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Pour transmettre le message évangélique dont ils ont la charge, les évêques et leurs assemblées et pour l'inculturer dans le "champ" du Seigneur, les évêques publient des documents dont nous voudrions vous faire partager la teneur, au moins par des extraits significatifs, parce qu'ils dépassent les limites de leur propre diocèse.

Si vous désirez l'adresse électronique des
Conférences épiscopales, cliquez iciSi vous désirez celles de leur secrétariat, de leur centre d'information et autres services, prenez la rubrique "Pays par pays" et là vous trouverez la liste des pays qui sont actuellement répertoriés sur notre site.

- Homélie de Noël, de Mgr Jacques Noyer, évêque d'Amiens, retransmise par R.T.L. (25 décembre 1999)
- Message des évêques de France aux prêtres de leurs diocèses. (7 novembre 99)
- Homélie du cardinal Lustiger aux jeunes prêtres. (7 novembre 99)
- Mgr Delaporte : Une Eglise de tendresse (Juin 99).



Homélie de la nuit de Noël 1999
prononcée sur R.T.L
par Mgr Jacques Noyer, évêque d'Amiens.


Comme chaque année, Dieu interpelle ce monde en déposant au milieu de notre actualité ce petit enfant pauvre, faible et inconnu.

Au milieu des tremblements de terre et des déluges, des coups d'Etat à la machette et des guerres sophistiquées, des famines et des misères, des marées noires et des épidémies contrôlables, des bogues informatiques et des terreurs apocalyptiques, de la mondialisation et du chômage, Dieu dépose un petit enfant ! Il ne dit rien d'autre ce petit enfant fragile, au babil inertain, dans la pauvreté d'une étable.

Un petit enfant comme les vôtres que vous allez gâter pendant ces fêtes ! Un petit enfant ceomme des enfants abandonnés, mutilés, dénutris chaque jour sur nos écrans ! comme ceux qu'il voudra laisser venir à lui quand il sera grand ! comme ceux qui tomberont sous les coups d'un Hérode jaloux et danguinaire !

A chacun de comprendre ce message, à chacun d'entendre dans le secret de son coeur ce que Dieu lui dit cette nuit dans ce petit enfant !

A tous ceux qui ont peur de l'avenir et regrette le "bon vieux temps", il dit que l'humanité recommence en chaque enfant et que les siècles qui rident notre humanité ne peuvent empêcher la vie de renaître à neuf comme un nouveau projet.

A ceux qui ressentent la vie comme un combat sans merci, fait de cruauté et de revanche, il dit que la tendress n'a pas déserté le coeur de l'homme et qu'il suffit d'un regard d'enfant pour en faire jaillir les flots !

A tous les impatients qui veulent réussir de grandes choses, il dit que tout commence petit, que la patience est nécessaire, qu'il faut attendre le moment favorable et que le temps travaille pour Dieu !

A tous ceux qui croient que Dieu est une idée lointaine et uneréaité inaccessible, il dit qu'Il les tout proche et que, si l'on a du mal à le reconnaître, c'est parce qu'il est pauvre parmi les pauvres, un excl parmi les exclus, un déplacé avec les déplacés.

A tous ceux qui n'arrivent plus à croire ni à faire confiance parce qu'ils ont été trop déçus, trop trahis, il dit que chacun peut renaître et redevenir comme un petit enfant, qu'il est possible de se libérer de son passé trop lourd parce que la confiance de Dieu est infinie.

Il dit que l'An 2000 est une année de grâce. Il dit que le Jubilé ouvre toutes grandes les portes de la miséricorde. Il dit que nous pouvons entrer dans ce monde sans dette. Il dit que tout est possible, même que nous devenions des saints ! même que l'humanité soit en paix et que les hommes soient heureux !

Cela dépend de nous, de chacun de nous ! Nous le savons, c'est le projet de Dieu.



