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Le Pape Pie XII et la shoah
Dossier info-catho 2009-DOC
 

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2009-12-28
QUELQUES DATES REPÈRES

En 1933, Adolf Hitler arrive au pouvoir en Allemagne. Les premières condamnations de l'antisémitisme par le Vatican datent, elles, de 1928.

Le 14 mars 1937, Pie XI publie l'encyclique Mit brennender Sorge pour dénoncer la persécution et les camps de concentration, ainsi que les manœuvres visant à un processus d'extermination. Le rédacteur principal de ce document n'est autre que le cardinal Eugenio Pacelli, ancien nonce apostolique en Allemagne et futur pape Pie XII.

Les démocraties occidentales semblent ne pas s'en soucier: plus d'un an après l'encyclique, elles en sont encore à faire des concessions à Hitler, ainsi qu'il ressort de la conférence de Munich des 29/30 septembre 1938.

Le 9 novembre 1938, les Nazis usent de représailles pour l'assassinat d'un diplomate allemand à Paris par un Juif: ils organisent la "Nuit de Cristal" au cours de laquelle 30.000 Juifs sont arrêtés, leurs biens pillés et incendiés. Le grand Rabbin de Bavière parvient à sauver les objets de la synagogue grâce à la voiture du cardinal Pacelli, mise à sa disposition.

Le 24 novembre 1938, le journal des S.S., Das schwarze Korps, écrit que le cardinal Pacelli s'est allié "à la cause de l'internationale juive et franc-maçonne" (sic) tandis que Hitler déplore que le Vatican soit devenu "le pire foyer de résistance" à ses plans.

Le 10 janvier 1939, le cardinal Pacelli adresse une lettre à ses confrères des Etats-Unis et du Canada pour attirer leur attention sur le sort des savants et professeurs juifs chassés d'Allemagne et que l'administration américaine refuse d'accueillir dans ses universités.

Pie XI meurt le 10 février 1939. Les cardinaux réunis en conclave choisissent comme nouveau pape le cardinal Eugenio Pacelli. Celui-ci prend le nom de Pie XII le 2 mars 1939.

Enclave autonome depuis les accords du Latran (1929), le Vatican se trouve cerné à l'époque par l'Italie fasciste de Mussolini. De ce fait, l'administration papale est surveillée par la police italienne puis par l'armée allemande d'occupation: les lignes téléphoniques sont mises sur écoute et les valises diplomatiques sont fouillées. Pie XII et ses collaborateurs sont épiés et leurs messages censurés.

Le pape utilise alors la radio du Vatican; mais lorsqu'en 1939 il dénonce les atrocités commises en Pologne, la réaction des Nazis est d'une violence telle que les évêques de ce pays supplient le Souverain Pontife de ne plus faire part de son indignation. Pie XII modère alors ses propos pour dénoncer la politique de Hitler. Dans son message radiodiffusé de Noël 1941, il condamne "l'oppression, ouverte ou dissimulée, des particularités culturelles et linguistiques des minorités nationales".

Le 20 janvier 1942, les Nazis mettent en œuvre la "solution finale". Dans son message de Noël de cette même année, Pie XII fait observer que "tout ce qui en temps de paix demeurait comprimé, a éclaté dès le déchaînement de la guerre en une lamentable série d'actes en opposition avec l'esprit humain et l'esprit chrétien". Il ajoute que les peuples doivent faire le vœu de ne s'accorder aucun repos jusqu'à ce que tous se dévouent au service de la personne humaine. Il précise que ce vœu, "l'humanité le doit aux centaines de milliers de personnes qui, sans aucune faute de leur part, et parfois pour le seul fait de leur nationalité ou de leur race, ont été vouées à la mort ou à une extermination progressive".

Le 2 juin 1943, Pie XII tient un discours devant le Collège des cardinaux et exprime sa sollicitude envers ceux qui, à cause de leur nationalité ou de leur race, sont "livrés à des mesures d'extermination" dont il veut fustiger toute l'ignominie par des termes forts.

Il déclare cependant: "toute parole de notre part à l'autorité compétente [allemande], toute allusion publique doivent être sérieusement pesées et mesurées, dans l'intérêt même des victimes, afin de ne pas rendre leur situation plus grave et plus insupportable". Les évêques hollandais, avaient fait l'expérience de la violence des Nazis après avoir, en juillet 1942, protesté contre la persécution des Juifs: aussitôt les Nazis organisèrent une fouille minutieuse des monastères et des couvents pour procéder à la rafle de très nombreux Juifs cachés là.

Le 26 juin 1943, radio Vatican fait savoir que "quiconque établit une distinction entre les Juifs et les autres hommes est un infidèle et se trouve en contradiction avec les commandements de Dieu. La paix dans le monde, l'ordre et la justice seront toujours compromis tant que les hommes pratiqueront des discriminations entre les membres de la famille humaine." Le New York Times cite ce message le jour suivant.

Le 25 octobre 1943, Pie XII laisse éclater son indignation dans L'Osservatore Romano; aussitôt les Allemands font saisir le journal et menacent de reprendre les perquisitions dans les monastères pour y débusquer les Juifs cachés.

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