15.10.02
- Un dialogue franc et fraternel.
L'Eglise catholique est "toujours disponible
pour un dialogue fraternel et franc avec l'Eglise orthodoxe", a affirmé
le pape en recevant le patriarche orthodoxe roumain Teoctist qui, pour
sa part, n'a pas hésité à aborder " les tactiques
de compétition déloyale, avec des structures ecclésiastiques parallèles."
Le samedi 12 octobre, après un entretien privé d'une quinzaine de minutes
en tête-à- tête avec le patriarche Teoctist en fin de matinée du samedi,
Jean Paul II a accueilli chaleureusement la délégation roumaine dans
sa bibliothèque privée, avant de prononcer un long discours en français
sur son point de vue concernant l'ensemble des relations entre l'Eglise
catholique et l'Eglise orthodoxe.
"Comment poursuivre ? Quels pourront être nos prochains pas pour parvenir
enfin à la pleine communion?" s'est interrogé le pape.
Première tentative de réponse : "poursuivre le dialogue de la vérité",
ce qui signifie "tenter d'éclaircir et de dépasser les différences qui
demeurent encore aujourd'hui, en multipliant les échanges et les réflexions
au niveau théologique".
Jean Paul II a ainsi souhaité la reprise des travaux de la Commission
mixte internationale pour le dialogue théologique entre l'Eglise catholique
et l'Eglise orthodoxe dans son ensemble, commission créée en 1980. La
huitième et dernière réunion en date qui a eu lieu à Baltimore (USA)
en juillet 2000 avait buté à nouveau sur le problème de l'uniatisme,
l'existence des Eglises catholiques de rite oriental.
La reconnaissance de ces Eglises gréco-catholiques rattachées à Rome
avait fait l'objet de la déclaration de Balamand, lors de la réunion
précédente de la Commission en juin 1983 au Liban, déclaration qui a
été mal acceptée depuis par certaines Eglises orthodoxes, dont celle
de Moscou.
"Notre devoir, a poursuivi le pape, est donc d'extirper les vieux préjugés".
"Là où surgissent des problèmes ou des incompréhensions, il est nécessaire,
de les affronter à travers un dialogue fraternel et franc, en recherchant
des solutions qui puissent engager réciproquement les deux parties"
a-t-il déclaré.
Jean Paul II prône ainsi une intensification des "échanges" et des "rencontres
personnelles", en particulier "la rencontre entre jeunes, car ils sont
toujours curieux de connaître des mondes différents du leur, de s'ouvrir
à une dimension plus large".
"Un autre aspect me semble intéressant, a-t-il encore confié. Je me
demande si nos relations ne seraient pas devenues suffisamment profondes
et mûres pour nous permettre de leur donner une solide structure institutionnelle".
Pour le pape, il s'agit de "trouver des formes stables de communication
et d'échange régulier et réciproque d'informations avec chacune des
Eglises orthodoxes, et au niveau de l'Eglise catholique et de l'Eglise
orthodoxe dans son ensemble"..."Si cette question pouvait être
l'objet d'une sérieuse réflexion -a-t-il conclu-, au cours des dialogues
à venir, ne pourrait-on pas suggérer des solutions constructives en
ce sens?"
Pour sa part, le patriarche Teoctist a affirmé que l'Eglise orthodoxe
roumaine "continue d'apporter sa contribution spécifique aux efforts
du dialogue ocuménique bilatéral et multilatéral". Dans un discours
lu par un interprète en italien, il a cependant regretté qu'après la
période communiste, "des groupes de prétendus évangélisateurs ont assailli
les Eglises locales orthodoxes, provoquant ainsi beaucoup de frustration
et de souffrance".
"L'espérance d'une aide de la part des Eglises des pays libres s'est
transformée rapidement en désillusion, en confusion, en méfiance et
en attitudes sporadiquement anti-ocuméniques, a souligné le patriarche,
les Eglises historiques du lieu se sont vues confrontées à des tactiques
de compétition déloyale, avec des structures ecclésiastiques parallèles,
fondées même par certaines Eglises dont on attendait l'aide fraternelle".
Le chef de l'Eglise orthodoxe roumaine s'est également fait l'écho des
divisions qui perdurent entre Moscou et Rome, en abordant les problèmes
de prosélytisme et de territoire canonique. "D'autres Eglises venant
d'autres lieux sont les bienvenues pour aider à l'activité missionnaire
de l'Eglise, mais seulement à côté et en pleine collaboration avec l'Eglise
du lieu", a-t-il affirmé soulignant "l'importance" et la "valeur" du
principe du territoire canonique.
Quant au prosélytisme, il est "un contre-témoignage" estime le patriarche
"et doit être dénoncé comme tel en toute circonstance". "Nos relations
sont-elles devenues suffisamment profondes et mûres pour nous permettre...de
leur donner une solide structure institutionnelle, de manière à trouver
aussi des formes stables de communication et d'échange régulier et réciproque
d'informations?... Si cette question pouvait être l'objet d'une sérieuse
réflexion -a-t-il conclu-, au cours des dialogues à venir, ne pourrait-on
pas suggérer des solutions constructives en ce sens?". (source : vis)
Pour plus d'informations : Service de
presse du Vatican
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