Conférence des évêques de France
Message aux prêtres
.
Novembre 1999

Réunis à Lourdes, nous pensons à vous, nos frères, qui avez part à notre ministère apostolique. Par ce message, confié aux plus jeunes d'entre vous, nous voulons partager avec vous notre espérance.

A quelques semaines du Grand Jubilé de l'an 2000, notre regard se tourne vers Jésus, l'Emmanuel, "Dieu avec nous" (Mt 1, 23). Ensemble, évêques, prêtres et diacres, nous avons confessé le Christ mort et ressuscité, "le Sauveur du monde" (Jn 4, 42).

Le Christ est pour nous l'unique Seigneur. Il est le Fils Bien Aimé du Père. En Lui, nous découvrons de quel amour nous venons, vers quel amour nous allons. En Lui, nous sont pleinement manifestées la beauté de Dieu et la grandeur de chaque personne humaine, créée à son image et appelée à la joie et à la résurrection.

Le Christ est pour nous l'unique Bon Pasteur. Il nous apprend le regard qui pardonne, le cœur qui écoute, la parole qui relève et qui sauve. Il éveille et réveille en nous la charité pastorale, vécue dans la patience et l'ardeur, la miséricorde et l'exigence, la bonté et la justice.

Le Christ est l'unique Prêtre, notre Pâque. Il fait de nous les ministres de l'Eucharistie, célébrée au sein de nos communautés, pour offrir avec tous les fidèles l'action de grâce. A cause du Christ, nous accueillons toute personne en son histoire, pour lui révéler l'amour dont Dieu l'aime, afin qu'un jour, tous les hommes puissent dire avec Lui: "Père".

***

Le Christ est Celui qui, depuis 2000 ans, de génération en génération, appelle des hommes à tout quitter pour le suivre. Un jour, à notre tour, les uns et les autres, nous avons été appelés en son nom à servir nos frères, à la manière des apôtres. Nous avons reçu cette mission en étant conscients qu'elle nous dépassait. Au jour de notre ordination, nous avons demandé la force de l'Esprit, promise par le Ressuscité, force qui anima et anime les saints et les saintes d'hier et d'aujourd'hui.

Suivre le Christ n'est pas plus facile pour nous que pour les Douze. Comme eux, nous connaissons des heures de joie et de vraie fécondité pastorale; l'action de grâce monte alors à nos lèvres. Comme eux aussi, nous connaissons les heures de peine. Le mystère de la Croix est au cœur de nos vies. Nous recevons pour nous-mêmes l'Evangile du Salut et le pardon que le Christ nous charge d'offrir à tous.

Même si, de bien des manières, nous rencontrons comme saint Paul l'indifférence (Ac.17, 32), même si nous savons que les Béatitudes dérangent, comme elles dérangeaient déjà au temps de Jésus, nous proposons par de multiples initiatives l'Evangile du Christ, Bonne Nouvelle pour le monde d'aujourd'hui. Nous "poursuivons notre course, parce que nous avons été nous-mêmes saisis par le Christ." (cf. Ph. 3, 12)

- Nous croyons que le Christ est "avec nous tous les jours" (Mt 28, 20), alors que nous éprouvons notre affaiblissement numérique et que nous pouvons ressentir de l'appréhension devant l'accumulation des charges et les risques d'une moins grande disponibilité.
- Nous croyons que le Christ nous invite à nous aimer les uns les autres, à nous recevoir mutuellement comme des frères qu'Il nous donne pour la mission, alors même que nous éprouvons la difficulté de nous enrichir entre générations inégales pour vivre la même charité pastorale.
- Nous croyons en l'Esprit du Christ, capable de rajeunir sans cesse son Eglise. Nous rendons grâce pour les fruits de l'Esprit qui surgissent, même si certains apparaissent parfois là où nous n'avons ni semé ni arrosé, plutôt que là où nous avons peiné et peinons encore.
- Nous croyons à la puissance de l'Evangile que nous annonçons à temps et à contretemps à ceux qui sont loin comme à ceux qui sont proches, dans notre société en pleine mutation et en constante recherche d'elle-même. Nous savons que, avec les communautés chrétiennes, les prêtres jouent un rôle irremplaçable pour construire une société où tous puissent vivre ensemble dans la paix et la vraie tolérance.

