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Les Églises et l'oecuménisme
LES PIONNIERS DE L'OECUMÉNISME

 
PIONNIERS et GRANDES FIGURES  
 
Le cardinal Mercier (1851-1926)

Ordonné prêtre en 1875, la guerre de 1914-1918 lui fournit l’occasion de prouver son patriotisme et sa résistance à l’occupant. Dans une lettre pastorale intitulée "Patriotisme et endurance" qui fut lue dans toutes les églises, il proclama que l’obéissance n’est due qu’à Dieu et à l’autorité légitime. L’occupant n’osa pas user de représailles à son égard.

De 1921 à 1923, avec l'abbé Portal et lord Halifax, il posa les premiers jalons de l’œcuménisme en provoquant ce que l’on a appelé les "Conversations de Malines ", un dialogue constructif entre les anglicans et les catholiques. Les premières tentatives faites par eux en 1896, mais elles avaient échoué à cause du raidissement du pape Pie X.

  Le cardinal Mercier les reprit en raison de sa grande autorité. Avec les anglicans, il fit le point des convergences et des divergences entre les deux Eglises, en particulier en ce qui concerne la primauté romaine et l'éventualité d'un patriarcat anglican..

Pie XI confirma en 1924 son accord sur la poursuite de ces conversations, malgré des réactions hostiles, mais elles furent arrêtées par la mort du cardinal Mercier et celle de l'abbé Portal en 1926. A ce moment d'ailleurs Pie XI prit une position en retrait dans son encyclique "Mortalium animos". Les conversations cessèrent.

 

L'archevêque Nathan Söderblom (1866 - 1931)

Archevêque luthérien d'Upsalla en Suède, il déploya beaucoup d'efforts en faveur de la paix au point qu'en 1930 il recevra le prix Nobel de la Paix. Pionnier de l'oecuménisme, il fonda en 1925 le "Mouvement oecuménique du christianisme pratique" dont le manifeste se conclut par un vibrant message "aux travailleurs du monde entier."

Pasteur de l'église suédoise de Paris, il fréquente les milieux catholiques progressistes de l'époque. Pour lui, l'Eglise doit vivre un christianisme d'action de justice.

 

Après la guerre de 1914-1918, il cherche à réunir les différentes Eglises en vue d'actions communes en faveur de la justice économique, de la morale sociale et de la paix.

"Le mouvement oecuménique du christianisme pratique", en fusionnant avec le mouvement "Foi et Onstitution" donnera corps au Conseil oecuménique des Eglises.

 
 


Paul Wattson (1863- 1940)

Paul Wattson, né au Maryland (USA) en 1863, appartenait à l’Eglise Episcopalienne. Dès son plus jeune âge, il a voulu s’occuper de la diffusion de l’Evangile et c'est pour cela qu'il devint pasteur de son Eglise.

Mais la division des Chrétiens le scandalisait. Comment est-ce possible que les disciples de Jésus soient membres de plusieurs familles et souvent en lutte entre eux ? Jésus n’avait-il pas parlé de : « Un seul troupeau, un seul pasteur » ? (Jean 10, 16).


Les paroles de Jésus doivent être comprises dans leur sens véritable, comme le rappelle le thème de la Semaine de prière de 2014.

Et pour Paul Wattson, face aux discussions, aux divisions, aux diatribes, il n’y a que la prière pour que l’Esprit du Christ convertisse notre cœur. En 1898, l'épiscopalien Wattson, aidé par Lurana White, fonde non loin de New York à Graymoor, deux communautés religieuses, la « Society of the Atonement»,une masculine et une féminine à laquelle il donne la règle de saint François d’Assise.

Pourquoi ‘Atonement’? En anglais, ce mot signifie « réconciliation » par le pardon. Et l'on trouve justement ce « atonement » dans la lettre de saint Paul aux Romains (Rom 5, 11), selon la version de la Bible de King James. La réconciliation donc nous vient de Jésus, parce que nous avons été justifiés dans son sang. Lors de sa conversion au catholicisme, Wattson prit comme religieux le nom de Paul en hommage à l’apôtre des Gentils.

En 1908, ses deux communautés religieuses lancent l’initiative de la Semaine de prière pour l’Unité des Chrétiens. Son initiative appréciée par les catholiques, d'autant qu'en 1894, le pape Léon XIII avait proposé de consacrer l’octave qui suit la Pentecôte à la prière pour l’unité.

En 1909, Paul Watson entre en communion avec Rome. Les Communautés de l’ « Atonement » entrent dans l’Eglise Catholique. Pour lui, comme pour elles, l'unité signifie le retour des différents confessions chrétiennes à la seule Église catholique.

Aujourd’hui ces religieux sont présents en Amérique, en Europe et en Asie et ils s’appellent: «Franciscans friars of the Atonement» (= Frères Franciscains de la Réconciliation). «Atonement», pour Wattson, pouvait être compris non seulement comme Réconciliation, mais aussi : « At-one-ment », c’est-à-dire : « union en un », afin de refaire la communion à travers le pardon réciproque et la réconciliation.




Père Yves Congar (1904-1995)

Entré chez les dominicains en 1925, il y rencontre le Père Marie-Dominique Chenu. En 1937, un de ses livres, "Chrétien désunis, principe d'un oecuménisme catholique", marque un tournant dans l'oecuménisme.

