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Le droit, la foi et le positivisme. Cardinal Joseph Ratizinger 11 novembre 1999 Le jeudi 11 novembre, le cardinal Joseph Ratzinger, Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi a été reçu docteur "honoris causa" de la Faculté de Droit de la "Libera Università Maria SS. Assunta" à Rome. Dans son discours dintroduction, il a étudié sur le fond le processus de fragmentation éthique qui touche notre société occidentale, tout comme le relativisme et l'individualisme qui marquent l'esprit de notre époque. Une analyse lucide, mais non pessimiste. Les thèmes abordés concernent la fin de la métaphysique qui conduit au positivisme, la désintégration du temps, remplacé par les formes instables du temps de liberté, lutopie marxiste qui imprègnent encore les mentalité même si lon sen défend, le Droit étatique qui se substitue à lamour dans le respect dû aux personnes. Le Cardinal Ratzinger a expliqué la crise du droit par la "fin de la métaphysique" qui a conduit au "positivisme juridique qui a surtout pris la forme de la théorie du consensus, aujourd'hui". "Si la raison n'est plus en mesure de trouver le chemin de la métaphysique, il n'y a plus pour l'État que les dénominateurs communs sur les valeurs des citoyens, des convictions qui se reflètent dans le consensus démocratique", si bien que "ce n'est plus la vérité qui crée le consensus mais le consensus qui crée non pas la vérité mais des ordres communs. C'est la majorité qui décide ce qui doit être considéré comme vrai et comme juste. Ceci signifie que le droit est soumis au jeu des majorités et qu'il dépend de la conscience des valeurs de la société du moment, qui dépend à son tour d'une multitude de facteurs. Concrètement, ceci se manifeste à travers la disparition progressive des bases du droit qui s'inspiraient de la tradition chrétienne. Le mariage et la famille ont toujours moins d'importance que la communauté de l'État et sont remplacées par une multitude de formes de coexistence souvent éphémères et problématiques. La relation entre l'homme et la femme devient conflictuelle ainsi que la relation entre les générations". L'ordre chrétien du temps se désintègre ; le dimanche disparaît et est remplacé de plus en plus par des formes instables de temps libre ; le sacré n'a presque plus aucun sens pour le droit. Le respect de Dieu et de ce qui pour les autres est sacré n'est plus que très rarement une valeur juridique. A tout cela on oppose la valeur plus importante d'une liberté illimitée de parole et de jugement. La vie humaine est aussi quelque chose dont on peut disposer ; l'avortement et l'euthanasie ne sont plus exclus de l'ordre juridique. Dans le domaine de l'expérimentation sur les embryons et des transplantations, on constate des formes de manipulation de la vie humaine dans lesquelles l'homme s'arroge non seulement le droit de pouvoir disposer de la vie et de la mort, mais aussi de contrôler son évolution et sa manière d'être. Étant donné que dans les pays modernes la métaphysique et, avec elle, le droit naturel, semblent sur la voie d'une disparition définitive, une transformation du droit est en cours et il est encore difficile de prévoir dans quel sens ira cette transformation. Le concept même de droit n'est plus délimité de manière précise. Le Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi a également indiqué d'autres éléments qui menacent le droit, notamment dans l'esprit de l'Utopie exprimée dans la pensée marxiste où le monde présent représenté comme étant mauvais, un monde d'oppression et de manque de liberté, devait être remplacé par un monde meilleur à planifier et à réaliser maintenant. C'est sur la base de ces critères que le terrorisme s'est développé : l'assassinat et la violence se présentaient comme des actions morales car ils étaient au service de la grande révolution, au service de la destruction de notre monde mauvais et au service du grand idéal de la nouvelle société. "Dans ce cas aussi la fin de la métaphysique va de soi. Elle est remplacée