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01.06.02 - Le congrès de la Fédération baptiste de France. "Nous ne sommes pas seulement appelés à dire des choses justes, mais à les vivre dans le quotidien", c'est ainsi que quelques 350 participants ont vécu le congrès annuel de la Fédération des Eglises évangéliques baptistes de France du mercredi 8 au vendredi 10 mai à Metz. Le thème était, cette année : " Parler de Jésus-Christ aujourd'hui ". Il fut décliné sous des aspects très complémentaires par trois orateurs : Sébastien Fath (historien et sociologue), Félicité Edwige (président de l'Union des Eglises de la Mission du Plein Evangile de Martinique) et Eric Denimal (écrivain et journaliste travaillant à la Ligue pour la Lecture de la Bible). L'histoire de l'évangélisation baptiste en France depuis bientôt deux siècles donne à Sébastien Fath l'occasion de mettre en lumière trois spécificités française de la réaction devant l'Evangile qui sont encore d'actualité aujourd'hui. La première spécificité vient de l'accent mis sur l'universalité républicaine. "La France, patrie des droits de l'homme" est presque une religion en elle-même. Elle se présente un peu comme une nation-phare, prophète et flambeau du monde civilisé. L'Evangile peut alors, avec sa prétention à l'universalité, être perçu comme un contre-modèle concurrent. Ce qui relève de la foi apparaît enfermant alors que les droits de l'homme seuls sont perçus comme libérateurs. Une autre spécificité est l'exaltation des racines. Une chose, pour paraître valable, doit, pour beaucoup, être profondément enracinée dans l'histoire et presque dans le terreau français. Dans cette mentalité, ne peut être vraiment français que ce qui est catholique (ou laïc). Il est alors tentant de considérer que tout ce qui est protestant est d'une certaine manière étranger, ou en tous cas qu'il y a une différence entre le protestantisme vraiment français issu de la Réforme calvinienne et des formes protestantes plus récentes " d'importation " anglaise, suisse ou américaine. Enfin, la dernière spécificité soulignée semblait, dans ce Congrès qui se tenait quelques jours après les élections présidentielles, d'une actualité brûlante : la peur de l'étranger, relevant d'un véritable complexe de l'assiégé. On retrouve facilement des tonalités semblables chaque fois que le pays est touché par une fièvre anti-sectes. Là encore, la théorie de l'invasion, du complot qui cherche à saper l'identité française resurgit. Sans doute est-il plus important que nous ne le pensons - et c'est le message final de Sébastien Fath - de prendre en compte ces résistances françaises. Pour le pasteur Félicité Edwige, il arrive que certains opposent l'évangélisation à la théologie comme s'il s'agissait de deux dimensions concurrentes. Celui qui évangélise transmet un message ; il doit savoir de qui et de quoi il parle, comprendre le message et être capable de le présenter à ceux qui l'écoutent. L'évangéliste doit donc avoir une bonne connaissance de la Parole de Dieu qu'il veut transmettre, mais doit aussi savoir l'interpréter. Une théologie qui ne prend pas en compte les besoins psychologiques et spirituels du public restera lettre morte et ne sera pas porteuse de cet Évangile qu'elle veut transmettre. Eric Denimal aborda le problème de la laïcité qui est, pour la France, une dimension fortement identitaire. Reste à savoir ce qu'elle veut dire. Pour beaucoup, elle est encore une laïcité de combat accompagné d'une suspicion générale sur tout ce qui relève du religieux. Quant à l'expression de post-modernité, elle veut décrire notre situation actuelle où tout bouge, où les repères sont à la fois insaisissables et réclamés. Trop souvent on appelle fidèle celui qui est simplement figé dans ce qui est dépassé. Nos contemporains sont de leur temps et nous aussi. Si notre témoignage veut être entendu, il doit répondre aux aspirations de ceux à qui il s'adresse. " Ne pas se conformer au siècle présent " ne veut pas dire se conformer au siècle passé. Il est au contraire nécessaire pour les chrétiens d'être novateurs et d'avancer avec leur temps. L'Église doit interroger ce temps pour le comprendre ; elle est appelée à être prête au dialogue, moins crispée sur ses certitudes. Les discours clos, déjà tout ficelés ne passent plus. Notre attention si extrême à la vérité, notre hantise de la déviance risquent de nous enfermer. Pourquoi ne pas nous engager avec confiance dans l'écoute des gens ? Nous avons besoin de confiance et d'audace pour être des témoins " incarnés " dans la société. Nous ne sommes pas seulement appelés à dire des choses justes, mais à les vivre dans le quotidien et la profondeur de notre temps et des besoins de nos contemporains. Tout cela accompagné de la prière et d'une relation à Dieu qui nous rappellent que dire Jésus-Christ avec la force et l'efficacité qui transforme les vies, cela ne peut être que l'œuvre de l'Esprit et de la grâce. Pour plus d'informations : Fédération Baptiste de France Retour |