Au lieu de batailler, il cherchait chez les autres les éléments de vérité qui s'y trouvent et les embrasser.

 
  Entre 1954 et le Concile Vatican II, il fut l'objet d'une mise à l'écart dans la période de raidissement doctrinal qui suivit l'encyclique de Pie XII "Humani Generis".

Mais sa pensée théologique faisait son chemin. "Esquisse du Mystère de l'Eglise" réédité en 1953, "Vraie ou fausse réforme de l'Eglise" en 1950, "Chrétiens en dialogue" en 1964 traduisaient auprès des commuanutés chrétiens, prêtres et laïcs.

Avec Jean XXIII arriva enfin l'heure de la réhabilitation. Désigné comme expert au Concile, il y joue un rôle important. Après le Concile, il poursuivra sa recherche, publiant entre autres un livre "Je crois en l'Esprit Saint" qui est l'expression de sa conviction dans la nouvelle Pentecôte de l'Eglise.
 
 


Abbé Paul Couturier (1881-1953)

Prêtre lyonnais, il était meurtri par les séparations des Eglises chrétiennes. Hanté par ce scandale, il choisi ce que l'on appelle "l'oecuménisme spirituel". Le propre de son action fut d'associer durablement les chrétiens du monde entier dans une démarche de prière commune en faveur de leur unité, tandis que les théologiens et les responsables d'Eglise dialoguent pour répondre à la pensée du Christ "Qu'ils soient uns".

En 1923, on lui demande d’aider des réfugiés ayant fui la Révolution Russe de 1917. À leur contact, il apprend à connaître le christianisme orthodoxe et son riche héritage spirituel.

 

En juillet 1932, il fait sa retraite spirituelle chez les bénédictins d'Amay en Belgique. Il y découvre le testament spirituel du cardinal Mercier et les travaux de Dom Lambert Beauduin, fondateur de l'abbaye de Chevetogne, tous deux précurseurs de l'œcuménisme au sein du monde catholique. Deux voyages en Angleterre en 1937 et 1938 complèteront son ouverture œcuménique avec la découverte de l’Anglicanisme.

En 1933, il mit en oeuve trois journées de prière pour l'Unité, à Lyon. En 1935, il reprit, dans un esprit renouvelé la pratique de l'octave de prières déjà en vigueur dans l'Eglise cathlique depuis le début du siècle. Mais, au lieu de limiter ces prières à la demande du retour des chrétiens séparés de Rome au bercail catholique, il proposa à lk'ensemble des chrétiens, avec le soutien de son archevêque, le cardinal Gerlier, de prier en commun "pour l'unité que le Christ veut, par tous les moyens qu'il voudra."

Dès lors la "Semaine Universelle pour l'Unité des chrétiens" connut un essor extraordinaire dans toutes les Eglises chrétiennes.

En 1937, dans le même esprit et hors de toute mission officielle, il fonda avec Laurent Remilleux, le "Groupe des Dombes". Tous les deux étaient convaincus de l'urgence de l'œcuménisme et voulaient sortir de l'impasse que représentait l'"unionisme". Ils voulaient allier les deux impératifs de la prière et de la théologie au lieu de se concentrer sur un seul de ces aspects. Ce choix présentait un avantage : il permettait de chercher les fondements d'une spiritualité de convergence, sans que les différences soient niées, effacées.

Dès 1939, cette démarche permit au groupe des pionniers d'aborder le thème de l'Église, qui reste un point fondamental de cristallisation des contentieux. Il fraye la voie aux travaux des organes officiels sans que ce rapprochement n'engage les responsables des Eglises. Au début des années 70, le groupe s'est définitivement installé au monastère des Dombes dans l'Ain, ce qui explique son nom, "le groupe des Dombes".




 


Père Christophe-Jean Dumont (1898-1991)

Ce religieux dominicain fut toute sa vie un homme de modestie et d'humilité, de prudence et de discrétion. Il fut un exemple de sagesse, de ténacité et d'audace. Au moment où la ligne générale était l'unionisme, où chaque Eglise n'avait qu'une perspective : le retour des autres à son propre modèle, il partageait l'intuition héritée du P. Portal.

Il pensait qu'il fallait prendre du recul par rapport aux institutions et aux événements, sortir de l'apologétique et, pour retrouver le sens de la parole de Dieu, remonter aux sources.

Il s'adresse alors aux fidèles dans toutes les "Semaines de prière pour l'unité des chrétiens".

 

Il noue des liens étroits avec le patriarche Athénagoras, avec le patriarche melkite Maximos IV, liens qui seront mis à profit pendant le concile Vatican II. Il nourrit un projet avec un newmanien hollandais encore peu connu, Mgr Jan Willebrands, projet qui voit le jour lors d'une rencontre privée à Neuilly et aboutit à la création de la "conférence catholique pour les questions oecuméniques" d'où sortira le "Secrétariat pour l'Unité", institué par Jean XXIII.

   
Il sera le fondateur du centre "Istina" à Paris. Sans chercher la notoriété, mais avec sa faculté de penser vraiment les situations dans leur conjoncture et dans leur évolution, avec un sens averti des hommes et des choses, il tisse ainsi, dans l'écheveau de ses relations, la toile de l'oecuménisme catholique actuel.  

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