-7 octobre 2015 - Synode
LES DIVORCES ET LE CONCUBINAGE EN CHINE
Avec "de nombreuses contraintes politiques" les quelque 10 millions de catholiques chinois vivent les mêmes difficultés que l’immense majorité non chrétienne de la population chinoise, et il s'ensuit des situations qui leur sont propres.
Selon les statistiques du ministère des Affaires civiles, 3,63 millions de couples ont divorcé en Chine populaire l’an dernier – un chiffre en forte hausse par rapport à celui relevé en 2011 (2,67 millions de divorce). Les études montrent que le taux de divorce grimpe aussi vite que l’économie croît.
Des millions de migrants laissent leurs enfants et/ou leur conjoint au village pour trouver à s’embaucher dans les villes. Dans ces dernières, les concubines ont fait leur réapparition, sous le vocable d’"épouse n°2" ou d’"épouse n° 3", et celles-ci sont désormais entretenues comme un signe de réussite sociale et financière.
Ces bouleversements rapides se répercutent sur les familles catholiques. Au Hebei, province qui compte un relativement grand nombre de catholiques, le Père Joseph He, curé de paroisse, constate qu’un couple sur dix, parmi ses ouailles, connaît de graves difficultés.
"Et parce qu’ils ne peuvent pas attendre des années [avant d’obtenir une éventuelle reconnaissance de nullité de leur mariage], ils se remarient sans tenir compte du droit canon".
Ces dernières décennies, lorsqu’un couple souhaitait demander une reconnaissance de nullité pour son mariage, le dossier devait aller à l’officialité (tribunal ecclésiastique) du seul diocèse de Hongkong. Mais, avec l’augmentation du nombre des dossiers à traiter, ce dernier s’est trouvé engorgé.
Pour remédier à cette situation, différents diocèses du continent reconnus parle Saint-Sèige ont pris le temps de former des canonistes, mais ceux-ci sont encore trop peu nombreux et on ne compte aucun docteur en droit canon parmi eux. La réforme introduite le 8 septembre dernier par le pape François et la simplification des procédures amélioreront sans doute les choses, estime le Père Joseph He, mais il faudra du temps.
"Pour bien des fidèles, dans les familles catholiques traditionnelles, le mariage est pour la vie, explique-t-il. Si un divorce intervient, ils éprouvent un profond sentiment de honte et se gardent de revenir à l’Église. Même les parents des époux divorcés s’abstiennent de recevoir la communion".
A Hongkong, où le divorce est depuis bien des années une réalité, sinon banale du moins statistiquement significative, l’Eglise fait face à des problèmes quelque peu différents. "Le divorce et la question du remariage ne concernent pas que le fait de pouvoir ou non communier. C’est toute la pastorale qui est concernée", explique Kevin Lai, secrétaire général de la Commission diocésaine pour le mariage et la famille.
Les mentalités des canonistes occidentaux devant les situations continentales chinoises ne correspondent pas à ce qu'elles sont.
Et dans le même temps, les réponses des catholiques hongkongais au questionnaire envoyé par le diocèse en amont du Synode montrent une inquiétante augmentation du nombre des divorces chez les personnes âgées.
Le phénomène s’explique ainsi: Hongkong figure parmi les villes où les prix de l’immobilier sont les plus élevés au monde. Une des conséquences de ce coût du logement est que, bien trop souvent, les couples ne perçoivent leur union que comme une alliance bien comprise en vue de prospérer financièrement et de se loger.
"Quand, l’âge venant, les couples se mettent à vivre 24h sur 24 ensemble, une fois à la retraite et les enfants partis, ils se trouvent à ne pas ressentir de l’affection l’un pour l’autre. Ils jugent qu’ils ont fait leur devoir et c’est alors qu’ils pensent à se séparer". (source : Mepasie)
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