, vous serez vous aussi." (Jean 14. 2), à la Croix, à la Résurrection, dans la Gloire. (Jean 17. 22 et 23)

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En les éclairant les uns par les autres, ces textes nous apportent une richesse immense. Ils ne sont pas à commenter. Ils sont à pénétrer.

Par exemple, la juxtaposition du chapitre 14 avec le chapitre 1er de ce même Evangile.. "A ceux qui l’ont reçu, à ceux qui croient en son nom, il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu... De sa plénitude, nous, nous avons reçu grâce sur grâce." (Jean 1. 12 à 17)

Alleluia ! alleluia ! "Tu nous fais participer à ta propre nature divine." (Prière sur les offrandes de ce dimanche)

 

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