28.08.02
- Pour de nouvelles relations oecuméniques.
"Les Eglises et les organisations oecuméniques
sont bien obligées de constater que leur rôle est de plus en plus concurrencé
par des ONG laïques", a déclaré le secrétaire général du COE aux délégués
du comité central. Mais le COE ne doit pas devenir une ONG comme une
autre."
Dans son rapport, Konrad Raiser a estimé que "le moment est venu de
revoir l'organisation et les structures du mouvement oecuménique au
niveau mondial". Car les jeunes qui, au début du mouvement oecuménique,
constituaient son fer de lance, sont de moins en moins attirés par la
recherche de formes institutionnelles visibles de l'unité de l'Eglise
et de coopération entre Eglises.
Il constate qu'il est difficile de communiquer aux jeunes, en particulier
au travers des médias laïques, la volonté ou le désir "d'être Eglise".
Dans le contexte actuel, les gens veulent et attendent avant tout des
actions immédiates efficaces et des résultats visibles, "ce qui met
en difficulté l'approche diversifiée des organisations oecuméniques
conciliaires traditionnelles".
Le COE, qui a déjà recentré son rôle sur le regroupement
et la coordination de ses partenaires et a laissé les responsabilités
opérationnelles à d'autres, perd une certaine visibilité sociale. Mais,
pour Konrad Raiser, le COE ne doit pas céder aux pressions qui voudraient
en faire une ONG comme une autre, car ce qui donne de la crédibilité
à la voix des Eglises et des organisations oecuméniques, "c'est l'acte
de discernement spirituel."
Dans le droit fil de ces remises en cause, il en appelle à une nouvelle
"configuration oecuménique" où les partenaires, plutôt que de
se concurrencer, entreraient dans une sorte de "Forum oecuménique",
coordonneraient leurs activités et développeraient une nouvelle culture
de dialogue et de solidarité. Ce serait là une excellente occasion d'associer
plus directement l'Eglise catholique romaine à cette future configuration
oecuménique.
Dans un monde où rien n'est prisé autant que la diversité et
l'individualisme, mais où d'autres sont obligés de vivre dans
des communautés "fragmentées sous l'impact de la mondialisation", l'engagement
des Eglises revêt une importance nouvelle. Il doit être "de s'appeler
mutuellement à tendre vers l'unité visible".
Contrairement à la logique de pouvoir et de domination du processus
de mondialisation dominant, affirme le secrétaire général
du COE, "la vision de l'unité de l'Eglise n'est pas un projet hégémonique".
"C'est dans la mesure où les Eglises pourront se reconnaître
mutuellement dans la diversité des cultures, des spiritualités et des
identités confessionnelles qu'elles affirmeront leur cohérence dans
la communion et qu'elles feront pièce aux forces d'exclusion et de fragmentation."
Cela présuppose, avertit-il, qu'il existe un lien de communion fondamental:
celui du baptême unique en Christ, point central de la discussion oecuménique
dont les Eglises n'ont pas tiré toutes les conséquences." Tirant argument
de l'expérience des Eglises d'Asie, qui vivent la pluralité religieuse
et "ne savent pas ce qu'est une Eglise établie", le secrétaire général
du COE invite à entendre leur appel à un "oecuménisme plus large" qui
aille au-delà de la quête de l'unité de l'Eglise pour y ajouter la nécessité
d'un dialogue interreligieux.
Selon Konrad Raiser, la quête oecuménique d'unité se trouve être
dans une étape décisive, provoquée il y a quatre ans par la remise en
cause, par les Eglises orthodoxes, de leur participation au COE en raison
du conflit entre deux conceptions différentes: "celle des Eglises qui,
telle l'Eglise orthodoxe, s'identifient à l'Eglise une, sainte, catholique
et apostolique, et celle des Eglises - plutôt de tradition réformée
- qui se considèrent comme faisant partie de l'Eglise une, sainte, catholique
et apostolique".
L'opposition de ces deux conceptions s'est heureusement muée en "défi
mutuel" et fraternel de réinterroger chacun sa conception de l'Eglise.
C'est une chance supplémentaire pour l'oecuménisme, se réjouit-il, puisque
aucune Eglise ne peut relever seule ce défi. Et de conclure: "toutes
ont besoin les unes des autres".
Pour plus d'informations : Conseil
oecuménique des Eglises
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