Pour vivre au rythme de l'Eglise universelle.
Les Églises orientales pré-chalcédoniennes
Assemblée spéciale pour le Moyen Orient
du 10 au 24 octobre 2010 à Rome

 



L'ÉGLISE APOSTOLIQUE ARMÉNIENNE
 


L'Eglise apostolique d'Arménie est née de l'évangélisation des saints apôtres Thaddée et Barthélemy.

C'est une Église orientale et autocéphale, faisant partie de l'ensemble dit " des Églises des trois conciles. Le Patriarche suprême et Catholicos de tous les Arméniens qui réside à Etchmiadzin près d'Erevan bénéficie d'une primauté d'honneur parmi les différents hiérarques : le titulaire actuel est Karékine II depuis le 27 octobre 1999.

L'Église apostolique arménienne est aussi connue sous d'autres noms :

Église orthodoxe arménienne
Église arménienne orthodoxe
Église apostolique orthodoxe arménienne
Église grégorienne arménienne
Église apostolique grégorienne
Église d'Arménie

L'Eglise apostolique d'Arménie reconnaît trois conciles œcuméniques : Nicée (325), - Constantinople (381) bien qu'aucune convocation ne fut adressée aux évêques arméniens, à l'exception des évêques de la Petite Arménie, partie occidentale du royaume arménien annexée par l'empire romain en 297. - Ephèse (431), auquel l'Eglise d'Arménie ne put participer à cause de la tutelle perse.

Elle récuse celui de Chalcédoine (451) dont les formulations doctrinales lui ont été transmises d'une manière erronée leur faisant supposer que les Pères de Chalcédoine enseignaient qu'il y a dans le Christ, après l'incarnation, « deux natures , deux personnes et deux formes », en sorte que la Trinité elle-même devenait « quaternité-». Ainsi présentée, la doctrine de Chalcédoine ne pouvait qu'être condamnée.


 
Histoire
   
 

L'Arménie actuelle n'est qu'une petite partie de la Grande Arménie, dont l'histoire témoigne de la fidélité d'une nation qui fut la première à adopter officiellement le christianisme. Car avant Rome, avant Akxoum, l'Arménie s'est proclamée pays chrétien en l'année 301. L'Arménie, c'est tout à la fois une terre, meurtrie dans les siècles d'histoire, un peuple, et un sentiment religieux, une adhésion spirituelle qui se confondent avec l'identité patriotique, aujourd'hui ressoudée par le génocide dont ce peuple fut victime lors de la première guerre mondiale.

Elle a été historiquement très isolée, coincée qu'elle était entre les Byzantins et les Perses, tantôt sous la domination des uns tantôt sous celle des autres. Elle a connu de nombreux envahisseurs, mais elle leur  a toujours résisté comme ce fut le cas lors des invasions mongoles.

  Sa culture est originale et s'est enrichie sans jamais disparaître. Dans les premiers siècles de notre ère, un certain nombre de villes du sud de l'Arménie étaient des villes hellénistiques où l'on trouvait un très grand nombre de marchands orientaux et notamment des marchands juifs.

D'emblée, ces marchands juifs ont pu être touchés par le christianisme naissant, en des années que l'on peut situer vers les débuts du deuxième siècle de notre ère, époque où le christianisme avait par ailleurs gagné la Mésopotamie.

On sait, par les Actes de l'Eglise de Césarée de Cappadoce, qu'il y a effectivement eu un roi Tiridate III contemporain de Dioclétien qui avait été établi sur son trône par les Romains. C'est en 314 qu'est consacré le premier évêque de Grande Arménie, Grégoire l'Illuminateur.

Le problème des chrétientés du Caucase, de l'Arménie comme de la Géorgie, a été celui de l'affaiblissement de Rome et de la montée en puissance des Perses Sassanides. En effet, depuis le conversion de Constantin, vers 312, le christianisme était devenu comme le symbole de l'Empire Romain. En face de cela,  le mazdéisme réapparassait pour quelques décennies, le « roi des rois » Yazgerd Il avec l'aide de 700 mages voulant convertir de force tous les chrétiens de son empire.

Les Arméniens refusent cette conversion mais, en 451, lors de la bataille d'Avaraïr , ils se font massacrer. qui empêchera l'Eglise arménienne de participer au Concile de Chalcédoine. Toutefois  les Perses comprirent qu'il leur fallait mieux reconnaître leur indépendance religieuse.

Le christianisme s'affermissait d'autant qu'en 404, plus la création, à Edesse, de l'alphabet arménien par le moine Mesrop Machtots permet dès 406 une première traduction arménienne de la Bible.

Les liens ont été officiellement rompus avec Rome et Constantinople en 553, lorsque le second concile de Dvin a rejeté la formule de Chalcédoine.

Puis les Arméniens sont, de 654 à 859, sous domination musulmane. En 661, les califes font un concordat avec l'Église arménienne.  Au 8ème siècle, le Catholicos Yovhannes III codifie le dogme, la liturgie et le droit canon de l'Eglise arménienne.

