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FlashPress - Infocatho
les 8 et 9 mai 2009 (semaine 19)
 

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2009-05-08 - Pèlerinage en Terre Sainte
EN RÉPONSE AUX QUESTIONS DES JOURNALISTES DANS L'AVION
Vendredi 8 mai

Certains pensaient que le Pape ne ferait pas cette conférence de presse à la suite des controverses qu'avait suscité celle de son voyage en Afrique. C'était mal connaître Benoît XVI, qui d'ailleurs élargit le débat et propose un dialogue "trilatéral".

... « Certainement je cherche à contribuer à la paix, pas comme individu mais au nom de l'Église catholique, du Saint Siège. Nous ne sommes pas un pouvoir politique mais une force spirituelle. Et cette force spirituelle est une réalité qui peut contribuer à faire progresser le processus de paix. Je vois trois niveaux.

Primo, comme croyants nous sommes convaincus que la prière est une vraie force et ouvre le monde à Dieu, nous sommes convaincus que Dieu nous écoute et peut agir dans l'histoire. Si des millions de personnes croyantes prient, c'est réellement une force qui influe et peut contribuer à aller en avant vers la paix.

Secundo, nous cherchons à aider à la formation des consciences. La conscience est la capacité de l'homme à percevoir la vérité, mais cette capacité est souvent entravée par des intérêts particuliers. Libérer ces intérêts, ouvrir à la vérité avec les vraies valeurs est un grand engagement. C'est le devoir de l'Église d'aider à connaître les vrais critères, les valeurs vraies, et à nous libérer des intérêts particuliers.

Et ainsi, troisième point, nous parlons aussi à la raison. Justement parce que nous ne sommes pas un parti politique nous pouvons ensuite plus facilement, aussi à la lumière de la foi, voir les vrais critères, aider à comprendre combien elle contribue à la paix et parle à la raison, appuyer les positions réellement raisonnables. Cela, nous l'avons déjà fait et nous voulons le faire encore maintenant, et dans futur ».

- Vous, comme théologien, avez réfléchi en particulier sur la racine unique qui unit chrétiens et juifs. Comment se peut-il que, malgré les efforts de dialogue, il se présente souvent des occasions de malentendus ? Comment voyez-vous l'avenir du dialogue entre les deux comunnautés ?

« Il est important qu'en réalité nous ayions la même racine, les mêmes livres de l'Ancien Testament qui sont, tant pour les juifs que pour nous, le Livre de révélation. Mais naturellement il y a deux mille ans d'histoires distinctes, et même séparées, et il n'y a pas lieu de s'étonner qu'il y ait des malentendus, parce qu'il s'est formé des traditions et des interprétations de langage et de pensée très différentes, pour ainsi dire un univers (cosmo) sémantique très différent, de sorte que les mêmes mots, des deux côtés, signifient des choses différentes.

... S'il y a une rencontre de ces univers sémantiques différents, nous progressons sur la voie du vrai dialogue et apprenons l'un de l'autre. Je suis sûr et convaincu que nous ferons des progrès et cela aidera aussi la paix, et même l'amour réciproque ».

- Sainteté, ce voyage a deux dimensions essentielles de dialogue interreligieux : avec l'Islam et avec le judaïsme. Ce sont deux directions complètement séparées entre elles, ou il y aura aussi un message commun qui concerne les trois religions qui se réclament d'Abraham?

... Malgré la diversité des origines nous avons des racines communes parce que, comme cela a déjà été dit, le christianisme naît de l'Ancien Testament et l'écriture du Nouveau Testament sans l'Ancien n'existerait pas parce qu'il s'y réfère en permanence.

L'Islam aussi est né dans un milieu où étaient présente dès l'origine tant le judaïsme que les différentes branches du christianisme, et toutes ces circonstances se reflètent dans la tradition coranique, de sorte que nous avons beaucoup en commun dans les origines et dans la foi dans l'unique Dieu.

C'est pourquoi il est important d'une part d'avoir des dialogues adéquats avec les juifs et avec l'Islam, mais aussi un dialogue trilatéral.

J'ai été moi-même cofondateur d'une fondation pour le dialogue entre les trois religions. Cette fondation a même fait une édition des livres des trois religions, le Coran, le Nouveau Testament et l'Ancien Testament. Donc le dialogue trilatéral doit continuer et il est très important pour la paix et pour que chacun vive bien sa religion ».

- Vous avez souvent rappelé le problème de la diminution des chrétiens au Moyen Orient et en particulier en Terre Sainte.

... Et nous voulons surtout encourager les chrétiens de Terre Sainte et dans tout le Moyen Orient à rester, à contribuer à leur façon. Ils sont une composante importante de la culture et de la vie de cette région.

... Nos écoles forment une génération qui aura la possibilité d'être présente dans la vie publique ; nous sommes en train de créer une université catholique de Jordanie, cela me semble une grande perspective dans laquelle des jeunes tant musulmans que chrétiens se rencontrent et apprennent ensemble, où on forme une élite chrétienne qui est vraiment préparée à travailler pour la paix. Certainement nos écoles sont très importantes pour ouvrir l'avenir aux chrétiens. Les hôpitaux aussi montrent notre présence.

En outre il y a beaucoup d'associations chrétiennes qui soutiennent les chrétiens selon différentes modalités et avec des aides concrètes, les encouragent à rester. Ainsi j'espère que réellement les chrétiens pourront trouver le courage, l'humilité et la patience de rester dans ces Pays et d'offrir leur contribution pour le futur de ces Pays ».

Texte intégral ci-joint. (source : VIS)