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évangélique dont ils ont la
charge, les évêques et leurs
assemblées et pour l'inculturer dans
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évêques publient des documents
dont nous voudrions vous faire partager la
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significatifs, parce qu'ils dépassent
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- Homélie de
Noël, de Mgr Jacques Noyer, évêque
d'Amiens, retransmise par R.T.L. (25 décembre
1999)
- Message des évêques de France aux
prêtres de leurs diocèses. (7 novembre
99)
- Homélie du cardinal Lustiger aux jeunes
prêtres. (7 novembre 99)
- Mgr Delaporte : Une Eglise de tendresse (Juin 99).
-
Homélie
de la nuit de Noël 1999
prononcée
sur R.T.L
par Mgr Jacques Noyer, évêque
d'Amiens.
Comme chaque année, Dieu interpelle ce monde
en déposant au milieu de notre actualité ce
petit enfant pauvre, faible et inconnu.
Au milieu des tremblements de terre et des
déluges, des coups d'Etat à la machette et
des guerres sophistiquées, des famines et des
misères, des marées noires et des
épidémies contrôlables, des bogues
informatiques et des terreurs apocalyptiques, de la
mondialisation et du chômage, Dieu dépose un
petit enfant ! Il ne dit rien d'autre ce petit enfant
fragile, au babil inertain, dans la pauvreté d'une
étable.
Un petit enfant comme les vôtres que vous allez
gâter pendant ces fêtes ! Un petit enfant
ceomme des enfants abandonnés, mutilés,
dénutris chaque jour sur nos écrans ! comme
ceux qu'il voudra laisser venir à lui quand il
sera grand ! comme ceux qui tomberont sous les coups d'un
Hérode jaloux et danguinaire !
A chacun de comprendre ce message, à chacun
d'entendre dans le secret de son coeur ce que Dieu lui
dit cette nuit dans ce petit enfant !
A tous ceux qui ont peur de l'avenir et regrette le "bon
vieux temps", il dit que l'humanité recommence en
chaque enfant et que les siècles qui rident notre
humanité ne peuvent empêcher la vie de
renaître à neuf comme un nouveau projet.
A ceux qui ressentent la vie comme un combat sans merci,
fait de cruauté et de revanche, il dit que la
tendress n'a pas déserté le coeur de
l'homme et qu'il suffit d'un regard d'enfant pour en
faire jaillir les flots !
A tous les impatients qui veulent réussir de
grandes choses, il dit que tout commence petit, que la
patience est nécessaire, qu'il faut attendre le
moment favorable et que le temps travaille pour Dieu
!
A tous ceux qui croient que Dieu est une idée
lointaine et uneréaité inaccessible, il dit
qu'Il les tout proche et que, si l'on a du mal à
le reconnaître, c'est parce qu'il est pauvre parmi
les pauvres, un excl parmi les exclus, un
déplacé avec les
déplacés.
A tous ceux qui n'arrivent plus à croire ni
à faire confiance parce qu'ils ont
été trop déçus, trop trahis,
il dit que chacun peut renaître et redevenir comme
un petit enfant, qu'il est possible de se libérer
de son passé trop lourd parce que la confiance de
Dieu est infinie.
Il dit que l'An 2000 est une année de
grâce. Il dit que le Jubilé ouvre
toutes grandes les portes de la
miséricorde. Il dit que nous pouvons entrer
dans ce monde sans dette. Il dit que tout est
possible, même que nous devenions des saints !
même que l'humanité soit en paix et que les
hommes soient heureux !
Cela dépend de nous, de chacun de nous ! Nous le
savons, c'est le projet de Dieu.
Conférence
des évêques de France
Message aux prêtres.
Novembre
1999
Réunis à Lourdes, nous pensons
à vous, nos frères, qui avez part à
notre ministère apostolique. Par ce message,
confié aux plus jeunes d'entre vous, nous voulons
partager avec vous notre espérance.
A quelques semaines du Grand Jubilé de l'an 2000,
notre regard se tourne vers Jésus, l'Emmanuel,
"Dieu avec nous" (Mt 1, 23). Ensemble,
évêques, prêtres et diacres, nous
avons confessé le Christ mort et
ressuscité, "le Sauveur du monde" (Jn 4, 42).
Le Christ est pour nous l'unique Seigneur. Il est le Fils
Bien Aimé du Père. En Lui, nous
découvrons de quel amour nous venons, vers quel
amour nous allons. En Lui, nous sont pleinement
manifestées la beauté de Dieu et la
grandeur de chaque personne humaine, créée
à son image et appelée à la joie et
à la résurrection.
Le Christ est pour nous l'unique Bon Pasteur. Il nous
apprend le regard qui pardonne, le cur qui
écoute, la parole qui relève et qui sauve.
Il éveille et réveille en nous la
charité pastorale, vécue dans la patience
et l'ardeur, la miséricorde et l'exigence, la
bonté et la justice.
Le Christ est l'unique Prêtre, notre Pâque.
Il fait de nous les ministres de l'Eucharistie,
célébrée au sein de nos
communautés, pour offrir avec tous les
fidèles l'action de grâce. A cause du
Christ, nous accueillons toute personne en son histoire,
pour lui révéler l'amour dont Dieu l'aime,
afin qu'un jour, tous les hommes puissent dire avec Lui:
"Père".
***
Le Christ est Celui qui, depuis 2000 ans, de
génération en génération,
appelle des hommes à tout quitter pour le suivre.
Un jour, à notre tour, les uns et les autres, nous
avons été appelés en son nom
à servir nos frères, à la
manière des apôtres. Nous avons reçu
cette mission en étant conscients qu'elle nous
dépassait. Au jour de notre ordination, nous avons
demandé la force de l'Esprit, promise par le
Ressuscité, force qui anima et anime les saints et
les saintes d'hier et d'aujourd'hui.
Suivre le Christ n'est pas plus facile pour nous que pour
les Douze. Comme eux, nous connaissons des heures de joie
et de vraie fécondité pastorale; l'action
de grâce monte alors à nos lèvres.
Comme eux aussi, nous connaissons les heures de peine. Le
mystère de la Croix est au cur de nos vies.
Nous recevons pour nous-mêmes l'Evangile du Salut
et le pardon que le Christ nous charge d'offrir à
tous.
Même si, de bien des manières, nous
rencontrons comme saint Paul l'indifférence
(Ac.17, 32), même si nous savons que les
Béatitudes dérangent, comme elles
dérangeaient déjà au temps de
Jésus, nous proposons par de multiples initiatives
l'Evangile du Christ, Bonne Nouvelle pour le monde
d'aujourd'hui. Nous "poursuivons notre course, parce que
nous avons été nous-mêmes saisis par
le Christ." (cf. Ph. 3, 12)
- Nous croyons que le Christ est "avec nous tous les
jours" (Mt 28, 20), alors que nous éprouvons notre
affaiblissement numérique et que nous pouvons
ressentir de l'appréhension devant l'accumulation
des charges et les risques d'une moins grande
disponibilité.
- Nous croyons que le Christ nous invite à nous
aimer les uns les autres, à nous recevoir
mutuellement comme des frères qu'Il nous donne
pour la mission, alors même que nous
éprouvons la difficulté de nous enrichir
entre générations inégales pour
vivre la même charité pastorale.
- Nous croyons en l'Esprit du Christ, capable de rajeunir
sans cesse son Eglise. Nous rendons grâce pour les
fruits de l'Esprit qui surgissent, même si certains
apparaissent parfois là où nous n'avons ni
semé ni arrosé, plutôt que là
où nous avons peiné et peinons encore.
- Nous croyons à la puissance de l'Evangile que
nous annonçons à temps et à
contretemps à ceux qui sont loin comme à
ceux qui sont proches, dans notre société
en pleine mutation et en constante recherche
d'elle-même. Nous savons que, avec les
communautés chrétiennes, les prêtres
jouent un rôle irremplaçable pour construire
une société où tous puissent vivre
ensemble dans la paix et la vraie tolérance.
***
Aujourd'hui, au nom du Christ et de l'Eglise, avec tous
les baptisés et consacré(e)s, nous vous
disons merci. Nous vous redisons le souhait du Christ
à ses disciples: "Que ma joie soit en vous et que
votre joie soit parfaite" (Jn 15, 11). Nous voulons
surtout rendre grâce à Dieu pour le
ministère qu'Il nous a confié, à
vous comme à nous:
- C'est Lui qui nous donne de demeurer en tenue de
service pour que le sacerdoce du Christ soit
présent en notre monde.
