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CELAM 2007
Aparecida - 13 au 31 mai.
 
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Panorama historique de l'Amérique Latine

Panorama historique - Quelques dates repères - Fray Bartolomé de Las Casas - Mgr Oscar Romero

L’HISTOIRE N’EST PAS QUE DU PASSÉ
ELLE MARQUE UN AVENIR
QUI S'INSÉRE DANS DES DIMENSIONS MONDIALES


L’histoire plus qu’ailleurs ne peut être négligée dans les perspective de l'évolution du continent latino-américain. Elle nous en dit les racines.

La résurgence actuelle des siècles pré-hispaniques entraîne tout un courant de pensée, et non pas seulement l’arrivée au pouvoir des présidents « indiens » Chavez ou Morales.

Les guerres d’indépendance laissent leurs empreintes dans le refus d’une trop grande allégeance à l’hispanité, même si celle-ci demeure dans de nombreux éléments culturels.

Les courants révolutionnaires sont encore tout proches, ne serait-ce que par la présence du Castrisme et de l’attrait qu’il excerce dans le cheminement de la pensée sociale, en raison même de son évolution et de sa maintenance.

A quoi s’ajoute l’inéluctable mondialisation dans tous les domaines : sociaux, culturels économiques, pensée religieuse et inter-religieuse. « Inséré dans les dynamiques mondiales », selon l’expresion de Benoît XVI

L’Église à l’intérieur d’elle-même est traversée par toute cette réalité, jusqu’à connaître des divergences face aux questions de l’avenir. Elle ne peut négliger cette histoire dans les données de cette ré-évangélisation.


LA NAISSANCE D'UN NOUVEAU CONTINENT : L'AMÉRIQUE LATINE

Le continent américain doit son nom au transfert du prénom d'un modeste navigateur florentin qui aboutit à dépouiller Christophe Colomb des mérites d'avoir accosté le premier un monde qu'il confondit avec les Indes.

Évoquant en 1503 dans ses récits de voyage un Nouveau Monde (Mundus Novus), qu'il ne voulait pas nommer les Indes, Albericus Vespucius pense qu'il est bien de lui donner le nom de celui qu'il croit être le premier découvreur. Et lorsqu'un éditeur de Saint-Dié publie en 1507 une Introduction à la cosmographie, où est suggéré que le nouveau monde s'appelle « America puisque c'est Amerigo qui l'a découvert », les cartographes, astronomes et érudits, puis le grand public, contribuent au baptême collectif du continent.

L'expression «Amérique latine», pour sa part, a été inventée en 1856 par un Chilien et un Colombien vivant à Paris et fréquentant les milieux politiques attachés à la dimension « latine » (français, espagnol et italien) à l'époque de l'ambition stratégique de Napoléon III qui souhaite aider les nations latines d'Amérique et positionner la France en concurrente de l'Espagne, de la Grande-Bretagne et des États-Unis. Sa conquête du Mexique avec l'empire de Maximilien (1863-1867) sera d'ailleurs l'éphémère concrétisation de ce rêve.

Les errements des voyageurs du xvi' siècle et les stratégies concurrentes des puissances européennes trois siècles plus tard ne sont pas qu'anecdotiques. Elles illustrent le mode de formation historique du continent. Depuis la « rencontre entre deux mondes », empreinte de violence destructive et spoliatrice, le destin de l'Amérique latine s'est souvent joué depuis l'extérieur.

LES EMPIRES INDIENS, AZTÈQUES, MAYAS ET INCAS

De nombreuses cultures préexistaient à la colonisation qui s'est traduite par la conquête des empires indiens et la domination de la culture espagnole. En 1521, Hernàn Cortés conquiert Tenochtitillàn, la capitale de l'empire aztèque et, entre 1532 et 1533, Francisco Pizarro impose sa domination dans l'empire inca du Pérou.

Dès le début de cette colonisation, la culture et l'organisation économique et politique des empires indiens sont exposées à des bouleversements irréversibles. La résistance des populations autochtones se prolongera pendant longtemps. Mais, au moment des indépendances, les empires indiens qui ont perdu l'essentiel de leur population sont en pleine décadence. L'apparition des nouveaux pays détruisent encore plus cette culture puisque les anciens empires indiens se trouvent morcelés.

