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24.11.01 - Que penser de "Dominus Iesus".

Certaines commissions de dialogue oecuménique et certains théologiens y ont vu des réticences dans le cheminement vers l'unité des chrétiens. D'autres y voient d'utiles précisions qui ne sont nullement une marche en arrière. Deux cardinaux ont également pris position.

A l'occasion de la Semaine de prière pour l'Unité des chrétiens 2001, "Dominus Iesus" a été l'occasion de nombreux entretiens avec des fidèles et des responsables des Eglises chrétiennes.

Aux yeux du P. Jean-Marc Danty-Lafrance, du diocèse de Paris, la déclaration romaine, si elle ne revalorise pas le dialogue oecuménique, reste négligeable quant à son impact auprès de fidèles et ses retombées au sein du clergé de base sont pratiquement nulles. "Nous avons l'habitude de la langue romaine, et nous ne nous sentons par outre mesure concernés... Il menace moins l'oecuménisme que la lassitude ou le désintérêt de la base pour un oecuménisme qui piétine et s'enlise."

Pour le P. Ronald Cosic, du diocèse de Nanterre dans la banlieue parisienne :"Il n'est ni plus ni moins qu'une invitation à rester soi-même. Mis ne nous alarmons pas. L'origine romaine explique en partie les réactions épidermiques à un texte sans impact réel sur le commun des fidèles."

Patrick Jacquement, dominicain, est plus critique. On peut y voir un frein (au dialogue oecuménique). Même si ce flot de paroles de la curie restera sans effet... Le temps n'est plus où l'on imaginait pas d'être fidèle sans se conformer à la ligne romaine. Qui peut croire que la majhorité des jeunes des JMJ se plient aux paroles vaticanes sur la sexualité et le reste ?"

Tout en recommandant de replacer le document romain publié par le cardinal Ratzinger "dans le contexte général des déclarations de l'Eglise", le cardinal Martini, archevêque de Milan souligne que le salut existe aussi en dehors de l'Eglise. Commentant au cours d'une conférence de presse, le document romain "Dominus Jesus", le cardinal milanais Carlo Maria Martini, a rappelé que le chemin vers le Salut ne passe pas exclusivement par l'Eglise catholique. "Tout homme peut gagner son salut, et cela même en dehors de toute Eglise, s'il est conduit par la grâce de Dieu, par sa conscience morale et par l'Esprit saint."

C'est le message du concile Vatican II, a rappelé le cardinal. " Le document romain ne devrait pas faire obstacle au dialogue inter-religieux", a poursuivit le cardinal Martini. Pour cela, il demande que chacun étudie sérieusement les données de ce document et il recommande de le replacer dans le contexte général des déclarations de l'Eglise sur le dialogue, en particulier par rapport à l'encyclique sur l'œcuménisme "Ut unum sint"... Le ton employé dans ce document, consacré pour une large part au dialogue inter religieux, est plutôt dur. C'est justement pour cela qu'il requiert une écoute et un approfondissement particulier."

Dans le même sens, à Pékin, lors du Sommet des Religions pour la Paix, le cardinal Etchégaray, président du Comité du Jubilé, a précisé : "Le respect plénier entre religions va plus loin qu'une simple tolérance rendue inévitable par un pluralisme des croyances entremêmé et visible. Il se fonde, comme l'affirme le concile Vatican II, non sur le droit de la vraie religion, mais sur le droit de toute personne humaine à une liberté religieuse qui soit protégée par l'odre juridique de la société... Regroupé pour la première fois dans la même arche de salut par un Pape à l'audace prophétique, la famille humaine redécouvrait dans la joie l'unité divine de ses origines."

Pour plus d'informations :
Conférence des évêques de France

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