- C'est Lui qui nous donne de mettre nos pas dans ceux de
Jésus, aimant ceux et celles vers qui Il nous
envoie, les acceptant tels qu'ils sont. Ils sont membres
du Peuple de Dieu; ils sont chercheurs de paix et de
vérité.
- C'est Lui qui nous donne d'accueillir comme une
grâce d'avoir été choisis comme
serviteurs de l'unité, pour annoncer l'Evangile,
pardonner les péchés, consoler les malades,
présider l'Eucharistie,
afin
d'édifier les communautés et de les
conduire vers une plus grande sainteté.
- C'est Lui qui nous donne de recevoir comme une
grâce l'appel exigeant d'un plus grand amour pour
tous, que le Christ nous adresse à vivre librement
dans le célibat.
- C'est Lui qui nous donne la liberté de livrer
nos vies, en vivant comme une grâce
l'obéissance "à l'évêque et
à ses successeurs", attestant que nous recevons
jour après jour la mission que nous confie
l'Eglise.
- C'est Lui qui nous donne d'accueillir comme une chance
pour l'Eglise la présence et le ministère
des diacres, témoignant avec nous de l'amour du
Christ serviteur.
Avec nous, vous êtes liés à un
peuple, à son histoire et à sa terre. Le
Christ vous envoie vers les communautés, paroisses
et mouvements, au milieu desquels et pour lesquels, jour
après jour, vous exercez votre ministère.
Dans l'espérance fidèle, la foi
vécue, l'amour partagé et le don de soi,
habitant tant d'hommes et de femmes, dont Il vous rend
témoins, Il vous donne le signe de sa
présence.
Avec vous, nous rendons grâce pour le don du
Concile Vatican II, dont l'enseignement est force et
lumière pour la nouvelle
évangélisation. Nous croyons que Dieu a
suscité et suscite encore parmi nous les
évangélisateurs dont notre pays a besoin.
Nous croyons que le Christ appelle des jeunes à Le
suivre, afin que l'Evangile soit annoncé aux
générations de demain. Nous croyons que
c'est l'Esprit d'amour, répandu dans les
curs, qui a conduit beaucoup d'entre vous à
se dépenser pour les plus pauvres et les
blessés de la vie, comme Il en appelle aujourd'hui
d'autres à se lever pour défendre la
dignité inaltérable de toute personne
humaine. C'est ce même Esprit qui fait mûrir
entre les prêtres, les diacres et les laïcs
ces collaborations nouvelles, donnant un nouveau visage
à nos communautés.
***
La foi et l'action de grâce ne nous empêchent
nullement d'appréhender les conditions qui sont
aujourd'hui celles de l'exercice de votre
ministère. Nous n'ignorons pas les questions que
posent les réorganisations ecclésiales, les
évolutions culturelles, les bouleversements de la
société française. Nous croyons que
l'Esprit conduit son Eglise et nous aide à
chercher ensemble les justes modalités du
ministère sacerdotal d'aujourd'hui et de demain.
De façon persévérante, il nous faut
continuer à y travailler, en particulier dans les
conseils presbytéraux et avec les responsables de
formation de nos séminaires. Nous croyons que le
Seigneur nous donnera le courage d'accomplir ensemble ce
qu'Il attend de nous.
Dans la joie de croire et de servir, nous pouvons redire
avec Pierre et chacun de vous: "A qui irions-nous,
Seigneur, Tu as les paroles de la vie éternelle!"
(Jn 6, 68)
Fraternellement.
Les évêques de France
Lourdes, le 7 novembre 1999
Homélie
télévisée
Cardinal Jean-Marie Lustiger
7 novembre 1999
"Alors, le Royaume des cieux ressemblera
à dix vierges qui prennent leur lampe pour sortir
à la rencontre de l'Epoux". Voici le Règne
de Dieu, c'est l'Epoux qui vient, c'est le Messie qui
traverse notre histoire. Il nous donne d'avance la joie
des Noces; cette joie est notre vie. Il est
l'Espérance pour le monde ; cette Espérance
est notre force.
Car les dix vierges, c'est l'Eglise, c'est nous, les
disciples de Jésus. Nous allons au devant de
l'Epoux, le Christ, le Sauveur des hommes. Depuis deux
millénaires, nous marchons à la rencontre
de Celui qui vient vers nous. Il nous invite à
laccueillir pour nous faire entrer avec lui dans la
salle des Noces, pour nous faire partager la joie du
Festin.
Alors que nous allons célébrer la venue en
ce monde du Messie né à
Béthléem, de celui que nous nommons Prince
de la Paix, pouvons-nous sérieusement tenir ce
langage ? Car tant de misères et tant de drames
dont les hommes sont la cause ont terni les espoirs des
générations successives ; car pour tant
d'hommes et de femmes, ce monde semble une nuit aux
lumières incertaines. Comment pourrions-nous
accomplir la mission que nous donne Jésus
d'être "lumière du monde", dannoncer
l'Alliance de Dieu avec les hommes ?
Pour nous aussi, cette nuit est trop longue. Que fait le
Seigneur? Quand viendra-t-il? Alors nous nous endormons.
Comme sendorment les disciples à
Gethsémani, ne supportant pas de prier avec le
Christ en son combat. Nous préférons
l'oubli du sommeil, comme ce sont endormis les
chrétiens au cours des siècles
écoulés.
Nous nous endormons lorsque s'assoupit notre foi, lorsque
nous nous demandons si cette Noce n'est pas un rêve
ou une illusion; lorsque nous préférons
justifier nos mensonges ou nos dérobades par la
complicité du silence et de l'oubli, lorsque nous
nous enfermons dans l'égoïsme et la
suffisance de nos projets au lieu de nous laisser
brûler par l'immense amour qui vient de Dieu,
lorsque nous devenons sourds aux cris de détresse
de nos frères que nous sommes impuissants à
secourir.
Mais, dans la nuit, depuis deux millénaires, un
cri retentit : "Voici l'Epoux. Sortez pour la rencontre".
Ce cri nous arrache au sommeil où s'assoupissait
notre foi, au sommeil où sombrait notre pauvre
amour. Ils se sont réveillés pour aller a
la rencontre de lEpoux, les martyrs des premiers
siècles, les missionnaires qui ont semé la
parole de lEvangile en notre pays, puis tant
dautres saints au cours des siècles. A leur
parole la foule innombrable des disciples de Jésus
sest mise en route, ils ont
évangélisé les
générations successives de notre histoire,
immense procession de lumière au milieu des
ténèbres de la violence et du mépris
envers Dieu et envers le prochain, la flamme de leur
amour resplendit jusquà nous. En cette fin
de millénaire, lEglise nous invite à
faire mémoire du chemin parcouru, à prier
pour les pécheurs, à rendre grâce
pour les saints.
Et nous aussi, nous nous sommes réveillés.
Nous voyons en notre siècle se former le
cortège des Noces, nous voyons apparaître
l'Eglise de notre temps. Surprenant cortège
où se présentent avec leur lampe
allumée tant d'hommes et de femmes que nous
n'attendions pas, de toutes conditions, de toutes
origines, jeunes et vieux, laïcs, consacrés,
diacres, prêtres:
- martyrs de la foi à l'Est de l'Europe, en Asie,
en Afrique, en Amé-rique du Sud, en nos pays
aussi; chrétiens, chrétiennes qui souvent
nous sont demeurés inconnus;
- témoins de la charité; ceux dont les noms
sont aujourdhui célèbres et tous ceux
que nous ignorons, qui donnent tout par amour de l'Epoux
et par amour de leurs frères ;
- messagers d'une espérance inébranlable,
qui, par leur prière, ouvrent à la douceur
de l'Evangile les coeurs de pierre.
Eux aussi - ces martyrs, ces témoins, ces
messagers de notre temps - -crient dans notre nuit:
"Voici l'Epoux qui vient. Réveillez-vous. Sortez
pour la rencontre " . Ils se sont mis debout, ces enfants
de Dieu, parce que - comme les cinq jeunes filles sages
ils avaient pris l'huile sans laquelle la flamme
s'éteint: la foi au Christ sans la-quelle l'amour
s'étouffe et l'espérance meurt.
Ils ont choisi la sagesse et non la folie. La sagesse,
c'est de connaître le mystère du Christ, le
mystère de la Croix, salut de l'homme. La folie,
c'est de juger selon la seule logique humaine; pour elle,
le Crucifié est l'homme vaincu, et non pas l'Amour
plus fort que la mort, le crucifié est
lhomme humilié et non pas l'Amour qui donne
le pardon et la vie. Ils ont choisi la vraie sagesse. Ils
ont choisi le don où l'on ne retient rien pour
soi-même, où tout perdre par amour c'est
tout recevoir de l'amour.
