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L'Eglise évangélique de la Confession d'Augsbourg
a travaillé avecl'Eglise catholique romaine depuis la constitution,
en 1965-66, d'un collectif chargé d'examiner de quelle façon
les contacts entre la Fédération Mondiale Luthérienne et l'Église
Catholique romaine pourraient au mieux se continuer et s'intensifier.
QUATRE PHASES DU DIALOGUE
On
peut distinguer quatre phases dans le dialogue Catholique romain
- Luthérien.
Ce groupe créa en 1967 une Commission d'Etude de 14 membres
chargée de l'examen du thème "Evangile
et Eglise". La Commission a produit en 1972 un document
commun sous ce titre (document dit aussi : "Rapport de Malte.").
A l'intérieur de ce thème assez général un vaste consensus a
été obtenu, non seulement sur la compréhension théologique de
l'Evangile et de son essence christologique et sotériologique,
mais aussi sur quelques points de doctrine apparentés, fort
importants et jusqu'alors controversés.
La deuxième phase du dialogue a été consacrée à l'étude de questions
spécifiques de dogme qui divisent les Eglises. Cette deuxième
Commission a produit deux documents : sur
l'Eucharistie (1978) et sur le Ministère
dans l'Église (1981). Et tandis que ces documents étaient
façonnés dans le dialogue et la discussion, la commission produisait
quelques documents supplémentaires: une déclaration commune
à l'occasion du 450ème anniversaire de la Confession d'Augsbourg
(le document fondateur de l'Église Luthérienne) en 1980, et
en 1983 un document sur Martin Luther ( Martin Luther - Témoin
de Jésus - Christ ), pour le 500ème anniversaire de sa naissance.
Par après, deux documents " Ways to Fellowship " (1980) et "
Unity Ahead " (1984), traitèrent de la façon dont l'unité visible
pourrait être concrètement réalisée.
Comme des deux premières phases était sorti un large consensus
sur des questions théologiques importantes, il fut décidé qu'au
cours d'une troisième phase l'on se pencherait sur les conséquences
de ce consensus sur l'unité ou la communauté de l'Eglise. C'est
pourquoi la troisième phase a traité de
l'Église et de la nature de son instrumentalité dans
le plan de Salut de Dieu. Ce travail, commencé en 1986, a abouti
en 1997 à la déclaration
commune sur la doctrine de la justification.
Parmi les questions qui restent en attente pour
une quatrième phase, il y a notamment :
- Le magistère épiscopal et papal
- La Mariologie et les saints
- L'Ecriture Sainte et la Tradition
- Le nombre de sacrements.
De plus, les Eglises devront déterminer si des questions éthiques
peuvent s'avérer être éléments de division, par exemple leur
perception de l'homosexualité, de l'avortement et du contrôle
des naissances.
LA METHODE DU DIALOGUE
Comme les documents du dialogue le montrent, un large consensus
a été atteint même sur des questions épineuses telles que
la compréhension de l'Eucharistie.
La méthodologie appliquée a consisté à s'appuyer sur l'exégèse
biblique moderne, les deux Eglises ayant reconnu que, sur beaucoup
de points, la controverse confessionnelle avait été lourdement
influencée par la situation historique. C'est pourquoi la Commission
a pris en considération la dimension historique, la nature historique
de la théologie et des structures de l'Eglise.
Par suite de la nature de la Réforme, les deux Eglises se sont
définies l'une par rapport à l'autre, avec pour résultat que
les positions luthériennes et catholiques romaines ont été bloquées
depuis qu'ont été formulés les concepts de la Réforme. En ce
qui concerne l'Eglise Catholique romaine, cette position ne
fut ni mise en question ni réexaminée avant que le Concile ouvre
la porte à une recherche biblique et théologique adéquate.
CONVERGENCE ET CONSENSUS
A partir du moment où les deux Eglises se sont autorisées à
dépasser ces positions pétrifiées, un étonnant accord est apparu.
La Commission a constaté la pauvreté des mots humains pour décrire
le divin. Ainsi elle a pu voir qu'un même concept avait été
exprimé de façon largement différente. Cependant, la Commission
a aussi utilisé le terme convergence pour indiquer une position
qui ne serait pas tout à fait un consensus.
