11.06.02
- Russie : La politique extérieure du patriarcat.
Reprenant les thèmes d'une conférence
faite par le métropolite Cyrille de Smolensk lors d'un colloque sur
"Religion et diplomatie", les 27 et 28 avril 2001, à Moscou, la revue
suisse en langue allemande "Glaube in der Zweiten Welt (G2W)"
vient d'analyser la politique extérieure du patriarcat de Moscou.
Il y a un an,en effet, la revue "Tserkov i vremia", revue
de réflexion théologique et d'étude des problèmes concernant les relations
entre l'Église et la société, éditée par le département des relations
extérieures du patriarcat de Moscou, publiait deux textes importants
de son responsable, le métropolite Cyrille de Smolensk. Il s'agissait,
d'une part, d'un bilan d'activité de ce département à l'occasion du
55e anniversaire, le 4 avril 2001, de sa fondation, et, d'autre part,
du texte d'une conférence faite par le métropolite lors d'un colloque
sur "Religion et diplomatie".
L'analyse qu'en fait Gerd Stricker, spécialiste des questions religieuses
dans l'ex-URSS et directeur adjoint de G2W, reprend les objectifs de
l'Église russe qui, pour le commentateur, ont toujours coïncidé avec
les lignes fondamentales de la politique étrangère de la Russie. Pour
lui, toute intervention officielle du patriarcat de Moscou sur la scène
internationale a toujours été préalablement concertée avec les autorités
soviétiques, puis russes.
Cette collaboration a été concrétisée en particulier lors d'opérations
visant à récupérer les droits de propriété sur des lieux de culte russes
à l'étranger, en Terre sainte et en Europe occidentale notamment. Il
est vrai que souvent ces lieux de culte ont été bâtis avant la révolution
russe grâce à des financements de l'État ou de la famille impériale
russes et que, comme le dit le métropolite Cyrille, leur restitution
à la Fédération de Russie ne ferait que "réparer une injustice historique".
Le prouvent les récents incidents autour du monastère d'Hébron et du
prieuré de Jéricho, deux sites qui ont été repris par le patriarcat
de Moscou à l'Église russe hors-frontières, grâce à l'intervention de
la police palestinienne, et dont les précédents occupants ont été chassés
manu militari.
Gerd Stricker conteste la lecture de l'histoire récente des relations
entre l'Église et l'État sous le régime soviétique telle qu'elle se
dégage de la communication du métropolite Cyrille. Ce dernier affirme,
par exemple, que, dans les dernières décennies de l'URSS, les responsables
du patriarcat de Moscou et les diplomates soviétiques constituaient
des élites qui s'estimaient l'une l'autre et étaient dans l'ensemble
hostiles au régime communiste, voire même qu'elles auraient contribué
à sa désintégration.
Selon Gerd Stricker; une telle présentation vise à faire oublier qu'une
partie de la hiérarchie du patriarcat de Moscou a collaboré étroitement
avec le régime soviétique, ce que d'ailleurs le métropolite reconnaît
implicitement dans son texte quand il explique, avec une apparente naïveté,
qu'à partir de son entrée au Conseil oecuménique des Églises, en 1961,
l'Église russe a permis aux diplomates soviétiques d'avoir "un accès
à une source d'informations inestimable venant du monde chrétien tout
entier".
Lors des arrestations de chrétiens dans les années 1979-1982, la réponse
était toujours : 'On ne persécute personne pour la foi en URSS, on ne
fait qu'arrêter ceux qui transgressent la loi', mais cette législation
précisément visait à restreindre toute la vie ecclésiale."... "De telles
déclarations montrent que les principaux responsables du patriarcat
de Moscou ont encore beaucoup de mal à aborder sérieusement et ouvertement
les 'négligences' commises par leur Église à l'époque soviétique", commente
encore Gerd Stricker.
Pour plus d'informations : Service
orthodoxe de presse
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