Et nous aujourdhui, Eglise de Dieu, quel choix
allons-nous faire pour lavenir ? Jésus nous
prévient que tous, nous nous assoupirons comme
s'assoupissent les dix jeunes filles. Dans cette longue
nuit de l'attente où nous marchons vers son
Règne, si nous nous endormons, il nous
réveillera, si nous sommes infidèles, il
nous pardonnera. Mais il faut que nos coeurs soient
prêts à l'accueillir. Car si nous le
refusons, il nous refusera. Il faut que notre lampe
continue de brûler et que notre manque de foi ne
l'éteigne pas.
Tel est bien l'enjeu pour notre Eglise. Nous nous
tromperions en jugeant de notre mission selon les calculs
des hommes, lorsque nous constatons en notre pays, la
baisse du nombre des baptisés et des
prêtres, lorsque certains nous annoncent
l'effacement de la foi chrétienne de notre
culture, lorsque nous voyons les moeurs d'un peuple ou
d'une génération oublier rapidement la
beauté de la vie que propose l'Evangile. Dieu ne
nous demande pas de compter les effectifs, mais de
réveiller ceux qui dorment, de crier à
cette génération et à celle qui
arrive : "Voici l'Epoux qui vient. Sortez à la
rencontre".
C'est pour témoigner de cette espérance que
le Seigneur vous a appelés, vous que touche la
parole du Christ, vous chrétiens, pour que
réveillés de votre sommeil, vous soyez
à votre tour des éveilleurs. N 'ayez pas
peur d'aimer Dieu, puisqu'il vous aime. Ne craignez pas
de suivre le Christ, puisqu'il est le Chemin. Ne redoutez
pas que l'on se moque de vous. Soyez au contraire dans
l'allégresse puisque, unis au Christ, vous
annoncez aux hommes par votre parole et votre vie le
chemin du bonheur qui ne déçoit pas.
Et vous, mes amis, qui avez reçu il y a peu
d'années le Sacrement de l'Ordre, c'est le
Seigneur qui vous envoie à votre tour pour
rassembler un peuple qui aille à sa rencontre.
Vous n'aurez pas à accomplir ce que nous faisions,
mais à faire ce que Dieu vous demandera. Une
civilisation nouvelle est en train de naître sous
nos yeux. Vous recevez la mission prodigieuse de lui
annoncer lamour de Dieu pour les hommes. Que votre
petit nombre ne vous effraie pas. Il importe moins que la
force de la foi que le Seigneur vous donne et vous
donnera.
Ne craignez pas la solitude ni l'isolement, puisque vous
aurez en vous la présence du Christ, selon sa
Parole; et que, déjà, vous partagez la joie
de voir l'Esprit de Dieu à l'oeuvre et se servir
de vous comme messagers. Votre vie offerte est
déjà un signe, une parole du Christ pour
ceux à qui vous êtes envoyés. Elle
est aussi un signe de contradiction, comme Jésus
lui-même, pour une civilisation fascinée par
largent, le sexe, le pouvoir et qui en devient
esclave. Courage car vous lui apportez la liberté
du Christ.
Ne vous tourmentez pas de votre langage, notre temps est
rempli de paroles partout diffusées, si vite
dévaluées. Cest lEsprit qui par
votre bouche parlera aux coeurs de vos frères le
langage irrésistible de la Vérité.
Ne vous laissez pas intimider en imaginant les
épreuves ou les difficultés que vous
pourriez rencontrer. Au moment venu, la puissance de Dieu
ne vous manquera pas puisque le Christ nous l'a
promis.
Que votre communion et votre fraternité soient le
garant de l'unité de l'Eglise. Car son lien
indéfectible, c'est l'Esprit, source de la
charité. Ce monde où vous vivez
déjà n'est plus tout a fait celui de vos
aînés; il est nouveau à bien des
égards et attend sans la connaître encore la
nouveauté de l'Evangile.
Ne vous endormez pas et ne permettez pas que le monde
s'endorme. Et si le Christ vous appelle à
consacrer votre vie au service de l'Evangile et de vos
frères, n'ayez pas peur de perdre. Car, en lui qui
est la Vérité, vous recevrez la Vie.
Amen.
France
MgrJacques Delaporte
Evêque de Cambrai
Nous avons relevé ces quelques
lignes dans le dernier bulletin diocésain de
Cambrai à propos du Synode diocésain. (juin
1999)
Ce monde de fin de siècle est du Kosovo
à certains de nos quartiers ou même
certaines de nos familles. D'où l'appel
insistant de nombreux compte-rendus à une Eglise
de tendresse à l'égard des petits, des
pauvres, des personnes
divorcées-remariées.
Une tendreesse qui n'est pas seulement
revendiquées de la part des autres, mais à
vivre par chacun dans les relations
quotidiennes. Une tendresse puisée au coeur
du Christ que nous fêtons cette semaine.
Comme aimait à le dire Madeleine Delbrel :"
L'Evangile n'est annoncé vraiment que si
l'évangélisation reproduit entre le
chrétien et les autres le coeur à coeur du
chrétien avec le Christ de l'Evangile. Mais
rien au monde ne nous donnera l'accès au coeur de
notre prochain, sinon le fait d'avoir donné au
Christ l'accès au nôtre."
France
Mgr Michel Dubost
Au Salon de l'Aéronautique.
Lors de la messe
célébrée, sous l'avion "Concorde"
dans l'enceinte du Salon de l'Aéronautique du
Bourget, au moment où s'arrêtaient les
"frappes aériennes" de l'OTAN, Mgr Michel Dubost a
évoqué ce que l'aviation civile et
militaire lui suggérait dans une perspective
évangélique. Cette homélie a
été retransmise sur "France-Culture".
Que cest beau !
Frères et surs, si vous saviez comme
ils sont beaux ces avions ! Si vous saviez comme elles
sont belles ces fusées
Si vous saviez comme
est grande la création de lhomme telle que
nous la voyons ici : derrière ces grandes nefs
blanches, il y a des milliers de kilomètres de
cables, des millions de soudures, des centaines de
systèmes
Et tout cela fonctionne.
Et tout ce la permet à lhomme de vaincre la
pesanteur et de réaliser son rêve
inaccessible pendant des âges : voler !
Jaimerai être poète pour chanter la
grandeur de ceux dont le travail est exprimé
ici.
Et pourtant, en ce premier dimanche du silence des bombes
sur le Kosovo, je ne peux mempêcher de
penser
Ici, ici même, nous voyons les
instruments de la guerre de demain : avions ou drones qui
captent les informations. Satellites qui photographient,
quelquefois, par le moyen de linfra-rouge au
delà des nuages. Système qui brouillent les
radars et les systèmes de guidage voire de
communication et qui empêchent ladversaire
dagir. Bombes
Et ma fierté se
transforme en honte.
Soyons clairs ! je nai pas honte ni des politiques,
il fallait bien faire quelque chose pour contrer les
volontés dépuration ethnique, ni
encore moins des militaires : jai discuté
avec suffisamment de pilotes ces temps-ci pour être
plutôt admiratif de leurs qualités morales
et de leur volonté de satisfaire les désirs
légitimes des politiques et des électeurs
qui leurs demandaient dagir. Je nai pas honte
pour les autres. Mais pour moi, pour notre
humanité
Et cest avec cette honte au cur que jai
entendu les textes daujourdhui. Jai
entendu Paul nous dire : " Alors que nous
nétions encore capables de rien, (je
commente alors que nous navions pas de quoi nous
vanter), le Christ est mort pour les coupables que nous
sommes. La preuve que Dieu nous aime, cest que Dieu
est mort pour nous
"
Et jentends Matthieu nous dire : " Jésus,
voyant les foules, eut pitié delles parce
quelles étaient fatiguées et
abattues, comme des brebis sans berger ".
Frères et sur, nous avons entendu cela cent
fois
Mais nous avons continué notre vie comme
devant ressassant nos culpabilités et nos hontes,
incapables de trouver dans les réalités les
chemins du bien auquel nous aspirons et faisant,
quelquefois, au nom même de nos bons
sentiments,
plus de mal que de bien.
Pourtant, tout lEvangile est là.