Les plus récents documents font état de "consensus croissant",
"convergence croissante" ou "convergence essentielle". La question
qui se pose, bien sûr, est de savoir si une convergence est
suffisante pour vaincre la séparation entre les Eglises. La
convergence légitimerait-elle la communion entre les deux Eglises?
Les membres de la Commission disent clairement que le but du
dialogue n'est pas d'atteindre un consensus théologique catégorique.
La pluralité qui existe au sein de chaque Eglise ne permettrait
pas de s'y attendre. Le temps des Eglises dans lesquelles régnerait
un consensus théologique total est dépassé, disent-ils, soulignant
dans leur conclusion que même l'Eglise Catholique romaine, qui
normalement se caractérise comme telle, ne peut plus réclamer
cette identité.
LE ROLE DU PAPE -
SON MINISTERE
Une grande convergence a été constatée sur les questions de
Foi, mais, bien que des théologiens disent que les différences
subsistantes ne devraient plus diviser les Eglises, le chemin
à faire est encore long. Comme l'encyclique "Ut unum sint" du
pape Jean-Paul II et ses répercussions l'ont montré, le rôle
du pape constituera, comme l'avait prédit Paul VI, le problème
le plus ardu.
Le pape Jean-Paul II, dans son encyclique, invite les dirigeants
et théologiens des autres Eglises chrétiennes à examiner de
quelle façon le pape de Rome peut être au service de toutes
les Eglises chrétiennes. Les théologiens ont réagi à cette demande
et abordé la question, notamment lors d'un séminaire international
tenu à l'Académie Catholique de Munich
en janvier 1997.
De façon un peu inattendue, les représentants de toutes les
Eglises présentes se sont déclarés prêts en principe à accorder
à l'évêque de Rome un rôle prééminent, pour autant que le contenu
de ce rôle - qui pour partie est actuellement un résultat de
l'histoire - soit modifié, et l'exercice de l'autorité revu.
Ce sont là, bien évidemment, des conditions d'importance.
Inutile de dire que s'il serait possible à d'autres Eglises
d'accepter le Ministère de Pierre comme symbole et instrument
d'unité pastorale, elles ne pourraient accepter le Pape comme
chef juridique universel. Le point de contact de tout dialogue
supplémentaire sur cette question doit être trouvé dans la compréhension
exacte de ce qui, dans le Ministère de Pierre, est biblique
et de ce qui s'est déterminé au cours de l'Histoire.
Donc, en résumé, nous pouvons dire que Luthériens et Catholiques
romains peuvent être unis dans la Foi, mais pas dans ce qui
est notre position au sujet de l'Eglise et de son autorité,
ou au sujet de l'autorité dans l'Eglise.
LE STATUT DU DIALOGUE
Le dialogue oecuménique rapporté dans les textes ci-dessus est
considéré comme "officiel" par
les deux Eglises concernées, encore que personne n'ait jamais
précisé les conséquences de ce qualificatif. A plusieurs occasions
toutefois, une précision négative a été donnée : le résultat
du dialogue n'engage pas.
Peut-être peut-il paraître contradictoire de conduire un dialogue
officiel dont les conclusions ne lient pas les participants,
mais c'est ainsi qu'il est vu par les deux parties. La nature
"officielle" du dialogue signifie toutefois que les Eglises
en question sont, en tant qu'Eglises, sur
le chemin de la communion; qu'elles se sont lancées dans
le processus du dialogue oecuménique.
De plus, les membres de la Commission jouissent de la confiance
de leurs Eglises respectives, et donc, bien qu'ils ne parlent
pas au nom de leur Eglise, ils parlent dans l'esprit
de leur Eglise. Enfin, les résultats du dialogue doivent être
maintenant examinés par les Eglises respectives et doivent recevoir
une réponse de leurs responsables.
Si cela paraît un résultat fort modeste, nous devons nous souvenir
que nous parlons de deux Eglises dont l'une, de mémoire humaine,
n'avait jamais reconnu ce titre à l'autre. De plus, il est prometteur
de voir que ce qui avait été organisé comme un dialogue sur
l'enseignement et le dogme s'est transformé, en relativement
peu d'années, en un dialogue sur l'Unité.
Source : document
du CIOFS
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