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2009-01-30 - FFSPX
LA FUITE DE "IL GIORNALE"

Les dysfonctionnements récents dans la transmision de l'information témoignent de l'indispensable remise en cause des relations entre les Conseils pontificaux et les diverses instances épiscopales locales concernées.

D'une manière franche et non polémique, dans une lettre ouverte publiée dans le quotidien catholique "La Croix", Mgr Hippolyte Simon, vice-président de la conférence épiscopale de France, a traduit l'étonnement et l'amertume des évêques de France, d'Angleterre comme du Canada et d'Allemagne, dont ils ont fait état, tenus à l'écart dans le déroulement des événements, par l'instance vaticane en charge de la levée de l'excommunication des 4 évêques de la Fraternité sacerdotale Saint Pie X.

Au terme d'une déclaration d'ensemble faisant le point de la démarche de Mgr Bernard Fellay, il a ajouté :

" Reste un point qui est second mais cependant très grave : il faudra tout de même s’interroger sur la communication des instances romaines lorsqu’il s’agit de sujets aussi sensibles.

" Après la polémique de Ratisbonne (qui mériterait elle aussi d’être démontée attentivement..), j’espère – mais je me réserve d’en parler plutôt en interne - que les responsables de la Curie vont procéder à un sérieux débriefing sur les ratés de leur communication.

" Pour le dire d’un mot, voici comment j’ai vécu les choses :

" Mercredi 21 janvier, les milieux intégristes italiens, qui croyaient triompher, « organisent une fuite » dans « Il Giornale ». Aussitôt le tam-tam médiatique, se met en route.

" Mais nous, membres des conférences épiscopales, nous ne savons absolument rien ! Et pendant trois jours les nouvelles – erronées, qui parlent à longueur de journée de réintégration – prolifèrent dans tous les sens comme un feu de brousse. Tout y passe.

" Arrive alors la « bombe » de Mgr Williamson…

" Et c’est seulement samedi matin, - trois jours trop tard ! -, que nous recevons le communiqué officiel du Cardinal RE. Comment voulez-vous que nous puissions remettre le débat sur des bases correctes ? Le Cardinal Ricard s’y est employé, de très bonne façon, mais le feu était parti, et plus personne ne pouvait alors entendre une parole raisonnable."

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Dans son blog de Rome, la vaticaniste du journal "La Croix", Isabelle de Gaulmyn, commente et complète cela d'une autre manière :

" Tous les « googlepape » n’y feront rien. Entre l’Eglise qui est à Rome, et le reste du monde, la muraille paraît certains jours bien épaisse. Le « vaticaniste »,-comme l’auteur de ces lignes - peut bien tenter d’en comprendre toutes les subtilités: savoir que la levée d’une excommunication n’a rien à voir avec l’approbation de propos négationnistes, connaître suffisamment la pensée du pape pour être certain que rien ne le révulse plus que ces propos, comprendre qu’il peut y avoir plusieurs interprétations d’un même concile.

" Le vaticaniste donc, lit sur l’Osservatore Romano des articles de fonds qui explicitent les décisions du pape, il sait aussi que « ce n’est pas un hasard » si tel geste se fait tel jour ; « exégète », il reconnaît dans un long discours « la » phrase qui montre la réponse du pape, il a appris à distinguer excommunication -d’un évêque- du fait de priver de communion -des divorcés remariés-, enfin, il peut, si vous le voulez, dresser une liste, et elle est longue, de toutes les positions prises par ce pape depuis trois ans contre l’antisémitisme…

" Bref, tout « vaticaniste » acquiert, avec le temps, cette vision subtile, nuancée, d’un univers aux codes si étranges. Mais voilà, autour de cet univers, existe le monde, où l’information circule à la vitesse du son, où le religieux n’est pas « pur », mais souvent mêlé de politique et de culture, un monde où les tragédies du siècle passé ont laissé des blessures profondes, ou le « peuple » de Dieu ne se retrouve pas toujours sur les bancs des églises, et, même si c’est le cas, a la culture de son temps, qui n’est pas toujours celle du Vatican…

" Le vaticaniste, comme tout journaliste, a vocation à faire passer l’information entre deux univers. Mais parfois, entre les deux, le mur semble bien haut, et les pierres bien épaisses ... "

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