non pas par le consensus mais par le modèle idéal du monde futur". Le cardinal a également critiqué les différentes formes de la théologie de la libération soumises aux mêmes tentations que le marxisme,et les mouvements gnostiques "qui ajoutaient au non à Dieu créateur, un non à la métaphysique, au droit de la créature et au droit naturel". Il a ensuite déploré l'attitude de tous ceux qui ont "opposé l'Église du Droit à l'Église de l'amour, présentant le droit comme l'opposé de l'amour". Il a également précisé qu'il n'était pas juste de qualifier de fasciste tout ce qui fait référence à la loi et à l'ordre, et a expliqué comment le nazisme avait "piétiné le droit en lui opposant le fameux sentiment populaire". Le Führer lui-même fut ensuite présenté comme la seule source de droit et ainsi l'arbitraire a remplacé le droit". "Le dénigrement du droit n'est jamais et en aucun cas au service de la liberté, mais c'est toujours un instrument de la dictature. "L'élimination du droit est un mépris de l'homme. Là où il n'y a pas de droit il n'y a pas de liberté"... "L'amour chrétien ne peut jamais devenir la base d'un droit étatique. Il va bien au-delà et il n'est réalisable au moins à l'état embryonnaire, que dans la foi ; mais il ne va pas contre la création et son droit. Il se base bien au contraire sur ce droit. Là où il n'y a pas de droit l'amour aussi perd son environnement vital. La foi chrétienne respecte la nature de l'État, surtout de l'État d'une société pluraliste, mais elle sent aussi sa co-responsabilité pour faire en sorte que les fondements du droit continuent à rester visibles et que l'État ne soit pas soumis uniquement au jeu des courants qui changent". L'Eglise en Lituanie connaît une nouvelle situation. Visite "ad limina" des évêques de Lituanie Vendredi 17 septembre 1999 Lors de la visite quinquennale des évêques de Lituanie à Rome, le Pape a évoqué les problèmes de l'Eglise, après le temps de l'occupation soviétique, devant la modernité actuelle. ... Long fut votre chemin de Croix. Tant de fils et de filles de votre pays ont été appelés à donner leur témoignage au Christ au travers des privations, des incarcérations, des limitations de tout genre, jusqu'au sacrifice de leur vie. Désormais la liberté de professer sa foi est pour votre communauté chrétienne une véritable renaissance. Les symboles traditionnels de la Lituanie brillent d'une lumière nouvelle, le sanctuaire dédié à Notre-Dame de la "Porte de l'Aurore", la "colline des Croix" où ont été plantées les "croix" de votre peuple comme sur la colline de la croix du Christ... ... Dans votre compte-rendu, vous mettez en évidence les années de la propagande athéiste qui ont causé tant de dévastations et dont il n'est pas facile de remédier à leurs effets.. ... Mais l'Eglise se trouve désormais dans la nécessité d'avoir une nouvelle créativité. Ce ne sont plus les ravages d'un Etat totalitaire et anti-chrétiens, mals la foi est affrontée à une plus subtile agression, celle des séductions d'un monde sécularisé et hédoniste qui prédominent largement dans les pays économiquement plus évolué. Et cela concerne plus spécialement les nouvelles générations... ... La catéchèse doit aider les personnes à "rencontrer" Jésus-Christ. Cette rencontre ne peut être seulement un froide leçon mais plutôt une force contagieuse d'une vie toute donnée... ... Sur cette base, il faut acquérir toutes les valeurs par un parcours de formation attentif aux différentes situations et aux moments de la vie de chacune des personnes. Cette proposition de la foi doit également être adaptée aux personnes les plus éloignées... ... Une catéchèse qui ne se limite pas à la formation des enfants,mais accompagne chacun jusqu'à sa pleine maturité... ... L'efficacité de cette évangélisation dépend en grande partie de la densité spirituelle des prêtres qui sont les précieux collaborateurs de l'ordre épiscopal... ... Il est indispensable de réaliser au maximum l'équilibre entre les exigences d'une rigoureuse formation spirituelle et théologique etcelle, non