***

Aujourd'hui, au nom du Christ et de l'Eglise, avec tous les baptisés et consacré(e)s, nous vous disons merci. Nous vous redisons le souhait du Christ à ses disciples: "Que ma joie soit en vous et que votre joie soit parfaite" (Jn 15, 11). Nous voulons surtout rendre grâce à Dieu pour le ministère qu'Il nous a confié, à vous comme à nous:

- C'est Lui qui nous donne de demeurer en tenue de service pour que le sacerdoce du Christ soit présent en notre monde.
- C'est Lui qui nous donne de mettre nos pas dans ceux de Jésus, aimant ceux et celles vers qui Il nous envoie, les acceptant tels qu'ils sont. Ils sont membres du Peuple de Dieu; ils sont chercheurs de paix et de vérité.
- C'est Lui qui nous donne d'accueillir comme une grâce d'avoir été choisis comme serviteurs de l'unité, pour annoncer l'Evangile, pardonner les péchés, consoler les malades, présider l'Eucharistie, … afin d'édifier les communautés et de les conduire vers une plus grande sainteté.
- C'est Lui qui nous donne de recevoir comme une grâce l'appel exigeant d'un plus grand amour pour tous, que le Christ nous adresse à vivre librement dans le célibat.
- C'est Lui qui nous donne la liberté de livrer nos vies, en vivant comme une grâce l'obéissance "à l'évêque et à ses successeurs", attestant que nous recevons jour après jour la mission que nous confie l'Eglise.
- C'est Lui qui nous donne d'accueillir comme une chance pour l'Eglise la présence et le ministère des diacres, témoignant avec nous de l'amour du Christ serviteur.

Avec nous, vous êtes liés à un peuple, à son histoire et à sa terre. Le Christ vous envoie vers les communautés, paroisses et mouvements, au milieu desquels et pour lesquels, jour après jour, vous exercez votre ministère. Dans l'espérance fidèle, la foi vécue, l'amour partagé et le don de soi, habitant tant d'hommes et de femmes, dont Il vous rend témoins, Il vous donne le signe de sa présence.

Avec vous, nous rendons grâce pour le don du Concile Vatican II, dont l'enseignement est force et lumière pour la nouvelle évangélisation. Nous croyons que Dieu a suscité et suscite encore parmi nous les évangélisateurs dont notre pays a besoin. Nous croyons que le Christ appelle des jeunes à Le suivre, afin que l'Evangile soit annoncé aux générations de demain. Nous croyons que c'est l'Esprit d'amour, répandu dans les cœurs, qui a conduit beaucoup d'entre vous à se dépenser pour les plus pauvres et les blessés de la vie, comme Il en appelle aujourd'hui d'autres à se lever pour défendre la dignité inaltérable de toute personne humaine. C'est ce même Esprit qui fait mûrir entre les prêtres, les diacres et les laïcs ces collaborations nouvelles, donnant un nouveau visage à nos communautés.

***

La foi et l'action de grâce ne nous empêchent nullement d'appréhender les conditions qui sont aujourd'hui celles de l'exercice de votre ministère. Nous n'ignorons pas les questions que posent les réorganisations ecclésiales, les évolutions culturelles, les bouleversements de la société française. Nous croyons que l'Esprit conduit son Eglise et nous aide à chercher ensemble les justes modalités du ministère sacerdotal d'aujourd'hui et de demain. De façon persévérante, il nous faut continuer à y travailler, en particulier dans les conseils presbytéraux et avec les responsables de formation de nos séminaires. Nous croyons que le Seigneur nous donnera le courage d'accomplir ensemble ce qu'Il attend de nous.