Dieu nous aime dans notre faiblesse. Dans notre
ambiguïté. Il nous sauve - si nous
lacceptons - et veut nous donner le bonheur. Je
vous entends me dire
oui
mais enfin pas
à nimporte quelle condition
pas
gratuitement. Vous avez raison : vous avez entendu le
texte du livre de lExode : Dieu ne pose pas de
conditions pour aimer. Et notamment pas de conditions
morales. Il aime gratuitement. Il veut faire de nous son
peuple chéri. Mais son amour est
exigeant
Comme tout amoureux, il souhaite que nous
le rencontrions et que nous laimions
et que
notre amour se manifeste dune manière qui
peut nous sembler étrange aujourdhui : Vous
serez pour moi un royaume de prêtres
Quest-ce à dire ? Dans lAncien
Testament, le prêtre est celui qui prie pour les
autres, qui enseigne et qui offre des
sacrifices
Savez-vous que, lors de votre
baptême, lorsque le prêtre vous a fait une
onction dhuile sur le front, il a dit : Le
Père " vous a libéré du
péché et vous a fait renaître de
leau et de lEsprit. Vous qui faites
maintenant partie de ce peuple, il vous marque de
lhuile sainte pour que vous demeuriez
éternellement les membres de Jésus Christ,
prêtre, prophète et roi "
Beaucoup se demandent comment être chrétiens
dans ce monde de violence contre lequel nous pouvons si
peu
La réponse chrétienne est simple
à formuler : Soyez chrétiens. Soyez du
Christ. Aimez. Ecoutez lEglise quand elle vous dit
que vous êtes aimés
Et commencez par
prier
Pas dabord agir, prier
Le Christ
,devant la moisson, ne dit pas : " retroussez vos manches
" ; il dit : " Priez ".
Et dans votre prière, commencez par offrir ce qui
est beau à Dieu : Si personne ne chante ce qui est
beau
pourquoi voulez-vous quon ny fasse
attention ? Si la seule manière de se faire valoir
est la force, pourquoi chercher une autre issue ? Nous
avons un devoir dadmiration. Plus la situation est
grave, plus nous devons trouver ce qui est admirable et
le chanter.
" Priez " pour demander. Certes, nous avons une
intelligence et une volonté pour nous en servir
mais nous devons au moins demander de nous en servir
correctement.
Enseigner. On pourrait dire aussi témoigner :
comment pourrait-on connaître lamour de Dieu,
si personne ne lenseigne
allez, proclamez que
le Royaume de Dieu est proche
que la lutte pour la
justice et la fraternité ont un sens, que le monde
a un sens, que Dieu aime !
Offrir des sacrifices. Dans lAncien Testament, on
sacrifiait des animaux ; les prophètes, sans
cesse, rappelaient que cela ne servait à rien si
on ne changeait pas son cur. Pour nous,
chrétiens, le sacrifice unique est celui du
Christ, mais il ne sert à rien si nous
nacceptons pas la force quil nous donne pour
entrer dans son sacrifice et offrir notre vie à
notre tour. Les prouesses techniques sont
extraordinaires. Mais elle ne peuvent contribuer au
bonheur automatiquement.
Communiquer, aller vite ne sert à rien, si nous
navons rien à donner. Tout à
lheure, le Seigneur disait à Moïse dans
la première lecture : " Vous avez vu comment je
vous ai porté sur les ailes dun aigle pour
vous amener jusquà moi
" Il rappelait
par ces paroles mystérieuses que lhomme ne
va pas au bonheur et à Dieu par ses propres
forces
Que ces avions sont beaux sils nous
permettent, en nous inscrivant dans le ciel, de
rechercher le mystère de lamour de Dieu pour
nous.
+ Michel DUBOST
France.
A Monseigneur Louis-Marie Billé
Archevêque de Lyon
Jean-Paul II a voulu rappeler combien la
dévotion au Sacré Coeur de Jésus
était d'actualité, dans deux documents
écrits à l'occasion de ce jour
consacré au plus grand signe de l'amour de Dieu
pour l'humanité.
Le premier document rappelle le centenaire de la
consécration de l'humanité au Coeur de
Jésus, faite par Léon XIII, le 11 juin
1899. Le deuxième est adressé au
président de la Conférence
épiscopale de France, Mgr Louis-Marie
Billé, à l'occasion de la
célébration solennelle du Sacré
Coeur dans le sanctuaire de Paray-le-Monial où
étaient réunis des milliers de
pèlerins venus de toute la France et de
l'étranger.
Nous ne donnons ici quele texte adressé aux
pèlerins de Paray-le-Monial.
A Monseigneur Louis-Marie Billlé
Archevêque de Lyon,
Président de la Conférence des
Evêques de France.
1. Au moment où de nombreux pèlerins
s'apprêtent à célébrer
solennellement à Paray-le-Monial la fête du
Sacré-Coeur et de faire mémoire de la
consécration du genre humain au Sacré-Coeur
de Jésus faite par le Pape Léon XIII il y a
cent ans, je suis heureux, à travers vous, de leur
adresser mes cordiales salutations et de m'unir par la
prière à leur démarche spirituelle,
ainsi qu'à celle de toutes les personnes qui font
en ce jour un acte d'offrande au Sacré-Coeur.
2. A la suite de saint Jean Eudes, qui nous a appris
à contempler Jésus lui-même, le coeur
des coeurs, dans le coeur de Marie et de les faire aimer
tous les deux, le culte rendu au Sacré-Coeur s'est
répandu, notamment grâce à sainte
Marguerite-Marie, religieuse de la Visitation à
Paray-le-Monial. Le 11 juin 1899, invitant tous les
Evêques à s'associer à sa
démarche, Léon XIII demandait au Seigneur
d'être le Roi de tous les fidèles, ainsi que
des hommes qui l'ont abandonné ou de ceux qui ne
le connaissent pas, le suppliant de les amener à
la Vérité et de les conduire vers Celui qui
est la Vie. Dans l'encyclique "Annum sacrum", il avait
exprimé sa compassion pour les hommes qui sont
loin de Dieu et son désir de les confier au Christ
Rédempteur.
3. L'Eglise ne cesse de contempler l'amour de Dieu,
manifesté de manière sublime et
particulière sur le Calvaire, lors de la passion
du Christ, sacrifice qui est rendu sacramentellement
présent à chaque Eucharistie. "Du coeur
très aimant de Jésus procèdent tous
les sacrements, mais surtout le plus grand de tous, le
sacrement d'amour, par lequel Jésus voulut
être le compagnon de notre vie, la nourriture de
nos âmes, sacrifice d'une valeur infinie" (S.
Alphonse de Liguori, Méditation II sur le coeur
aimant de Jésus à l'occasion de la neuvaine
en préparation de la fête du
Sacré-Coeur). Le Christ est un foyer brûlant
d'amour qui appelle et qui apaise: "Venez à moi,
[...] car je suis doux et humble de coeur" (Mt
11, 28-29). Le coeur du Verbe incarné est le signe
de l'amour par excellence; aussi ai-je personnellement
souligné l'importance pour les fidèles de
pénétrer le mystère de ce coeur
débordant d'amour pour les hommes, qui contient un
message d'une extraordinaire actualité (cf.
encyclique Redemptor hominis n. 8). Comme
l'écrivait saint Claude La Colombière,
"voici le Coeur qui a tant aimé les hommes qu'il
n'a rien épargné, jusqu'à
s'épuiser et à se consumer afin de
témoigner son amour" (Ecrits spirituels, n.
9).
4. A l'approche du troisième millénaire,
"l'amour du Christ nous presse" (2 Co 5, 14), pour que
nous fassions connaître et aimer le Sauveur, qui a
versé son sang pour les hommes. "Pour eux, je me
consacre moi-même, afin qu'ils soient, eux aussi,
consacrés dans la vérité" (Jn 17,
19). J'encourage donc vivement les fidèles
à adorer le Christ, présent dans le Saint
Sacrement de l'autel, le laissant guérir nos
consciences, nous purifier, nous illuminer et nous
unifier. Dans la rencontre avec Lui, les chrétiens
puiseront la force pour leur vie spirituelle et pour leur
mission dans le monde. En effet, dans le coeur à
coeur avec le divin Maître, découvrant
l'amour infini du Père, ils seront de vrais
adorateurs en esprit et en vérité. Leur foi
en sera ravivée; ils entreront dans le
mystère de Dieu et seront profondément
transformés par le Christ. Dans les
épreuves et dans les joies, ils conformeront leur
vie au mystère de la Croix et de la
Résurrection du Sauveur (cf. Concile oecum.
