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- Les confréries de pénitents

Par delà des apparences "folkloriques", ce sont des associations dont les membres cherchent à vivre l'Evangile.


Les premières confréries de pénitents apparaissent à la charnière du 12ème et 13ème siècle si l'on en croit les documents d'archives. Celle des Pénitent Blancs de Montpellier remonte à 1230. Elles sont nées de la dévotion des fidèles laïcs eux-mêmes, sans être une institution ecclésiale, même si, plus tard, les évêques se soucièrent de leur existence. Avec le temps, elles connurent une grande extension en prenant la suite des confréries que suscitèrent au XIII ème siècle saint François d'Assise, Saint Dominique et les Ordres mendiants.

C'est, en effet, à cette époque que l'Eglise ayant cessé d'imposer l'usage de pénitences publiques, des confréries de volontaires se créèrent et prirent sur elle les péchés des autres. Elles furent bien souvent aussi des confréries de charité. Ces " charités " assuraient des funérailles honorables à ses membres pauvres, principalement quand les famines et les pestes décimaient la région.

C'est à la même époque que l'on voit aussi se multiplier les confréries corporatives, chacune avec un saint patron, sa paroisse et ses œuvres de soutien entre les membres. Notre-Dame de Paris conserve encore la tradition de la confrérie Saint Eloi des Orfèvres qui chaque année, au mois de mai, offrait un tableau appelé un " May " et dont plusieurs sont actuellement dans les chapelles latérales de la cathédrale parisienne. A Toulon, la confrérie de saint Eloi regroupait les maîtres serruriers, les couteliers, les chaudronniers, les maréchaux-ferrant, les lanterniers, les fondeurs et les selliers.

De nature toute différente, les confréries de pénitents sont en quelques sorte le prolongement de la pénitence publique qui disparaissait alors dans l'Eglise, Beaucoup de fidèles se sentant pécheurs s'imposaient ainsi diverses pratiques pour le pardon de leurs fautes, chantaient des offices dans des chapelles particulières qu'ils construisaient à cette intention, se préoccupaient d'ensevelir dignement les morts. Dans certaines régions, s'ajoutait à cela le soutien des condamnés à mort aux derniers jours de leur existence.

Le XVI° siècle et surtout le XVII° siècle marquent l'apogée des Confréries de Pénitents. On assiste , en effet, durant ces deux siècles à la fondation jusque dans les moindres villages d'innombrables " compagnies " de pénitents de toutes les obédiences et de toutes les couleurs, des bleus, des gris, des verts, des rouges, des violets, etc, sans oublier les noirs qui paraissent spécialisés dans le soulagement des prisonniers et des condamnés à mort.

Ces confréries sont le plus souvent locales, créées par des laïcs et non pas par les autorités religieuses ni par des ordres religieux, même si l'influence de ces derniers n'est pas négligeable. Ils se considéraient comme des frères et devaient pratiquer leurs devoirs de bons chrétiens, assister aux offices, aux principales processions paroissiales et aux funérailles des confrères.

La règle habituelle était l'anonymat des membres. Les pénitents se considéraient comme des frères, sur un même pied d'égalité, nobles, bourgeois, artisans, ouvriers. Leur souci d'égalité et d'anonymat en public se marquait dans leur costume de cérémonie, un peu fantomatique, en particulier le capuchon en forme de sac.

La couleur du capuchon comme de la bure variait donc selon les confréries. Les pénitents noirs se trouvaient surtout en Picardie et dans le nord de la France, les pénitents bleus, en Languedoc et Dauphiné, les pénitents blancs à Lyon et en Avignon, sans que ces couleurs soient normatives de la région. Actuellement il existe encore de nombreuses confréries dans le sud de la France, Côte d'Azur (anciennement comté de Nice), Pays catalan, Corse, Espagne et Italie.

Au 17ème siècle, dans le département du Var actuel, sur 129 confréries, on recensait 84 blanches, 19 noires, 8 bleues, 7 grises.

A l'occasion de la fête du saint patron de la confrérie, cette association religieuse, fraternelle et caritative se rendait en procession à l'église ou à la chapelle qui était la sienne. La Provence en conserve de merveilleuses qui chacun mérite qu'on s'y rende.

Avec le temps, ces confréries de pénitents ont évolué. Leurs processions sont devenues parfois de véritables spectacles folkloriques qui attirent les foules, à Sartène en Corse, comme à Séville en Espagne. Ce qui ne veut pas dire que les membres de ces confréries n'en vivent pas les buts essentiels et ne les mettent pas en pratique.

D'autres se sont renouvelées, ont même retrouvé ce qui était leur raison d'être; être des associations de laïcs chrétiens, proches de leurs concitoyens, vivant ainsi une fraternité évangélique toute simple.

C'est pourquoi nous vous proposons d'en évoquer quelques-unes , en Corse, en Bretagne, en Auvergne, en Pays catalan, comme en Espagne.

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