La nation arménienne va connaître une période glorieuse, celle de la dynastie bagratide (885-1045) avec Ani pour capitale, en 961. En 1045, la chute d'Ani, grande cité culturelle, berceau de la poésie arménienne, prise par les Turcs, fut un tournant dans l'histoire de l'Arménie.

Une grande partie de la population part en Cilicie,  où, en 1073 se crée !e royaume arménien de Cilicie qui durera jusqu'en 1375, année où les Mamelouks le détruisent.
 

Après la domination mongole sur la Grande Aménie du 13ème au 15ème siècles, la prise de Constantinople par les Ottomans en 1453 affecte les Arméniens  que connaissent jusqu'à nos jours la domination des Turcs sur l'Arménie occidentale.

En 1915, ils furent victimes du génocide qui fit plus de 1,5 millions de victimes. En 1922, fut créée une République soviétique. L'Eglise, qui conservait son siège à Echtiemadzin fut persécutée. Peu à peu, un modus vivendis'instaura avec le pouvoir, dont le Catholicos Vasken Ier fut l'un des grands artisans.


 
Situation actuelle des juridictions
   
 


L'Église arménienne est divisée en quatre juridictions :

Patriarcat Suprême de tous les Arméniens.
Patriarche Suprême et Catholicos de tous les Arméniens : Karékine II Sarkissian (élu en 1999).
résidence: Etchmiadzin, République d'Arménie

  Adresse : Catholicosat de tous les Arméniens.
1101 Vagharshapat - Arménie.
Tél :  (374-10) 517-110 - fax : 517-301
Email: divanatun@etchmiadzin.am
5,5 millions de fidèles (dont 1,7 millions en diaspora en Iran, Irak, Inde, Égypte, Ethiopie, Europe, Etats-Unis et Australie)

Bien que les différentes juridictions soient autonomes, l'ensemble des fidèles reconnaissent au Catholicos d'Etchmiadzin une primauté en tant que chef spirituel.

Yerevan-nouvelle
cathédrale
Patriarcat arménien  de Jérusalem.
Patriarche du Trône Apostolique de Saint-Jacques de Jérusalem  : Thorgom Manoukian  (élu en 1990).
résidence: couvent Saint-Jacques de Jérusalem.

Adresse : Patriarcat Arménien - Monastère Saint Jacques
P.O. Box 14235 - IL-91141 - Jérusalem
Tél : (+ 972) 2/282 331 - fax :  894 861
7.700 fidèles en Israël, Palestine, Jordanie

Le Patriarche est responsable des Lieux saints de Jérusalem qui appartiennent aux Arméniens.

Patriarcat arménien de Constantinople
Patriarche  des Arméniens de Turquie :  Mesrob Mutafyan (élu en 1998)
résidence : Istanbul, Turquie

Adresse : Kumkapi - Ermeni Patrikligi - Sarapnel Sokak - TR-34480 Istanbul
Tél : (+90) 212/517 09 70 - fax : 516 48 33
e-mail : arm.pat.ist@amicus.com
80.000 fidèles en Turquie,principalement à Istanbul

Patriarcat de Cilicie.
Catholicos de la Grande Maison de Cilicie : Aram Ier Keshishian (élu en 1995)
résidence: Antélias, Liban) : .

Adresse : Catholicossat Arménien -
Antelias. P.O. Box 70317 - RL-Beirut
tél : (+961) 1/41000 - fax: 4 980 060
http://www.cathcil.org
500.000  fidèles au Liban, en Syrie, Chypre et Grèce, ainsi qu'une partie de la diaspora provenant de ces pays

- L'Eglise arménienne catholique
Elle a rejoint l'Église romaine depuis 1635. Elle est constituée en patriarcat.
Patriarche arménien de Cilicie : Jean Pierre XVIII
Siège et résidence : Beyrouth, Liban.
160.000 fidèles,  plus 50.000 en diaspora



 
Précisions doctrinales
   
 


L'Église arménienne considère que le monophysisme selon Eutychès est une hérésie. Rejetant la formule de Chalcédoine, elle adhère à la doctrine formulée par Cyrille d'Alexandrie.

Sa doctrine s'est fixée en 726 au synode de Manazkert : « L'unique nature du Verbe de Dieu s'est faite homme, en prenant une chair corruptible et mortelle, comparable à celle d'Adam après la chute ; mais, par le feu de sa divinité, le Verbe a rendu cette chair immortelle et incorruptible, comme celle du premier homme au paradis. En conséquence, le Christ est naturellement impassible. S'il est mort sur la croix, après avoir souffert, ce n'est pas l'effet de sa nature, mais la décision de sa volonté, en vue de notre salut. "


 
Rites et liturgie
   
 


L'Église arménienne se constitua de bonne heure un rite spécial, par des emprunts faits aux Églises voisines, principalement à celles d'Antioche et de Césarée de Cappadoce. Elle substitua la langue nationale, l'arménien, au grec et au syriaque employés primitivement. Il n'y a jamais eu que les Arméniens, catholiques ou apostoliques, à suivre ce rite.