Vatican II, Gaudium et spes, n. 10). Ils deviendront
chaque jour davantage des fils dans le Fils. Alors, par
eux, l'amour se répandra dans le coeur des hommes,
pour que se construise le Corps du Christ qui est
l'Eglise et que s'édifie aussi une
société de justice, de paix et de
fraternité. Ils seront des intercesseurs de
l'humanité tout entière, car toute
âme qui s'élève vers Dieu
élève aussi le monde et contribue
mystérieusement au salut gratuitement offert par
notre Père des cieux. J'invite donc tous les
fidèles à poursuivre avec
piété leur dévotion au culte du
Sacré-Coeur de Jésus, en l'adaptant
à notre temps, pour qu'ils ne cessent d'accueillir
ses insondables richesses, qu'ils y répondent avec
joie en aimant Dieu et leurs frères, trouvant
ainsi la paix, entrant dans une démarche de
réconciliation et affermissant leur
espérance de vivre un jour en plénitude
auprès de Dieu, dans la compagnie de tous les
saints (cf. Litanies du Sacré-Coeur). Il convient
aussi de transmettre aux générations
futures le désir de rencontrer le Seigneur, de
fixer leur regard sur Lui, pour répondre à
l'appel à la sainteté et pour
découvrir leur mission spécifique dans
l'Eglise et dans le monde, réalisant ainsi leur
vocation baptismale (cf. Conc. oecum. Vatican II, Lumen
gentium, n. 10). En effet, la "charité divine, don
très précieux du Coeur du Christ et de son
Esprit", se communique aux hommes, pour qu'ils soient,
à leur tour, des témoins de l'amour de Dieu
(Pie XII, encycl. Haurietis aquas, III).
5. Invoquant l'intercession de la Vierge Marie,
Mère du Christ et de l'Eglise, à laquelle
j'ai consacré les hommes et les nations le 13 mai
1982, je vous accorde bien volontiers la
Bénédiction apostolique, ainsi qu'à
tous les fidèles qui, à l'occasion de la
fête du Sacré-Coeur, se rendront en
pèlerinage à Paray-le-Monial ou qui
participeront avec dévotion à une
célébration liturgique ou à un autre
moment de prière au Sacré-Coeur.
Du Vatican, le 4 juin 1999.
IOANNES PAULUS PP. II
L'Europe
- La
pensée du cardinal Lustiger
Le cardinal archevêque de Paris vient de
publier un petit livre de 96 pages qui est un panaroma
des perspectives qu'il conçoit pour l'Europe
à venir :"Pour l'Europe, un nouvel art
de vivre." éd. PUF.
(...) Les rapports conflictuels entre Serbes et
Albanais s'expliquent par l'Histoire. Ne disons pas
qu'une réconciliation est impossible. Nous
avons réussi à faire ce travail entre la
France et l'Allemagne grâce aux hommes politiques,
mais aussi ghrâce à la volonté des
chrétiens, catholiques et protestants, de chaque
pays.
(...) Etablir la réconciliation des conflits
latents en Europe, les prendre à bras-le-corpset
ne pas tenir les religions à la marge de la
construction de l'Europe. Le point de vue
laïque qui nous est particulier ne me choque pas;
mais je constate qu'il est inapplicable dans les autres
pays européens. En ignorant la religion, la
construction européennes se priverait d'une des
dimensions fondamentales des consciences nationales.
(...) Il ne faut pas se faire d'illusions. Les
Eglises ont été persécutées
en Europe de l'Est. Les Etats se servent de la
puissance morale et symbolique des religions que la
persécution n'a pas pu éradiquer. A
condition que cela soit utile pour la stratégie du
pouvoir politique. Mais ils étouffent la voix
des Eglises quand ce qu'elles ont à dire
gêne, dérange ou contredit leurs
intérêts.(...) Il y a un point capital que
personne n'ose aborder : la Bosnie et le Kosovo sont les
restes européens d'un long affrontement avec
l'Islam. Les Serbes et les autres peuples
chrétiens des Balkans ont le sentiment d'avoir
été en première ligne au
bénéfice des autres nations
européennes.
- (...) La guerre ne peut pas arrêter la
guerre. Seul l'amour peut éteindre la
haine.
France
Je
suis l'évêque du parvis
déclare
Mgr Jacques Gaillot. 30.05.99
Lors d'un échange de points de vue
entre Mgr Jacques Gaillot et Jean-Claude Noyé de
l'Agence APIC, l'évêque de Partenia s'est
situé dans son ministère pastoral actuel.
En voici quelques extraits :
Je vis dehors, je suis sur le parvis. L'univers des
évêques n'est plus le mien.
L'évêque de Partenia a un espace autre, il
est l'évêque des autres. Je suis très
entouré mais rarement de chrétiens.
Dernièrement j'ai mangé avec Mgr David,
dont je salue le travail accompli à Evreux. Mais
mon pain quotidien n'est pas la vie
ecclésiale.
(...) Je n'ai jamais eu de rancune dans le coeur. C'est
un événement qui m'a permis d'aller plus
loin, d'avoir plus de liberté d'action. Au fond,
je remercie Rome pour cette plus grande marge de
manoeuvre. De fait, ce n'était pas facile, comme
évêque, d'assumer cette fonction à la
fois pour ceux du "dedans" (de l'Eglise) et ceux du
"dehors". Par ailleurs, cette destitution est un
événement qui a ouvert les yeux à
beaucoup de chrétiens. Ceci étant, il y a
eu une injustice et je crois qu'il reste quelque chose
à faire pour la réparer; un geste à
poser de la part de Rome et des évêques, une
"réparation" qui serait positive pour l'image de
l'Eglise, pour tous les gens qui sont blessés.
(...) Pour moi, l'extrême gauche représente
aujourd'hui la gauche. J'ai voté autrefois pour le
Parti socialiste mais, en l'état, je ne veux plus
le faire. Pour autant, je ne suis pas un militant
d'extrême gauche ou de quelque parti que ce soit.
Je ne participe à aucun meeting et j'ai
refusé de figurer sur la liste du Parti communiste
pour les élections européennes.
(...) Cela dit, je crois salutaire d'être moins
médiatisé, en tout cas beaucoup moins qu'au
moment de ma sortie d'Evreux. Les actions de lutte contre
l'exclusion, qui ont quelque chose de
répétitif, et le fait que je ne sois plus
évêque en responsabilité, ne sont
pas, il est vrai, très médiatiques.
Pour la totalité du texte : Agence KIPA
France
Quand l'évêque de Dijon, Mgr Coloni, parle
de ses prêtres
"porter
la mémoire et la transmettre dans l'avenir"
Dans
l'éditorial de son bulletin diocésain du 14
mai 1999, Mgr Michel Coloni, évêque de
Dijon, confie ses impressions à la suite d'une
semaine vécue avec ses prêtres durant un
retraite à l'abbaye de La Pierre-Qui-Vire.
(...) Dix ans de rencontres avec les prêtres de
Côte d'Or me permettent de dire comment
m'apparaissent ces prêtres diocésains
à l'oeuvre au milieu de nous.
Au fil des rencontres et des dialogues personnels ou
collectifs, j'ai découvert des hommes qui vivent
une alliance délibérément conclue
avec un diocèse, le nôtre, un peuple
typé au coeur de la Région Bourgogne, en un
temps passionnant mais éprouvant de changements
culturels qui est le nôtre. Je dis "alliance" et le
mot évoque bien des harmoniques dans notre foi
chrétienne : Dieu fait alliance avec
l'humanité, le Christ a fait allianbce avec son
Eglise, l'aventure du mariage chrétien n'est si
grande que parce qu'elle en est la parabole, et chaque
fois cela suggère une fidélité
irrévocable assurant la fécondité
d'une histoire partagée. On pourrait
être écrasé par de telles
références; mieux vaut, avec
lucidité, modestie, reconnaître qu'on y tend
plus qu'on ne le réalise, mais il est
nécessaire de dire qu'on y tend. C'est le
sens d'une vie.
Les prêtres diocésains de chez nous sont des
apprentis permanents qui s'emploient sans cesse à
nouer une relation vraie, un amour toujours plus
authentique. Comme des parents, comme un père
de famille, ils se laissent façonner par le peuple
auquel ils sont envoyés autant qu'ils
l'éduquent eux-mêmes. On repère
le prêtre familier du rural ou de la ville, de la
Côte ou de la Montagne. Comme un conjoint, ils
se laissent dépouiller des illusions initiales
pour s'attacher avec davantage de vérité au
peuple réel qu'ils ont choisi de servir, d'aimer,
parfois décevant mais toujours porteur de
possibilités.