UN NOUVEAU MONDE ET DES EMPIRES

La Couronne espagnole ayant accepté sa proposition de réaliser une expédition pour les Indes passant par une nouvelle route des îles Canaries, Christophe Colomb fait son premier voyage en 1492 et arrive à La Hispaniola (aujourd'hui Haïti et la République dominicaine). Après ce voyage de découverte, il retourne en Espagne puis, entre 1493 et 1502, entreprend trois autres voyages aux « Indes espagnoles ». En 1494, le pape Alexandre VI contraint les Espagnols et les Portugais à se partager les zones de découverte par le traité de Tordesillas, excluant les Anglais, les Français et les Hollandais.

Ce premier voyage de Christophe Colomb, en 1492, ouvre aux explorateurs espagnols, puis portugais un « nouveau monde », vaste et diversifié, . Le deuxième voyage de Colomb est un des plus importants: 17 navires sont préparés pour débarquer sur ce nouveau continent, avec 12000 colons, car ils ont pour objectif de s’établir définitivement à La Hispaniola.

À partir du XVII siècle commence le processus de colonisation de toute la région, du nord du Mexique à la Terre de Feu. Ll'ensemble du continent est désormais soumis aux autorités espagnole et portugaise. L'époque coloniale est marquée par la conquête progressive et systématique de nouveaux territoires, l'exploitation de ses richesses et de ses habitants, le bouleversement de l'ancienne organisation économique, politique, sociale et culturelle. Un nouvel ordre se met en place qui durera trois siècles et marquera profondément l'histoire du continent, tout en laissant hors de cette évolution, les anciennes populations.

DES EMPIRES EN DÉCLIN

La décadence des empires est déjà perceptible au XVIIIème siècle. L'Espagne et le Portugal sont en déclin, leurs économies sont dépassées par celles d'autres pays européens, comme l'Angleterre, et leur niveau d'endettement constitue un obstacle à leurs ambitions extérieures. De leur côté, les colonies produisent d'énormes richesses qui permettent aux créoles d'exercer une influence et un pouvoir croissants dans la vie politique des colonies.

Les tensions augmentent avec les soulèvements des indigènes et des esclaves, qui représentent 85 % de la population totale. Les États espagnol et portugais entrent dans une profonde crise en 1807-1808, à l'occasion de l'expansion napoléonienne. À partir de cette époque, le nationalisme colonial commence à émerger, en plus des soulèvements des popualtions indiennes.

Les colonies voient dans leur métropole un obstacle au progrès. Leur développement économique est de fait bloqué par l'interdiction du commerce entre les régions des diverses colonies et par le monopole total qu'exercent l'Espagne et le Portugal sur leur commerce international.

Ils sont affaiblis tout au cours du XIXème siècle par les attaques britanniques contre les colonies et les flottes espagnoles. L’émergence des mouvements indépendantistes semble inéluctable.

LES GUERRES D'INDÉPENDANCE

Inspirés par le Siècle des Lumières et la Révolution Française, les premiers leaders de ces jeunes pays vont essayé de fonder des nations, où les droits du citoyen seraient respectés. Mais très vite leurs rêves, plutôt utopiques compte tenue des réalités, vont voler en éclats.

Le processus d'indépendance nait dans la région de La Hispaniola, où se répandent les idées de " liberté, égalité, fraternité", issues de la Révolution française. Les colonies revendiquent de plus en plus fermement leur liberté et leur indépendance, s'opposant à l'absolutisme et aux contrôles exercés par les métropoles européennes.

En 1810, la population des régions de Caracas (Venezuela) et de Buenos Aires se soulève contre les autorités espagnoles. En 1816, le congrès de Tucumàn déclare l'indépendance des Provinces unies de la Plata, puis, en 1817, Simon Bolfvar réunit un congrès à Angostura qui déclare l'indépendance du Venezuela en 1819. Ce mouvement touche aussi Cartagena et Bogotà, en Colombie. Il est conduit par de grands leaders comme Simôn Bolivar dans les régions andines et José de San Martin, au Chili et au Pérou.

De nombreuses batailles ont lieu, telles que celles de Junin et d'Ayacucho en 1822 pour la libération du Pérou. Vers 1824, l'Espagne perd l'ensemble de ses territoires, à l'exception de Cuba et de Porto Rico, qui seront indépendants à la fin des années1824. Quant au Brésil, Dom Pedro déclarera son indépendance en 1822 et se proclamera empereur.

