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Vendredi 4 mai 2001
DÉCLARATION COMMUNE DU PAPE JEAN-PAUL II
ET DE SA BÉATITUDE CHRISTODOULOS

Nous, le Pape Jean-Paul II, Evêque de Rome, et Christodoulos, Archevêque d’Athènes et de toute la Grèce, devant la bema de l’Aréopage, d’où saint Paul, le grand Apôtre des Nations, “appelé à être apôtre, mis à part pour annoncer l’Evangile de Dieu”, prêcha aux Athéniens l’Unique Vrai Dieu, Père, Fils et Esprit Saint, et invita ses auditeurs à la foi et au pardon, par la présente, nous déclarons:

1. Nous rendons grâce à Dieu pour notre rencontre et pour notre échange mutuel, ici, dans l’illustre ville d’Athènes, Siège primatial de l’Église orthodoxe apostolique de Grèce.

2. Nous redisons d’une seule voix et d’un seul cœur les paroles de l’Apôtre des Nations: “Je vous exhorte, frères, au nom de notre Seigneur Jésus Christ: soyez tous d’accord, et qu’il n’y ait pas de divisions parmi vous; soyez bien unis dans un même esprit et dans une même pensée”.

Nous prions pour que cette exhortation soit entendue par tout le monde chrétien en sorte que la paix puisse advenir avec “tous ceux qui invoquent en tout lieu le nom de notre Seigneur Jésus Christ”.

Nous condamnons tout recours à la violence, au prosélytisme et au fanatisme au nom de la religion. Nous affirmons en particulier que les relations entre chrétiens, dans toutes leurs manifestations, doivent être empreintes d'honnêteté, de prudence et de connaissance des questions en cause.

3. Nous observons que l’évolution humaine sociale et scientifique n’a pas été suivie par un approfondissement plus grand du sens et de la valeur de la vie, qui, en toute circonstance, est un don de Dieu, ni d’une appréciation de la dignité unique de l’être humain, créé à l’image et à la ressemblance du Créateur. Bien plus, le développement économique et technologique profite non pas de manière équitable à toute l’humanité mais seulement à une toute petite partie d’entre elle. En outre, les améliorations des conditions de vie n’ont pas entraîné l’ouverture du cœur des hommes à leurs prochains qui souffrent de la faim et du dénuement.

Nous sommes appelés à œuvrer ensemble pour faire prévaloir la justice, pour venir en aide aux nécessiteux et pour servir ceux qui souffrent, gardant toujours en mémoire les paroles de saint Paul: “Le Règne de Dieu n'est pas affaire de nourriture ou de boisson; il est justice, paix et joie dans l’Esprit Saint”.

4. Nous sommes consternés de constater que les guerres, les massacres, la torture et le martyre constituent une terrible réalité quotidienne pour des millions de nos frères.

Nous nous engageons nous-mêmes à lutter pour le progrès de la paix dans le monde, pour le respect de la vie et de la dignité humaines, et pour la solidarité avec tous ceux qui sont dans le besoin.

Nous sommes heureux d'associer nos voix à la voix de beaucoup à travers le monde qui ont manifesté l'espoir que, à l'occasion des Jeux olympiques qui auront lieu en Grèce en 2004, revivra l'antique tradition grecque de la trêve olympique, de sorte que cessent toutes les guerres et que s'arrêtent le terrorisme et la violence.

5. Nous suivons attentivement mais non sans inquiétude ce qui concerne la mondialisation. Nous espérons qu'elle portera de bons fruits. Cependant, nous souhaitons mettre en évidence que ses fruits pourraient s’avérer nuisibles si ce que l'on pourrait appeler la “mondialisation de la fraternité” dans le Christ n'était pas réalisée en toute sincérité et efficacité.

6. Nous sommes heureux de prendre acte du succès et du progrès de l’Union européenne. L’union du monde européen en une seule entité civile, sans qu’il y ait pour les peuples perte de leur propre conscience, de leurs traditions et de leur identité nationales, telle a été l'intuition des pionniers.

Cependant, la tendance naissante à transformer certains pays d'Europe en des États laïcs sans aucune référence à la religion constitue une régression et une négation de leur héritage spirituel.

Nous sommes appelés à intensifier nos efforts pour que l'unification de l'Europe puisse se réaliser.

Nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour que les racines chrétiennes de l’Europe et que son âme chrétienne puissent être gardées intactes.

Par cette Déclaration commune, nous, le Pape Jean-Paul II, Evêque de Rome, et Christodoulos, Archevêque d’Athènes et de toute la Grèce, souhaitons que “Dieu lui-même, notre Père, et que notre Seigneur Jésus dirigent notre route.

Que le Seigneur fasse croître et abonder l'amour que vous avez les uns pour les autres et pour tous. Qu'il affermisse vos cœurs dans une sainteté irréprochable devant Dieu notre Père, lors de la venue de notre Seigneur Jésus avec tous ses saints”. Amen.

Athènes, à l’Aréopage, le 4 mai 2001.


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