Peut-être une ambition personnelle les a-t-elles
effleurés, ce n'est plus elle qui détermine
leur décision, ni une recherche de gratification
égoïste, ni une crispation sur l'idéal
qu'ils se sont forgé au seuil de l'âge
adulte ou dans la crise des
quadragénaires.
-
- Ce qui détermine leurs
orientations, c'est ce qui leur semble le plus profitable
à l'annonce de l'Evangile à ce peuple
particulier, en ce temps donné. Car ils ont
voulu avoir partie liée avec lui, en porter la
mémoire pour la transmettre pour un
avenir. Ils ont renoncé à
privilégier une spiritualité, une des
manières singulières d'actualiser la foi
selon la grâce propre à une famille
religieuse. Leur patrimoine original, c'est le patrimoine
commun à tous les chrétiens qui les rend
disponibles à tous, prêtres pour le
tout-venant, tout à tous comme saint Paul a voulu
être.
Certes Jésus seul est le frère universel et
le prêtre diocésain demeure toujours
enserré par un ensemble de qualités,
davantage encore par des limites de santé ou de
caractère qui le conduiront à tel type de
service plutôt qu'à tel autre. Mais sa
grandeur est incontestablement son concentement à
dépendre de l'évolution de son peuple,
à demeurer disponible en complet
désintéressement à ce que celui-i
devient au fil de son histoire.
C'est le privilège de l'évêque que
d'être le premier témoin de cette
générosité des prêtres
diocésains. Un prêtre diocésain
est allié à tout un diocèse, pas
seulement à une communauté de
celui-ci. Mais dans une société
occidentale où l'individualisme se répand
comme une maladie foudroyante, il est absolment
indispensable que des choix de vie s'affirment au service
de communautés.
Ils n'ont pas à fournier des prestations de
fonctionnaires aux exigences des consommateurs. Ils
se situent à un autre niveau. Leur restituer
une image sociale qu'une accoutumande séculaire
avait érodée est une urgence. C'est
une belle aventure que d'être prêtre pour ce
peuple, en ces temps et d'en épouser toute
l'histoire. C'est celle d'un partenaire adulte
responsable d'une Eglise diocésaine, certes
fragile, mais porteuse de l'espérance d'un'
génération. C'est une vie, non pour
soi, mais livrée aux autres.
Suisse
Les
réponses de lévêque de
Genève
19 mai1999
L'agence APIC a interrogé le nouvel
évêque de Genève, Lausanne et
Fribourg, Mgr Bernard Genoud, à la veille de son
ordination épiscopale, qui a eu lieu le lundi de
la Pentecôte. Le style des réponses est
direct et elles méritent quon sy
arrête.
" Pour être évêque je n'ai pas
pris d'initiative, j'ai été choisi,
appelé par l'Eglise au nom de Dieu. Cela souligne
le côté "vertical" de la vocation
d'évêque. Par conséquent
l'épiscopat est une participation très
particulière à la paternité divine.
L'évêque devient le "père des
pères" que sont les prêtres. La
première paroisse d'un évêque ce sont
ses prêtres et à travers eux l'ensemble du
diocèse. Et en tant que successeur des
apôtres, il a en outre le souci de l'Eglise
universelle. On ne peut pas parler d'Eglise en termes
"égoïstement" diocésains.
(...) Il s'agit d'exercer cette paternité sans
paternalisme. J'aimerais que l'évêché
soit une maison de famille dans la quelle on se sente
à l'aise. J'imagine faire
régulièrement une "journée portes
ouvertes" à l'évêché où
les prêtres puissent venir de manière
spontanée, sans prendre rendez-vous. Je souhaite
cette même manière de contact avec le peuple
chrétien. Je veux éviter de me laisser trop
manger par le côté "bureau" de mon
travail.
(...) Certaines des prises de position de Rome seront
difficiles à expliquer
Rome ne peut aller
contre la foi. Il peut y avoir des positions
différentes sur des choses secondaires. Les
grandes lignes données par le pape et par Rome
doivent être traduites dans les diocèses. La
lettre sur la collaboration des laïcs au
ministère des prêtres, qui a provoqué
de vives secousses en Suisse, en donne un excellent
exemple. La Conférence des évêques
suisses a parfaitement reconnu les risques d'abus, mais a
déclaré clairement que le travail
effectué en Suisse avec les laïcs
était plus que respectable et que le texte de Rome
ne changeait rien pour nous.
(...) Le problème pour les jeunes est que la
notion d'amour est aujourd'hui totalement
"bloquée" avec celle de génitalité.
On croit que s'il n'y a pas activité sexuelle, il
n'y a pas amour. Mais c'est faux. Il faut refaire cette
éducation, car sinon nous n'aurons que des
êtres qui "couchottent" à gauche et à
droite. Cela me fait souci. Avec la manière
d'avoir un copain ou une copine que l'on jette
après trois semaines, comment se fixer plus tard
sur un conjoint ?
Cette manière de tolérance, parfois des
parents aussi, forme les jeunes à
l'instabilité. Ils ont l'impression qu'ils ne
vivent pas s'ils n'ont pas d'aventures sexuelles. C'est
un scandale de leur faire croire que l'amour c'est cela.
Il y a un immense mensonge de la civilisation, avec un
matraquage terrible. On parle beaucoup de pollution, mais
qui ose encore gueuler contre les pollueurs de
l'âme.
(...) On a encore l'esprit de clocher, avec une paroisse
par village et un curé par paroisse. Mais il faut
regarder de plus en plus en termes de secteurs. Je crois
que les vues s'ouvrent peu à peu.
(...) Je souhaite rappeler que les paroisses et le peuple
chrétien ont leur responsabilité pour
l'éveil des vocations. Jusqu'à
présent la question des vocations sacerdotales a
été vue de manière très
individualiste. Comment les paroisses suscitent-elles des
vocations? Comment engendrent-elles les "pères"
dont elles ont besoin ?
Pour lintégralité de cette
conversation : Agence KIPA
France
- "Ne
broyez pas vos prêtres !"
- Mgr
Jaeger, évêque d'Arras
A
l'occasion d'une récente ordination sacerdotale
dans sa cathédrale d'Arras, Mgr Jean-Paul Jaeger a
parlé des prêtres. Nous vous donnons
ici quelques passages de son homélie, parue dans
le bulletin du diocèse le 7 mai 1999
:
Nous
abordons souvent le délicat problème de la
raréfaction actuelle du nombre des prêtres,
à la manière d'un directeur des ressources
humaines qui ne parviendrait pas à pourvoir en
titulaires tous les postes de travail d'une
entreprise. Comme les commandes n'attendent pas, il
n'a d'autres possibilités que de prescrire
l'accélé"ration des cadences de production
et d'augmenter le nombre d'heures
supplémentaires.
A première vue, c'est bien ce que font
actuellement les évêques de France, dont
celui qui vous parle. Aux curés, ils ajoutent
périodiquement la charge de nouvelles paroisses
sans compter les quarts, les tiers et les
huitièmes de temps qui seront consentis à
une aumônerie, un groupe, une fondation, voire une
responsabilité diocésaine, réionale
ou nationale.
A ce rythme, les rangs de l'épiscopat
français ne comporteront bientôt plus que
des tortionnaires ou tout simplement des
inconscients.
(...) Quelque soit leur nombre, Dieu ne demande pas que
les ministres de son Fils soient broyés par le
fonctionnement de nombreux moyens plus judicieux,
missionnaires et apostoliques les uns que les
autres. Il n'attend pas d'eux la
répétition intangible de mode de
présence, d'intervention, de partage qui ont fait
leurs preuves au temps où fidèles et
ministres étaient nombreux. Un
ministère émiette à l'infini dans
son exercice devient insignifiant dans l'Eglise et
insupportable à celui qui le vit.
(...) Membres du Peuple de Dieu, je vous en conjure,
n'emprisonnez pas vos prêtres dans les images et
les attentes que nous lègue un passé
récent. Vous les
détruiriez. N'attendez pas d'eux qu'ils
satisfassent des désirs, compréhensibles et
légitime en période faste, insoutenables
quand Dieu nous fait vivre un autre
temps. Frères, ne recherchez pas des
techniciens de Jésus-Christ. Suppliez Dieu de
vous envoyer des hommes, signes et ministres de
Jésus-Christ.
(...) Vous empruntez les voies de la
responsabilité, de la formation. Vous
contribuez à l'annonce de la Bonne Nouvelle, vous
rendez témoignage au Christ venu nous sauver dans
sa mort et sa résurrection. Au prix de bien
des renoncements, vous vous laissez emporter par le
souffle de l'Esprit.