Mais l'indépendance se double d
e nombreux conflits territoriaux et même par des guerres, comme celle de la Triple Alliance entre 1864 et 1870, qui fait perdre au Paraguay un tiers de son territoire, ou la guerre du Pacifique entre 1879 et 1883, qui coûte à la Bolivie son accès à la mer.

De la Grande Colombie, fondée par le Vénézuélien Simôn Bolivar, sont nées en effet trois républiques, la Colombie, l'Equateur et le Venezuela. Le Pérou, la Bolivie - auparavant le Haut Pérou - et le Chili se forment difficlement dans la région andine. L'Uruguay se separe de l'Argentine. Le Panamà quitte le giron de la Colombie, tandis qu'en Amérique Centrale, se dessinent les frontières de Costa Rica, Nicaragua, Guatemala, Honduras et le Salvador, en tournant le dos au Mexique, ce que les États-Unis voient d'un bon oeil en raison de l'affaiblisement que cela engendre chez ses voisins. Une exception, le Brésil "portugais" n'a pas succombé aux sirènes de la division.

Alors que l'ensemble de I"Amérique latine a accédé à l'indépendance, ces pays se trouvent toujours dans une situation de désorganisation économique, politique et sociale. Dans certains cas même la diversité ethnique très marquée est un facteur aggravant car aucun de ces nouveaux pays ne dispose d'une culture nationale bien définie, sinon l'hispanité, qui, contrairement à ce qu'on pouvait espérer constitue un obstacle à la construction des Etats-nations, jusque-là inexistants.

Dans le même temps, au sein des pays, les confrontations entre libéraux et conservateurs sont fréquentes. Plusieurs guerres civiles déchirent la Colombie, dont la guerre des Mille Jours (1899-1902), très meurtrière. Le pays affaibli perd Panama peu après. Les conflits non résolus de la période coloniale, les tensions raciales divisent les sociétés.

LES RÉVOLUTIONS DU XXème SIÈCLE

Au xx" siècle, l'Amérique latine connaît de nombreuses révolutions et de multiples tentatives pour renverser le pouvoir en place et instaurer de nouveaux régimes. Ces révolutions ont souvent recours à la violence, aboutissant au chaos et à des guerres civiles comme ce fut le cas de la révolution mexicaine en 1910. Les guérillas, la multitude des mouvements révolutionnaires, les révoltes populaires et les coups d'État se multiplient etmarquent profondément le continent pendant un siècle. Les traces laissées façonnent encore les comportements et les projets politiques, et certains régimes révolutionnaires subsistent encore, tel Cuba.

La révolution mexicaine, qui débute en 1910, est révélatrice du caractère enflammé du continent latino-américain durant ce siècle. Première grande révolution du siècle, porteuse d'un projet de réforme agraire, elle débute par un soulèvement contre la longue dictature modernisatrice du président Porfirio Diaz. Elle connaît une phase militaire, avec la dictature du général Huerta, pour déboucher sur une véritable persécution religieuse, sur une révolution institutionnalisée et un régime de parti unique.

Les années 50 ont été en général un tournant, celui de l'urbanisation, del['industrialisation et de la modernisation, amorcées parfois à partir des années 20 ou 30. Mais la paix civile n'est pas toujours rétablie, en raison même de la pauvreté et des courants idéologiques qui veulent l'éradiquer.

La révolution populaire bolivienne de 1952 porte à la tête du pays le Mouvement nationaliste révolutionnaire. L'armée est alors pratiquement démantelée et de puissants syndicats sont créés.

La victoire castriste à Cuba met eu place une révolution radicale socialiste, avec l'appui de l'Union soviétique dans le contexte de la guerre froide. Plus tard, la révolution sandiniste au Nicaragua, en 1979, tentera de s'aligner sur le modèle cubain.

Mais la plupart de ces révolutions se concluent tragiquement par un coup d'État. Seul le Nicaragua fait exception : l'échec de Daniel Ortega aux élections libres de 1990 traduit le rejet du modèle révolutionnaire socialiste et la lassitude de la guerre civile.

De ce long processus, sont nées plusieurs démocraties qui aujourd'hui luttent encore pour se réaffirmer. Pour quelques pays, le pari n'est pas encore
gagné. Pour d'autres, heureusement, le jeu démocratique est une réalité irréversible.

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