Elle partage la conviction commune à tous les chrétiens orientaux que la liturgie terrestre, loin d'être une invention humaine, est la réplique de l'adoration des anges dans les cieux. Ce n'est pas un discours adressé à Dieu, ce n'est pas le prononcé d'une prière, mais c'est une rencontre, une adoration active, un mime de l'invisible. Il s'agit non de dire quelque chose, mais de vivre quelque chose, c'est-à-dire de vivre une anticipation de l'éternité céleste, en imagination sans doute, mais c'est bien de cela qu'il s'agit.

Quand l'assemblée entonne le chant du "trois fois saint " (sanctus), elle se joint au choeur céleste qui exulte autour du trône de Dieu, non que les fidèles restent sur terre tandis que les anges seraient dans les cieux, mais ce sont tous les croyants qui montent ensemble devant la face divine sur les ailes de l'Esprit. Les anges sont réellement parmi eux. On en a un indice avec cet instrument liturgique un peu étrange qu'on appelle le flabellum, une grande tige de bois en haut de laquelle il y a un sistre fait de lamelles d'argent avec des grelot et sur lequel sont représentés les séraphins, les plus haut placés dans la hiérarchie des armées célestes. Au moment du "sanctus", le diacre manifeste la présence des séraphins en agitant ce sistre.

Il y a comme une sorte d'émulation entre les hommes et les anges. De ce concours, ce sont les hommes qui sortent vainqueurs car les anges n'osent pas contempler la face de Dieu alors que le prêtre, lui, simple mortel, tient dans ses mains l'eucharistie; et que la Vierge, fille des hommes, a porté Dieu, l'a mis au monde et l'a tenu dans ses bras. Tout cela est explicité par la liturgie.

D'autre part, tourné vers l'est, le célébrant entraîne derrière lui tout le peuple chrétien des ténèbres vers la lumière. Cet "exode" du peuple de Dieu est considéré non comme un déplacement horizontal, mais comme une remontée. L'autel est donc sur une tribune, plus haute que la salle, de sorte que lorsque on entre dans l'église, on monte et le prêtre entraîne les fidèles vers le ciel.


 
Dialogue avec les Églises
   
 


Les rencontres de dialogue ont été fréquentes et le sont encore.  Le Pape Paul VI et S.S. Vasken I, en 1970 - Le Pape Jean-Paul II et S.S. Karekine I, en 1996. - Le Pape Jean-Paul II et S.S. Aram I, en 1997.

Dans une Lettre apostolique, Jean-Paul II écrivait en février 2001 :

" Je suis certain que l'événement dix-sept fois centenaire du Baptême de votre nation bien-aimée constituera un moment significatif et singulier pour poursuivre avec vigueur le chemin du dialogue oecuménique. Les relations déjà cordiales entre l'Eglise apostolique arménienne et l'Eglise catholique ont reçu, au cours des dernières décennies, une impulsion décisive également à travers les rencontres des plus hautes autorités de cette Eglise avec le Pape. Comment oublier, dans ce contexte, les mémorables visites à l'Evêque et à la communauté chrétienne de Rome de sa Sainteté Vazken I en 1970, de l'inoubliable Karékine I en 1996 et en 1999, et celle récente de Karékine II? La remise des reliques du Père de l'Arménie chrétienne à Sa Sainteté Karékine II, en présence du Patriarche arménien catholique, que j'ai moi-même eu la joie d'accomplir récemment pour la nouvelle cathédrale d'Yerevan, constitue une confirmation ultérieure du lien profond qui unit l'Eglise de Rome à tous les fils de saint Grégoire l'Illuminateur.  

C'est un chemin qui doit se poursuivre avec confiance et courage, afin que nous puissions tous être toujours plus fidèles au commandement du Christ: ut unum sint! Dans cette perspective, l'Eglise arménienne-catholique doit offrir sa contribution décisive à travers "la prière d'abord, par l'exemple de leur vie,  par une religieuse fidélité aux anciennes traditions orientales, par une meilleure connaissance mutuelle, par la collaboration et l'estime fraternelle des choses et des hommes."

Le 30 novembre 2006, au cours de son voyage en Turquie, le Pape Benoît XVI a prié dans la cathédrale arménienne apostolique, où il a été accueilli par le patriarche Mesrob II Mutafian. À cette occasion, il a déclaré:

" Notre rencontre est plus qu’un simple geste de courtoisie oecuménique et d’amitié. C’est un signe de notre même espérance dans les promesses de Dieu et de notre désir de voir s’accomplir la prière que Jésus a adressée à ses disciples la veille de Sa Passion et de Sa Mort (Jn, 17:21). (…) Nous devons donc continuer à faire tout notre possible pour soigner les blessures de la séparation et hâter l’oeuvre de reconstruction de l’unité chrétienne."


 
Contact en France
   


Cathédrale Saint Jean-Baptiste
Mgr Norvan Zakarian
Délégué patriarcal pour l'Europe de l'Ouest.
15, rue Jean Goujon. 75008 Paris
tél : (+33) 01 43 59 67 03 - fax : 01 42 56 46 08.
http://www.acam-france.org
e-mail : eglise.apostolique.armenienne@wanadoo.fr

Se reporter également sur l'atlas d'infocatho : Arménie

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