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L'Épiphanie et la Théophanie
La manifestation de Dieu et sa reconnaissance

 
LE BAPTÊME DU CHRIST DANS L'ART  
 
Il ne peut être question de faire ici une histoire de l'art, mais de ressentir comment en chaque époque et en chaque culture a été traduit l'évangile.

L'iconographie qui entoure les textes liturgiques dans le fichier précédent nous disaient déjà cette distance entre l'Orient et l'Occident latin. Nous n'en donnons ici que quelques témoins. Les oeuvres issues de la Renaissance jusqu'à nos jours parlent d'elles-mêmes.
 

Jusqu'à la Renaissance, les représentations du Baptême du Christ ont été, à quelques exceptions près, des oeuvres qui avaient pour but de soutenir la vie spirituelle ou liturgique ou de l'accompagner.

Dans tous ces cas, une théologie guidait les auteurs, que ce soit pour les icônes ou enluminures des manuscrits. D'un côté Jean-Baptiste et de l'autre le ciel entrouvert. Au centre le Christ dans des attitudes diverses qui voulaient exprimer l'un ou l'autre des aspects de ce mystère.



Rimini - 1330

Icône arménienne - 14ème s.
Mais l'Orthodoxie et la tradition orientale, par leur attachement à la tradition dogmatique filtrent très sévèrement toute émotivité. Elle suit et y traduit la révélation de l'évangile ou les textes liturgiques des kondakions et des tropaires, rassemblant tous les aspects de cet événement unique pour en dégager son sens ultime, avec telle ou telle insistance significative.

Cette icône arménienne insiste sur la présence de l'Esprit-Saint, tandis que l'icône égyptienne, à la même date, souligne que le Christ a assumé toute la nature humaine, sauf le péché.


Icône égyptienne - 14ème s.

Toscani - 1424
Jusqu'au début du XIVème, l'iconographie occidentale restera fidèle à cette tradition. Nous le voyons avec le baptême de Rimini. Et également chez certains peintres non encore influencés par Florence, comme Francesco Toscani.

C'est alors que la révolution humaniste opérée par le Renaissance va privilégier le côté humain et émotionnel de l'homme-Dieu plus que le Dieu-homme, à supposer même que Dieu perce sous l'image d'homme.




Léonard de Vinci - 1473

Le Pérugin - 1500

Le Pérugin, dans la Sixtine, y multiplie les personnages dans un cadre champêtre. Il y a ceux qui bavardent, ceux qui, plus loin attendent, et celui qui vient d'être baptisé par Jean.

Piero della Francesca est plus sobre, mais comme pour le Pérugin, on est loin de l'essentiel du mystère que révèle l'évangile.

A partir de la fin du XVème siècle, les peintres aménagent les différents paramètres de la scène avec un souci réel de mettre en valeur, soit la foule qui se presse au bord du Jourdain, soit la rencontre de Jésus et du Baptiste.


della Francesca - 1552
En cette même période, en 1515, Joachim Patenier, un paysagiste flamand de la Haute Renaisance, met Jésus et Jean au centre, tout en ouvrant ses perspectives à un merveilleux paysage.

Pour rappeler que les foules venaient entendre le Baptiste, il compose un tableau champêtre, d'une grande finesse où se retrouvent attentifs ses contemporains.






Cornelis van Haarlem - 1602
Avec le XVIIème siècle l'on s'éloigne du baptême du Christ. Cornelis van Haarlem cantonne l'évangile à l'horizon. Adam et Éve, en premier plan, sont là pour dire que le baptême du Christ redonne sa pureté à toute l'humanité.

Nicolas Poussin, l'un des maîtres du classicisme français, traduit sa foi dans une scène où il souligne l'humilité du Christ.

Mais dans toutes ces oeuvres la présence du Père et du Saint-Esprit est absente, même si chaque artiste veut traduire un sentiment religieux.


Nicolas Poussin - 1650

D'Aligny - 1842
Il en sera de même jusqu'au XIXème-début du XXème siècle. La scénographie prime sur le message dogmatique. Le Christ et au centre d'un beau paysage. Ou bien par son attitude conventionnelle, il nous dit son humilité.

Il ne manque aucun détail pour dire l'émotion qu'il doit susciter en nous. Mais on est loin de Dieu qui vient s'insérer dans la vie des hommes, en cet événement unique que constitue le baptême de Jésus.

La révélation de Dieu ne transparait pas dans ces paysages, et ces attitudes qui semblent ignorer la parole de Jean le Baptiste quand Jésus a ouvert à l'homme la dimension de la vie éternelle, dans la communion avec Dieu. "J'ai témoigné que celui-ci est le Fils de Dieu". (Jean.1-34)

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