Pour vivre au rythme de l'Eglise universelle.
FlashPress - Infocatho
du 6 au 10 août 2007 (semaine 32)
 

-
2007-08-10 -
LE DÉCÈS DU CARDINAL JEAN-MARIE LUSTIGER

Les obsèques du cardinal Lustiger, se sont déroulées le vendredi 10 août en présence d'une grande foule, de représentants de la communauté juive, des Églises orthodoxes et protestantes, de 18 cardinaux, de 60 évêques et du président Sarkozy.

L'hommage de Maurice Druon, secrétaire perpétuel de l'Académie Française, et le message de Benoît XVI ont été salué par des applaudissements de toute l'assistance.

Mgr André Vingt-Trois, actuel archevêque de Paris, a rendu un hommage tout particulier au cardinal Jean-Marie Lustiger, évoquant le "maître spirituel" et "la personnalité exceptionnelle" de son prédécesseur.

Aaron Lustiger, né le 17 septembre 1926 à Paris dans une famille de commerçants juifs d'origine polonaise, s'était converti à l'âge de 14 ans et, caché par ses parents dans une famille d'Orléans, il fut baptisé en 1940, choisissant le prénom de Jean-Marie. Sa mère fut d'ailleurs déportée en 1942 et périt gazée à Auschwitz.

Il fit ses études secondaires au lycée Montaigne à Paris, et au lycée Pothier à Orléans puis ses études supérieures à la Sorbonne. Il fit ses études religieuses au séminaire des Carmes à l'Institut Catholique de Paris.

Ordonné prêtre en 1954, il fut jusqu'en 1959, aumônier parisien de la Paroisse universitaire (enseignants catholiques de l'enseignement public), aumônier des étudiants en lettres et sciences de la Sorbonne, et des Grandes Ecoles comme l'Ecole Normale Supérieure, l'E.N.S.de Saint-Cloud.

Curé de la paroisse Sainte-Jeanne de Chantal à Paris (XVIe), il fut nommé évêque d'Orléans en 1979 par Jean Paul II, devint archevêque de Paris en 1981, jusqu'en 2005, et cardinal en 1983.

Il donna une vive impulsion à son diocèse et à l'Église en France, innovant dans les médias par la création de Radio Notre-Dame dès 1981 et plus tard de la télévision KTO, dans la formation des prêtres par une nouvelle formule de séminaire, dans la formation des laïcs par l'École Cathédrale et plus récemment dans le domaine de la Culture par la création du "Collège des Bernardins".

Jamais il ne renia ses racines juives. Il se voulait comme les apôtres, disait-il, et c'est ainsi qu'il développa un rapprochement particulièrement intense entre l'Église et le Judaïsme, multipliant les gestes et les rencontres avec les communautés juives en France, en Europe et aux États Unis.

"Son intelligence  vive, son  intérêt  pour  la  pensée  et  la  culture  contemporaines, sa  perception du sens de l’histoire, dont il connaissait intimement le tragique, sa curiosité  insatiable, ses intuitions fulgurantes sur l’évolution de la civilisation occidentale et les dangers qui pouvaient la menacer, ont fait de lui une voix écoutée, non seulement par  les chrétiens, mais  aussi par tous ceux qui œuvrent au  respect  de  la  conscience  humaine et s’interrogent sur le devenir de notre culture et de notre société", dit de lui le président de la conférence des évêques de France, le cardinal Ricard.

Auteur de nombreux ouvrages sur la foi, Mgr Lustiger avait été élu en juin 1995 à l'Académie Française au fauteuil du cardinal Albert Decourtray. Il y avait fait son dernier passage le 31 mai pour adresser ses adieux aux "Immortels". "Vous ne me reverrez pas", leur avait-il lancé.

Aux obsèques du cardinal , Maurice Druon, secrétaire perpétuel de l'Académie Française, a salué la mémoire et l'oeuvre de réconciliation entre juifs et chrétiens du cardinal Jean-Marie Lustiger, "homme au-dessus des hommes".

"
L'annonce de sa mort a pris une importance à chaque heure plus vaste et plus significative", a ajouté Maurice Druon, "comme si sa forme humaine avait un peu caché sa grandeur, et que se révélait, dans sa totale amplitude, l'image d'un homme au-dessus des hommes".

Puis il
s'est adressé au défunt: "Vous fûtes, Jean-Marie, pendant un quart de siècle, une manière de miracle: l'incroyable survenu, l'invraisemblable manifesté, l'impossible existant; vous fûtes le cardinal juif".

"Dans un monde en crise, vous avez repris, renoué, réconcilié en vous-même les fondements de notre civilisation et l'avez aidée à soutenir les coups de boutoir non du modernisme mais de la religion".

En octobre 2006, Mgr Lustiger avait lui-même annoncé aux prêtres et diacres de Paris qu'il était atteint d'"une maladie grave dont le traitement a commencé".

Sa dernière apparition en public remontait au 4 avril 2007, quand il vint pour la messe chrismale, le Mercredi Saint à Notre-Dame.

Homme de foi et de dialogue, ami très proche du Pape Jean Paul II, il fut une grande figure de l'Église contemporaine, selon les termes même duPape Benoît XVI. (source : diocèse de Paris)

Retour aux dépèches