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La chronique hebdomadaire du P. Pierre
Calimé et du P. Alexis Bacquet,
émission du dimanche matin 7h 45.
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RTL - Un chrétien
vous parle - Dimanche 20 août 2000
Pierre Calimé
Et le respect de l'autre...
Bonjour,
Vous n’avez pas envier d’être pape, vous ? Rien qu’une fois. Rien
que pour rassembler un ou deux millions de jeunes du monde entier.
Pas pour se faire élire: c’est déjà fait. Pas pour les armer de
machettes, de fusils, de slogans. Non, seulement pour rassembler
une foule de jeunes du monde entier dans la paix, pour la paix,
pour faire la paix. Avec un seule arme : l’amour qui est respect
de l’autre. Respect de la vérité.
Rassembler des jeunes pour qu’ils puissent prendre conscience,
au-delà des mots, au delà des fêtes, au-delà des prières, qu’ils
sont le monde de demain. L’Eglise de demain. Et qu’ils doivent
y prendre leur place dès aujourd’hui. C’est un vieux pape rajeuni
incroyablement par tous ces jeunes qui leur dit: "place aux jeunes".
Le vieux pape était jeune quand je lui ai entendu dire aux étudiants
de Varsovie, lors de son premier voyage en Pologne : "vous les
jeunes ne vous permettez pas de mentir. Ne permettez pas non plus
que quelqu’un vous mente". Et le mur du mensonge est tombé en
régime communiste. Et le mur de Berlin est tombé. Et quel mur
tombera aujourd’hui si les deux millions de jeunes réunis à Rome
prennent au sérieux les mots qui les rassemblent : Paix, Justice,
Vérité. Respect.
Sous la chaleur torride et dans l’inconfort des rencontres qui
bousculent, ils vivent pacifiquement la joie et la rudesse des
jours. Ils rentreront physiquement crevés. Mais humainement et
spirituellement refaits . Du moins, je l’espère. Conscient d’une
autre mondialisation que celle du fric: leur mondialisation, celle
de la connaissance et de la reconnaissance. La mondialisation
d’une civilisation de l’amour.
Et nous, ce week-end, rentrant de vacances, comment sommes-nous
?
Physiquement refaits et spirituellement défaits par la mollesse
des jours? Pardonnez-moi de sauter ainsi du coq à l’âne, de Rome
à la mer de Barentz à Gonesse ou aux routes du dernier week-end.
Mais vous avez forcément remarqué qu’un chiffre revient, à quelques
unités près. Le Concorde: 113 morts. Le sous-marin russe : 116
. Les morts du 15 aôut sur les routes: 114, je crois. Chiffres
effarants dont les conséquences sont variables. Le Concorde ne
vole plus. Le président Poutine est en difficulté pour être resté
en vacances pendant l’agonie des marins. On désespère de
leur survie.
Et pour l’hécatombe des routes ? Rien . Le président est toujours
en vacances. Le premier ministre toujours en poste . Et nous roulons
toujours de manière aussi meurtrière. Faut-il que
la mort soit une mise en scène médiatique pour nous impressionner?
Oui, je me réjouis de ce que les jeunes des Journées mondiales
apprennent le respect mutuel et les conditions de la paix. Je
me réjouirais bien plus, et vous aussi, si l’hécatombe hebdomadaire
cessait d’être une habitude mortuaire Il n’est pas besoin d’aller
à Rome, ni d’être jeune, ni d’être pape pour s’inviter au respect
de la vie. Il suffirait, simplement de vouloir du bien à sa femme,
à ses enfants, aux autres et ... à soi-même.
Vous qui faites les fiers à bras au volant, vous connaissez le
vieil acte de charité de mon enfance :" je t’aime, Seigneur, et
j’aime mon prochain comme moi-m me; parce que je t’aime. C’est
tout."
Bonne conduite.
Pierre Calimé
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