Dans la joie de croire et de servir, nous pouvons redire avec Pierre et chacun de vous: "A qui irions-nous, Seigneur, Tu as les paroles de la vie éternelle!" (Jn 6, 68)

Fraternellement.
Les évêques de France
Lourdes, le 7 novembre 1999




Homélie télévisée
Cardinal Jean-Marie Lustiger
7 novembre 1999

"Alors, le Royaume des cieux ressemblera à dix vierges qui prennent leur lampe pour sortir à la rencontre de l'Epoux". Voici le Règne de Dieu, c'est l'Epoux qui vient, c'est le Messie qui traverse notre histoire. Il nous donne d'avance la joie des Noces; cette joie est notre vie. Il est l'Espérance pour le monde ; cette Espérance est notre force.

Car les dix vierges, c'est l'Eglise, c'est nous, les disciples de Jésus. Nous allons au devant de l'Epoux, le Christ, le Sauveur des hommes. Depuis deux millénaires, nous marchons à la rencontre de Celui qui vient vers nous. Il nous invite à l’accueillir pour nous faire entrer avec lui dans la salle des Noces, pour nous faire partager la joie du Festin.

Alors que nous allons célébrer la venue en ce monde du Messie né à Béthléem, de celui que nous nommons Prince de la Paix, pouvons-nous sérieusement tenir ce langage ? Car tant de misères et tant de drames dont les hommes sont la cause ont terni les espoirs des générations successives ; car pour tant d'hommes et de femmes, ce monde semble une nuit aux lumières incertaines. Comment pourrions-nous accomplir la mission que nous donne Jésus d'être "lumière du monde", d’annoncer l'Alliance de Dieu avec les hommes ?

Pour nous aussi, cette nuit est trop longue. Que fait le Seigneur? Quand viendra-t-il? Alors nous nous endormons. Comme s’endorment les disciples à Gethsémani, ne supportant pas de prier avec le Christ en son combat. Nous préférons l'oubli du sommeil, comme ce sont endormis les chrétiens au cours des siècles écoulés.

Nous nous endormons lorsque s'assoupit notre foi, lorsque nous nous demandons si cette Noce n'est pas un rêve ou une illusion; lorsque nous préférons justifier nos mensonges ou nos dérobades par la complicité du silence et de l'oubli, lorsque nous nous enfermons dans l'égoïsme et la suffisance de nos projets au lieu de nous laisser brûler par l'immense amour qui vient de Dieu, lorsque nous devenons sourds aux cris de détresse de nos frères que nous sommes impuissants à secourir.

Mais, dans la nuit, depuis deux millénaires, un cri retentit : "Voici l'Epoux. Sortez pour la rencontre". Ce cri nous arrache au sommeil où s'assoupissait notre foi, au sommeil où sombrait notre pauvre amour. Ils se sont réveillés pour aller a la rencontre de l’Epoux, les martyrs des premiers siècles, les missionnaires qui ont semé la parole de l’Evangile en notre pays, puis tant d’autres saints au cours des siècles. A leur parole la foule innombrable des disciples de Jésus s’est mise en route, ils ont évangélisé les générations successives de notre histoire, immense procession de lumière au milieu des ténèbres de la violence et du mépris envers Dieu et envers le prochain, la flamme de leur amour resplendit jusqu’à nous. En cette fin de millénaire, l’Eglise nous invite à faire mémoire du chemin parcouru, à prier pour les pécheurs, à rendre grâce pour les saints.

Et nous aussi, nous nous sommes réveillés. Nous voyons en notre siècle se former le cortège des Noces, nous voyons apparaître l'Eglise de notre temps. Surprenant cortège où se présentent avec leur lampe allumée tant d'hommes et de femmes que nous n'attendions pas, de toutes conditions, de toutes origines, jeunes et vieux, laïcs, consacrés, diacres, prêtres:

- martyrs de la foi à l'Est de l'Europe, en Asie, en Afrique, en Amé-rique du Sud, en nos pays aussi; chrétiens, chrétiennes qui souvent nous sont demeurés inconnus;
- témoins de la charité; ceux dont les noms sont aujourd’hui célèbres et tous ceux que nous ignorons, qui donnent tout par amour de l'Epoux et par amour de leurs frères ;
- messagers d'une espérance inébranlable, qui, par leur prière, ouvrent à la douceur de l'Evangile les coeurs de pierre.

