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du 10 au 12 mai 2012 (semaine 19)
 

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12 mai 2012 - FSSPX
LETTRE DES TROIS ÉVÊQUES ADRESSÉE À Mgr FELLAY

Pour respecter toutes les nuances importantes et tous les sous-entendus de ces deux lettres, nous donnons ci-joint le texte intégral de la lettre des trois évêques à Mgr Fellay et par ailleurs la réponse du supérieur général de la FSSPX.

AU CONSEIL GÉNÉRAL DE LA FRATERNITÉ SAINT PIE X

Monsieur le Supérieur Général,
Monsieur le Premier Assistant,
Monsieur le Second Assistant,

Depuis plusieurs mois, comme beaucoup de monde le sait, le Conseil général de la FSSPX considère sérieusement des propositions romaines en vue d'un accord pratique, étant donné que les discussions doctrinales de 2009 à 2011 ont prouvé qu'un accord doctrinal est impossible avec la Rome actuelle.

Par cette lettre, les trois évêques de la FSSPX, qui ne font pas partie du Conseil Général, souhaitent lui faire savoir, avec tout le respect qui convient, l'unanimité de leur opposition formelle à tout accord semblable.

Bien sûr, des deux côtés de la division actuelle entre l'Église Conciliaire et la FSSPX, beaucoup désirent que l'unité catholique se refasse. Honneur à ces gens de part et d'autre.

Mais la réalité qui domine tout et à laquelle tous ces désirs sincères doivent céder, c'est que depuis Vatican II les autorité officielles de l'Église se sont séparées de la vérité catholique et, aujourd'hui, elles se montrent, aussi déterminées que toujours, de rester fidèles à la doctrine et pratique Conciliaires.

Les discussions romaines, le "préambule doctrinal" et "Assise III "en sont des exemples éclatants.

Le problème posé aux catholiques par le second concile du Vatican est profond.

Dans une conférence qui semble avoir été comme le dernier testament doctrinal de Mgr Lefebvre, donnée à des prêtres de sa Fraternité à Écône une demi-année avant sa mort, après avoir brièvement résumé l'histoire du catholicisme libéral sortant de la Révolution française, il a rappelé comment les Papes ont toujours combattu cette tentative de réconciliation entre l'Église et le monde moderne, et il a déclaré que le combat de la Fraternité contre Vatican II était exactement le même combat.

Il a conclu : "Plus on analyse les documents de Vatican II et leur interprétation par les autorités de l'Église, et plus on se rend compte qu'il ne s'agit ni d'erreurs superficielles ni de quelques erreurs particulières comme l'oecuménisme, la liberté religieuse, la collégialité; mais plutôt d'une perversion totale de l'esprit, de toute une philosophie nouvelle fondée sur le subjectivisme... C'est très grave ! Une perversion fatale ! ... C'est vraiment effrayant."

Or la pensée de Benoît XVI est-elle meilleure à cet égard que celle de Jean-Paul II ? Il suffit de lire l'étude de l'un de nous trois sur "La Foi au péril de la Raison", pour se rendre compte que la pensée du Pape actuel est également imprégnée de subjectivisme. C'est toute la fantaisie subjective de l'homme à la place de la réalité objective de Dieu. C'est toute la religion catholique soumise au monde moderne.

Comment peut-on croire qu'un accord pratique puisse arranger un tel problème ?

Mais, nous dira-t-on, Benoît XVI est vraiment bienveillant envers la Fraternité et sa doctrine. En tant que subjectiviste, il peut bien l'être, parce que les libéraux subjectivistes peuvent tolérer même la vérité, mais pas si elle refuse de tolérer l'erreur.

Il nous accepterait dans le cadre du pluralisme relativiste et dialectique, à condition de rester dans "la pleine communion", par rapport à l'autorité et envers les autres "réalités ecclésiales". Voilà pourquoi les autorités romaines peuvent tolérer que la Fraternité continue d'enseigner la doctrine catholique, mais ils ne supporteront absolument pas qu'elle condamne la doctrine conciliaire.

Voilà pourquoi un accord, même purement pratique, ferait nécessairement taire progressivement de la part de la Fraternité, toute critique du Concile ou de la nouvelle messe. En cessant d'attaquer ces victoires, les plus importantes de toutes, de la Révolution, la pauvre Fraternité cesserait nécessairement de s'opposer à l'apostasie universelle de notre lamentable époque et elle s'enliserait elle-même. En dernière instance, qui nous garantira de rester tels que nous sommes en nous protégeant de la curie romaine et des évêques ? Le Pape Benoît XVI ?

On a beau le nier, ce glissement est inévitable. Ne voit-on pas déjà dans la Fraternité des symptômes de cette amoindrissement dans la confession de la Foi ?

Aujourd'hui, hélas, c'est le contraire que serait "anormal". Juste après les Consécrations de 1988, lorsque de nombreux braves gens insistaient auprès de Mgr Lefebvre pour qu'il fit un accord pratique avec Rome qui ouvrirait un grand champ d'apostolat, il dit sa pensée aux quatre consécrands : "Un grand champ d'apostolat peut-être, mais dans l'ambiguïté et en suivant deux directions opposées à la fois, ce qui aurait fini par nous pourrir." Comment obéir et continuer à prêcher toute la vérité ? Comment faire un accord sans que la Fraternité "pourrisse" dans la contradiction ?

Et, lorsqu'une année plus tard, Rome semblait faire de vrais gestes de bienveillance envers la Tradition, Mgr Lefebvre se méfiait toujours. Il craignait qu'il ne s'agisse que de "manoeuvres pour séparer de nous le plus grand nombre de fidèles possible. Voilà la perspective dans laquelle ils semblent céder toujours un peu plus et même aller très loin. Nous devons absolument convaincre nos gens qu'il ne s'agit que d'une manoeuvre, qu'il est dangereux de se mettre entre les évêques conciliaires et de la Rome moderniste. C'est le plus grand danger qui menace nos gens. Si nous luttons depuis 20 ans pour résister aux erreurs conciliaires, ce n'était pas pour nous mettre maintenant entre les mains de ceux qui professent ces erreurs."

A la suite de Mgr Lefbvre, le propre de la Fraternité est, plus que de dénoncer les erreurs par leur nom, de s'opposer efficacement et publiquement aux autorités romaines qui les diffusaient. Comment pourrait-on concilier un accord et cette résistance publique aux autorités romaines, dont le Pape ? Et après avoir lutté pendant plus de quarante ans, la Fraternité devra-t-elle maintenant se mettre entre les mains de modernistes et libéraux dont nous savons la pertinacité ?

Monseigneur, messieurs les abbés, veuillez faire attention. Vous conduisez la Fraternité à un point où elle ne pourra plus rebrousser chemin, à une profonde division sans retour, et, si vous aboutissez à un tel accord, à des puissantes influences destructrices qu'elle ne supportera point.

Si jusqu'à présent les évêques de la Fraternité l'ont protégée, c'est parce que Mgr Lefebvre a refusé un accord pratique. Puisque la situation n'a pas changé substantiellement, puisque la condition émise par le Chapitre de 2006 ne s'est nullement réalisée (changement doctrinal de Rome qui permettra un accord pratique), écoutez encore votre Fondateur. Il a eu raison il y a 25 ans. Il a raison encore aujourd'hui.

En son nom, nous nous en conjurons, n'engagez pas la Fraternité dans un accord purement pratique.

Avec nos salutations les plus cordiales et fraternelles, in Christo et Maria,

+ Mgr Alfonso de Galarreta + Mgr Bernard Tissier de Mallerais + Mgr Richard Williamson
(source : AP)

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