13.07.02
- Roumanie : Mise au point du Saint Synode sur l'uniatisme.
Réuni le 2 mai dernier, à Sibiu, le synode des évêques orthodoxes de
Transylvanie a publié une longue mise au point concernant les communautés
uniates de cette région et leurs prétentions à récupérer des lieux de
culte dont elles estiment avoir été injustement privés de 1948 à 1990.
Les évêques orthodoxes espèrent néanmoins que, lors de la rencontre
avec les représentants de la hiérarchie uniate, programmée à la fin
de cette année, une solution sera trouvée au contentieux sur les droits
de propriété et favorisera "la réconciliation nécessaire au renouveau
du dialogue entre l'Église orthodoxe et l'Église catholique".
Ils justifient leur prise de position, soulignant en préambule "la résurgence
des tensions entre orthodoxes et gréco-catholiques dans deux
villages de Transylvanie, le fait que ces tensions sont encouragées
artificiellement par de bruyantes campagnes de protestations tant à
l'intérieur qu'à l'extérieur du pays, la désinformation systématique
de l'opinion publique quant à ces faits."
... " Nos partenaires dans le dialogue, plutôt que de nous rencontrer,
ont préféré faire appel aux bons offices du ministère de la Culture
et des affaires religieuses."
Les évêques orthodoxes soulignent également la radicalisation
des exigences en matière de restitution des biens ecclésiastiques de
la part des gréco-catholiques qui exploitent de manière abusive
la situation politique actuelle, alors que la Roumanie se prépare à
intégrer les structures de l'Europe et de l'Alliance atlantique.
C'est tout cela qui "nous force à procéder à cette clarification", déclarent-ils.
Les évêques insistent sur le fait que "continuer à dire aujourd'hui",
comme le font les responsables gréco-catholiques, "que la majorité
des Roumains de Transylvanie se sont unis à Rome en 1700 de leur propre
initiative et de manière libre, sans aucune contrainte extérieure, […]
témoigne d'une ignorance complète des documents historiques ou d'une
entière mauvaise foi".
Ils reconnaissent la "situation dramatique" à laquelle fut confrontée
l'Église gréco-catholique en 1948, "quand la dictature communiste
[la] déclara hors-la-loi et déclencha de violentes persécutions contre
son clergé". La "seule alternative" qui s'ouvrit à l'époque aux gréco-catholiques
fut de "retourner dans la communion de l'Église orthodoxe dont ils avaient
été séparés en 1700", poursuivent-ils, tout en insistant sur le fait
que cette "alternative" n'avait impliqué aucune "contrainte" de la part
de l'Église orthodoxe.
Enfin, les évêques de Transylvanie insistent sur la nécessité de tenir
compte du nombre réel des fidèles de chaque communauté et aussi du fait
qu'en quarante ans de nombreux uniates sont redevenus orthodoxes. En
1948, selon les statistiques de l'Église gréco-catholique, celle-ci
comptait en Roumanie un million six cent quarante-quatre mille fidèles.
Lors du recensement de 1992, le premier après la chute du communisme,
seulement deux cent vingt-trois mille personnes se sont déclarées de
religion gréco-catholique.
Selon les premières indications disponibles, le recensement de mars
2002 donnerait des chiffres à peu près identiques, "dans un contexte
de liberté démocratique, plus personne n'est soumis à la moindre contrainte".
"Il est temps de comprendre que, dans nombre de paroisses, les orthodoxes
d'aujourd'hui sont les uniates d'hier, et que les uniates d'hier ne
sont rien d'autre que d'anciens orthodoxes."
En 1948, les uniates disposaient de deux mille six cents églises, aujourd'hui
ils en ont trois cent cinquante, dont cent cinquante reprises aux orthodoxes
"de diverses manières" et deux cents de construction récente. Pour les
évêques orthodoxes de Transylvanie, la réalité sociologique ne justifie
pas les prétentions de l'Église gréco-catholique à "récupérer
plus de deux mille églises". "Proportionnellement au nombre actuel de
ses fidèles, l'Église grecque-catholique a d'ores et déjà retrouvé sa
situation d'avant 1948."
"Nous invitons nos frères gréco-catholiques au réalisme, à la
lucidité et à la sagesse, avec le ferme désir de voir notre dialogue
s'étendre au-delà d'une relation strictement juridique alors que les
hommes espèrent beaucoup plus de nous."
Ils condamnent également l'action en justice, engagée le 3 janvier dernier
par l'Église gréco-catholique, en vue d'obtenir les droits de
propriété du monastère de Nicula, dont la fondation remonte à plus de
quatre cent cinquante ans et qui est un haut lieu de pèlerinage orthodoxe,
attirant chaque année des centaines de milliers de fidèles.
Pour plus d'informations : Service
orthodoxe de presse
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