Vous vivez comme un déchirement la mort, le
départ, la fatigue de vos prêtres. Vous
les recevez de Dieu avec une joie immense. Il n'est
certainement pas plus facile d'être fidèle
laïc en 1999 que d'être
prêtre. Contre vents et marées, vous
apportez votre pierre à la vie et à la
mission de l'Eglise. (...)
U.S.A.
- La
tentation du repli sur soi.
- Mgr
Weakland, archevêque de Milwaukee.
Dans
une lettre adressée à ses prêtres et
à ses fidèles, l'archevêque de
Milwaukee dans le Wisconsin, tire quelques remarques de
l'attitude des séminaristes d'un séminaire
de "contre-culture" dont le "New York Times" avait
longuement exposé les idées. -
Milwaukee. 11 mai.
Ces
séminaristes se considèrent comme les
véritables champions de la
"contre-culture". Je n'ai pas l'impression que,
formés à défier avec courage
l'immoralité de la société
américaine, ils aient la moindre idée des
caractéristiques positives de la culture
américaine : son esprit de libre-échange,
ses fondements démocratiques, sa liberté de
pensée et d'expression, son goût pour les
nouveaux défis en matière de science et de
savoir en général.
(...) C'est la vieille question du rapport de la
modernité et de l'Eglise qui se pose à nous
depuis la Révolution
française.... Nous devons vivre dans une
période de pluralisme où il n'y a plus de
consensus moral à travers le pays après
l'bandon de l'éthique protestante qui avait tenu
droit le melting pot.
(...) Je me refuse de se laisser aller à des
jérémiades. On peut tout aussi bien
établir une autre liste, aussi longue,
d'éléments positifs dans la
société moderne.
(...) Il faut d'abord faire preuve de discrétion
et de discernement. Ensuite, la vertu la plus
nécessaire est la patience : patience face
à la diversité, patience face à
l'ambiguité, patience face aux idéologues
de tous acabits.
(...) Engagés dans la vie de l'Eglise, nous devons
être assurés que notre vision est
basée sur notre tradition ecclésiale et
notre héritage biblique, mais aussi qu'elle nous
propulse dans le 21ème siècle. Se
contenter de dresser une liste de ce qui ne va pas, puis
de nous isoler du monde, n'est pas une attitude
constructive.
(...) Notre mission aujourd'hui est de former des leaders
pour ce type de culture diversifiée et non des
chrétiens qui fuient le monde. Sans nier le
mal qui existe, nous ne pouvons nous replier sur
nous-mêmes ni penser que nous avons toutes les
réponses à toutes les
questions. Lutter avec les autres hommes de bonne
volonté pour trouver les réponses sera plus
fructueux que de ccréer des ghettos
eclésiaux ou intellectuels.
On peut obtenir ce texte auprès du
diocèse de Milwaukee.
L'Europe
- La
pensée du cardinal Lustiger
Le cardinal archevêque de Paris vient de
publier un petit livre de 96 pages qui est un panaroma
des perspectives qu'il conçoit pour l'Europe
à venir :"Pour l'Europe, un nouvel art
de vivre." éd. PUF.
(...) Les rapports conflictuels entre Serbes et
Albanais s'expliquent par l'Histoire. Ne disons pas
qu'une réconciliation est impossible. Nous
avons réussi à faire ce travail entre la
France et l'Allemagne grâce aux hommes politiques,
mais aussi ghrâce à la volonté des
chrétiens, catholiques et protestants, de chaque
pays.
(...) Etablir la réconciliation des conflits
latents en Europe, les prendre à bras-le-corpset
ne pas tenir les religions à la marge de la
construction de l'Europe. Le point de vue
laïque qui nous est particulier ne me choque pas;
mais je constate qu'il est inapplicable dans les autres
pays européens. En ignorant la religion, la
construction européennes se priverait d'une des
dimensions fondamentales des consciences nationales.
(...) Il ne faut pas se faire d'illusions. Les
Eglises ont été persécutées
en Europe de l'Est. Les Etats se servent de la
puissance morale et symbolique des religions que la
persécution n'a pas pu éradiquer. A
condition que cela soit utile pour la stratégie du
pouvoir politique. Mais ils étouffent la voix
des Eglises quand ce qu'elles ont à dire
gêne, dérange ou contredit leurs
intérêts.(...) Il y a un point capital que
personne n'ose aborder : la Bosnie et le Kosovo sont les
restes européens d'un long affrontement avec
l'Islam. Les Serbes et les autres peuples
chrétiens des Balkans ont le sentiment d'avoir
été en première ligne au
bénéfice des autres nations
européennes.
- (...) La guerre ne peut pas arrêter la
guerre. Seul l'amour peut éteindre la
haine.
- Cardinal
de Souza, archevêque de Cotonou
Un
testament de paix et de joie
+
27 mars 1999 - écrit le 1 avril
1984
-
- Il s'agit bien de mon testament et non d'un poisson
d'avril. Il sera bref, maisnc'est bien là mes
dernières volontés, si volonté il y
a. Le serviteur a-t-il d'autre volonté que
celle de son maître ?
-
- 1 - Rendez grâce au Seigneur, car il est bon !
car éternel est son amour ! Je voudrais que mes
funérailles soient une fête, une fête
splendide d'action de grâce, dans la prière,
la joie et l'exultation. Si je peux me permettre de
faire une entorse aux dispositions liturgiques, je
souhaiterais que soit dite la messe de Pâques avec
les textes de ladite messe. Eviter le latin. De
préférence des chants populaires en fon et
en français.
-
- 2 - Grande fête, oui ! mais dans la
simplicité la plus totale possible. Je dois
disparaître pour laisser toute la place à
Dieu. Ce que je n'ai pas toujours su faire de mon
vivant, je voudrais que ce soit fait à l'occasion
de mon enterrement. Qu'on m'enterre comme une
épouse du Christ. Car c'est ce que j'ai la
conviction d'être (Kristusi) même si bien des
fois je me suis prostitué à d'autres dieux
que mon Seigneur et Maître. Qu'il me pardonne,
Lui qui est Amour et Miséricorde.
Je demande aussi pardon à tous ceux et toutes
celles que j'ai offensés durant ma vie sur cette
terre, spécialement à tous ceux qui ont
cherché à découvrir le Christ en moi
et qui ne l'ont pas vu en moi.
Je n'ai à pardonner à qui que ce
soit. J'ai toujours essayé de voir le Christ
en chacun, faisant effort pour aller au-delà des
opacités humaines et rejoindre mon
frère. Mais si quelqu'un a quelque chose
à se faire pardonner, je lui pardonne en toute
simplicité..."pardonne-nous nos offenses comme
nous pardonnons."
3 - Je désigne l'&rchevêque qui prendra
ma succession comme mon légataire universel : tout
ce qui pourra être trouvé chezmoi au
séminaire ou à l'archevêché,
dans mes comptes à Ouidah et à Paris, tout,
tout, tout reviendra à
l'archidiocèse. Mgr l'Archevêque verra
s'il faut donner quelque chose à l'une ou l'autre
des mes soeuirs encore vivantes.
4 - Je souhaite enfin que, le jour de mon enterrement, un
bon repas soit servi aux prisonniers de la prison
centrale de Cotonou.
5 - Qu'on m'enterre où l'on voudra. Un seul
souhait à ce sujet : libérer mon cercueil
de toute couronne de fleurs artificielles ou
naturelles. Je voudrais pouvoir y respirer seulement
l'odeur de Dieu !
La vie ici-bas et dans l'au-delà est
identique. Une seule différence : Celui que
nous voyons ici comme dans un miroir, nous le verrons
face à face dans une profonde et éternelle
éternité... mais nous ne nous quittons pas
! A toujours ! Christi servus in Patris
spiritu. Ouidah, ce 1er avril 1984.
Mgr
Tessier, archevêque d'Alger
- La
présence chrétienne et les élections
en Algérie
- Réponse
à l'Agence FIDES, le16 avril 1999
Les chrétiens sont très peu nombreux
dans la société algérienne. Ils se
sont cependant attirés la sympathie de leurs
voisins et de leurs partenaires là où ils
vivent. Ceux-ci ont été, en effet,
sensibles au fait que la communauté
chrétienne, au moins à travers les
prêtres , les religieuses et quelques laïcs,
soit restée dans le pays au moment de la
crise.