moins importante, d'une formation humaine intégrale, ouverte et attentive aux exigences des hommes de notre époque... ... Dans cette perspective, il y a urgence à promouvir la formation des laïcs ainsi qu'à promouvoir une spiritualité du laïcat, qui aident ces laïcs chrétiens à vivre profondément leur vocation à la sainteté. ...La formation d'un laïcat est le vrai secret de la présence significative de l'Eglise dans la société lituanienne." L'Eglise catholique demande pardon. Message du Pape lors de l'audience du mercredi 1 septembre 1999 Devant 8.000 pèlerins qui s'étaient rassemblés dans la salle Paul VI, le Pape a rappelé le devoir de l'Eglise de demander pardon au seuil de l'année jubilaire. Chers Frères et Surs, Dans la ligne du Concile Vatican II, la célébration du grand Jubilé est pour l'Église une occasion privilégiée de demander pardon pour les fautes "historiques" de ses fils. Quand ces fautes ont été établies, en tenant compte du contexte de l'époque, l'Église ne craint pas la vérité et elle ressent le devoir de reconnaître le péché de ses membres et d'en demander pardon à Dieu et aux frères. Cette attitude de transparence n'est pas un reniement de ses mérites dans le domaine de la charité, de la culture et de la sainteté, mais une réponse à l'exigence de vérité à laquelle elle ne peut renoncer. L'approche du Jubilé attire l'attention sur certains péchés présents et passés pour lesquels il faut particulièrement invoquer la miséricorde du Père. Je pense surtout à la douloureuse réalité de la division entre les chrétiens, à l'utilisation de méthodes d'intolérance et même de violence, ou encore au manque de discernement de certains chrétiens face à des situations de violation des droits humains fondamentaux. L'attitude pénitentielle de l'Église de notre temps est un regard porté sur le passé afin que la reconnaissance de ses fautes lui permette, dans l'avenir, de donner un témoignage plus pur. Je salue cordialement les pèlerins francophones présents ce matin. Je souhaite que leur séjour à Rome les aide à rendre toujours plus vivante leur foi au Christ. À tous je donne de grand cur la Bénédiction apostolique. Message du Pape aux jeunes lors de la rencontre européenne de Compostlle. 7 août 1999 Durant la veillée de prière de la rencontre européenne des jeunes pour lannée jubilaire de Saint-Jacques de Compostelle, le samedi 7 août 1999, le Pape Jean-Paul II a adressé un message retransmis en video. En voici quelques extraits significatifs : " Ne décevez pas le Christ qui, plein damour, vous invite à le suivre et vous envoie, comme le fit lapôtre saint Jacques, jusquaux confins de la terre. (...) LEglise vous regarde avec espérance. Vous êtes les générations appelées à transmettre le don de la foi au nouveau millénaire. Prenez dans vos mains le bâtons de pèleri qui est la Parole de Dieu et parcourez les chemins de lEurope. (...) Nayez pas peur dêtre des saints ! Ayez le courage et lhumilité de vous présenter devant le monde décidés à être des saints, parce que de la sainteté naît la pleine et vraie liberté. Cette aspiration vous aidera à découvrir lamour authentique, non contamoné par la permissivité égoiïste et aliénante. Elle vous fera grandi en humanité grâce à votre travail et à vos études. Elle vous ouvrira à la possibilité dun appel au don total du sacerdoce ou de la vie consacrée. Elle vous transformera desclaves du pouvoir, du plaisir et de largent en des jeunes libres et maîtres de leur propre vie. (...) A la Vierge Marie qui, au Portique de Gloire de la cathédrale de Saint-Jacques de Compostelle, est représentée dans le geste expressif de son acceptation de la volonté divine, je confie les fruits spirituels de lAnnée Jubilaire de Compostelle et de cette rencontre européenne des Jeunes. A elle qui, selon une pieuse tradition, a soutenu lapostolat de lapôtre Jacques, je demande et la prie de guider, comme létoile du Troisième millénaire, les pas évangélisateurs des nouveaux apôtres du Seigneur dans la construction dune Europe unie et passionnée de paix." Jean-Paul II |