Cette fidélité a été
payée par la mort de dix-huit prêtres,
religieux et religieuses et dun
évêque. Plusieurs dizaines de laïcs
dorigine étrangère ont aussi
été assassinés, sans doute,
dabord parce quils étaient
dorigine étrangère, mais, parfois,
aussi, clairement, parce quils étaient
chrétiens. Ce fut le cas pour les douze Croates
égorgés le 14 décembre 1993, dans un
oued proche de Tibhirine.
Un signe particulier despérance nous est
donné depuis deux ans par larrivée
courageuse dune trentaine de volontaires
prêtres ou religieuses, dont une vingtaine de
nouveaux, et une dizaine danciens ayant
accepté de revenir malgré la crise
ou même à cause de la crise. Cest un
renouvel-lement de près de près de quinze
pour cent en deux ans, ce qui est très important
pour lavenir de notre Eglise. Nous remercions les
Congréga-tions et les Diocèses qui ont eu
le courage de soutenir ces vocations. Nous appelons
maintenant les mouvements de laïcs,
particulièrement les nouveaux mouvements, à
répondre aussi généreusement et
positivement à cet appel de lEglise
dAlgérie.
La mission de notre communauté est très
particulière. Nous voulons en quelque sorte
être lEglise dune société
qui est pratiquement tout entière musulmane. A
travers les responsabilités professionnelles, les
engagements sociaux ou humanitaires, ou surtout à
travers les relations damitié,
sétablissent de vraies collaborations
islamo-chrétiennes. Elles posent des passerelles
entre deux univers spirituels trop souvent antago-nistes.
Ici, dans nos petits groupes de chrétiens, nous
apprenons à vivre fraternellement avec des
musulmans et vice versa.
Nous croyons quainsi sapprofondit une
relation évangélique entre chrétiens
et musulmans. Cest une grande espérance non
seulement pour lavenir de lEglise en
Algérie mais aussi pour lavenir de la
relation islamo-chrétienne dans le monde. La crise
de la société algérienne na
pas découragé notre témoignage. Au
contraire elle la approfondi.
Pour le texte complet : Agence FIDES
-
- Déclaration
du patriarche de Jérusalem
- A l'issue
de la procession des Rameaux.
- 4
avril 1999
-
- Les Eglises orientales catholiques et orthodoxes,
célèbrent Pâques le 11 avril selon le
calendrier julien. Le patriarche latin de
Jérusalem, Mgr Sabbah, a commenté cette
Semaine Sainte 1999 :
"Nous devons aujourd'hui faire face à de
nombreuses difficultés parce que nous ne vivons
pas dans un climat de paix, à cause de la
coexistence difficile entre musulmans et
chrétiens, à Bethléem et à
Nazareth. Mais les difficultés sont
provoquées par une minorité. La
majorité reste fidèle à la longue
tradition de fraternité et d'entente"....
"A ceux qui exercent des pressions sur nous,
consciemment ou inconsciemment, nous voulons dire que
notre seule arme et notre unique réponse est notre
amour pour eux, un amour au nom duquel nous appelons
à la prudence et à la sagesse. Nous
respectons tous ceux avec lesquels nous vivons,
chrétiens, musulmans et juifs, mais nous rejetons
toute agression ou manque de reconnaissance de notre
dignité et de notre identité comme
chrétiens"....
"Nous ne nous opposerons à personne par la
force, mais nous résisterons à toute
agression et toute violation". (ndlr - faisant sans
doute allusion aux récentes déclarations du
Premier ministre israëlien)
de
la Conférence des évêques de
France.
- La
mondialisation, un défi pour
l'Eglise
- 31
mars 1999
-
- Extraits
du document publié par la Commission
épiscopale Justice et Paix France.
-
- Ne pas fuir la mondialisation.
- L'universalisme de type "Tour de Babal", fondé
sur la réduction des diversités humaines
à un seul modèle, niant à la limite
la notion même de sujet, mène en
réalité à la dispersion des hommes
et à l'impossibilité de se comprendre. A
cette conception s'oppose l'universalisme de la
Pentecôte, assis sur la différence des
sujets et leur autonomie, permettant à chaque
peuple de comprendre les autres dans la visée
d'une unité orientée vers le salut, le
développement de tout l'homme et de tous les
hommes....
-
- ... Universalistes dès le départ, les
chrétiens n'ont pas à fuir la
mondialisation en cours, ni à la rejeter en bloc,
mais à l'orienter vers une réelle
unité des hommes à partir de la
nécessaire diversité des
sujets. L'unité est le contraire de
l'uniformité. Elle suppose la
pluralité, la différenciation des sujets et
la communication entre eux....
-
- Plus vite nous serons conscients de former un seul
peuple mondial vivant sur une seule terre, plus vite
s'abolira la sauvagerie de la mondialisation
actuelle...
-
- La mondialisation est aussi l'apparition
d'éléments culturels et de vie quotidienne
communs à tous les peuples... Cette naissance
s'accompagne d'une révolution culturelle : la
modernité ne sépare plus totalement l'homme
de la nature, ce qui favorise la compréhension
entre notre culture et d'autres, ainsi que la marche vers
un développement durable...
-
- La mondialisation peut amener une bien plus grande
autonomie et liberté personnelles si de nouveaux
monopoles marchands ne remplacent pas les anciens
détenteurs du monopole du discours
idéologique et si chacun est formé à
cette liberté nouvelle et à la
communication avec les autres ....
-
- Action collective et évangélisation
devront en tenir compte. Cette société
pour éviter les risques de repli, fragmentations
sociales, solitudes, devra s'équilibrer par une
forte morale collective et civique.
-
- Déclaration
des évêques de France
- Une
guerre se déroule dans les
Balkans
- 28
mars 1999
Extraits de la déclaration des
évêques de France le 28 mars 1999.
Dans les Balkans, au cur de l'Europe, à
la porte de l'Union Européenne, une guerre se
déroule. Elle a certes été voulue
pour enlever à des gouvernants les moyens de
nuire. Mais c'est quand même une guerre, une vraie
guerre. C'est une défaite pour l'humanité.
Lorsque, depuis des années, le possible n'a pas
été fait au moment voulu, le pire arrive
à n'importe quel moment.
-
- L'ONU est comme mise en échec. L'issue des
bombardements est incertaine. Ils pourraient renforcer
les dirigeants visés et attiser leur désir
de répression ou de vengeance. Le conflit risque
de s'étendre. La haine va grandir entre des
populations qui devront bien, un jour, recommencer
à se parler.
-
- Avec le Pape Jean-Paul II, j'espère "que les
armes se tairont au plus tôt et que le dialogue
reprendra", pour que l'on parvienne, "avec la
contribution de tous, à une paix juste et durable
dans la région". J'invite tous les catholiques
à prier pour la seule victoire qui compte, celle
de la paix.
-
- + Louis-Marie Billé, Président de la
Conférence des
évêques de France.
-
- Déclaration
des évêques de France
- De la
confusion à
l'incohérence
- 27 mars
1999
Les débats de ces derniers mois autour du
"Pacte Civil de Solidarité" pouvaient laisser
espérer qu'on en viendrait à plus de
clarté et de sagesse. C'est finalement une grande
confusion qui a été entretenue. La
déclaration du Conseil Permanent de
l'Épiscopat du 17 septembre 1998, parlant d' "une
loi inutile et dangereuse", garde toute son
actualité.
-
- Les amendements adoptés le mercredi 24 mars
par la Commission des Lois de l'Assemblée
nationale préconisent l'inscription du concubinage
dans le code civil, assortie de l'assimilation entre une
union de personnes de sexe différent et une union
de personnes de même sexe. Ce choix est d'une
extrême gravité. ...
- I
Il serait déjà inquiétant
d'inscrire le concubinage dans le code civil :
dévaloriser le sens de l'engagement encourage la
fragilisation de la vie sociale. Plus dangereux encore :
brouiller les repères de la différence
sexuelle, qui fonde le couple et la parenté, et en
effacer les expressions juridiques, ce serait porter
atteinte à la cohésion sociale et aux
fondements mêmes de notre
société.
Cette législation entraînerait
inévitablement des revendications nouvelles
concernant, par exemple, l'adoption et la
procréation médicalement assistée en
faveur de personnes vivant une relation homosexuelle.
C'est l'avenir des enfants qui serait alors
compromis.
"Une vigilance s'impose, disait récemment la
Commission sociale des Évêques de France,
devant certains types de fonctionnement
démocratique, qui semblent saper progressivement
ces vertus mêmes dont la démocratie a
besoin"
-
- L'avertissement est grave. Est-il trop tard pour
entendre raison ?
-
- Louis-Marie Billé. Président de la
Conférence des
évêques de France.
-
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