Eux aussi - ces martyrs, ces témoins, ces messagers de notre temps - -crient dans notre nuit: "Voici l'Epoux qui vient. Réveillez-vous. Sortez pour la rencontre " . Ils se sont mis debout, ces enfants de Dieu, parce que - comme les cinq jeunes filles sages – ils avaient pris l'huile sans laquelle la flamme s'éteint: la foi au Christ sans la-quelle l'amour s'étouffe et l'espérance meurt.

Ils ont choisi la sagesse et non la folie. La sagesse, c'est de connaître le mystère du Christ, le mystère de la Croix, salut de l'homme. La folie, c'est de juger selon la seule logique humaine; pour elle, le Crucifié est l'homme vaincu, et non pas l'Amour plus fort que la mort, le crucifié est l’homme humilié et non pas l'Amour qui donne le pardon et la vie. Ils ont choisi la vraie sagesse. Ils ont choisi le don où l'on ne retient rien pour soi-même, où tout perdre par amour c'est tout recevoir de l'amour.

Et nous aujourd’hui, Eglise de Dieu, quel choix allons-nous faire pour l’avenir ? Jésus nous prévient que tous, nous nous assoupirons comme s'assoupissent les dix jeunes filles. Dans cette longue nuit de l'attente où nous marchons vers son Règne, si nous nous endormons, il nous réveillera, si nous sommes infidèles, il nous pardonnera. Mais il faut que nos coeurs soient prêts à l'accueillir. Car si nous le refusons, il nous refusera. Il faut que notre lampe continue de brûler et que notre manque de foi ne l'éteigne pas.

Tel est bien l'enjeu pour notre Eglise. Nous nous tromperions en jugeant de notre mission selon les calculs des hommes, lorsque nous constatons en notre pays, la baisse du nombre des baptisés et des prêtres, lorsque certains nous annoncent l'effacement de la foi chrétienne de notre culture, lorsque nous voyons les moeurs d'un peuple ou d'une génération oublier rapidement la beauté de la vie que propose l'Evangile. Dieu ne nous demande pas de compter les effectifs, mais de réveiller ceux qui dorment, de crier à cette génération et à celle qui arrive : "Voici l'Epoux qui vient. Sortez à la rencontre".

C'est pour témoigner de cette espérance que le Seigneur vous a appelés, vous que touche la parole du Christ, vous chrétiens, pour que réveillés de votre sommeil, vous soyez à votre tour des éveilleurs. N 'ayez pas peur d'aimer Dieu, puisqu'il vous aime. Ne craignez pas de suivre le Christ, puisqu'il est le Chemin. Ne redoutez pas que l'on se moque de vous. Soyez au contraire dans l'allégresse puisque, unis au Christ, vous annoncez aux hommes par votre parole et votre vie le chemin du bonheur qui ne déçoit pas.

Et vous, mes amis, qui avez reçu il y a peu d'années le Sacrement de l'Ordre, c'est le Seigneur qui vous envoie à votre tour pour rassembler un peuple qui aille à sa rencontre. Vous n'aurez pas à accomplir ce que nous faisions, mais à faire ce que Dieu vous demandera. Une civilisation nouvelle est en train de naître sous nos yeux. Vous recevez la mission prodigieuse de lui annoncer l’amour de Dieu pour les hommes. Que votre petit nombre ne vous effraie pas. Il importe moins que la force de la foi que le Seigneur vous donne et vous donnera.

Ne craignez pas la solitude ni l'isolement, puisque vous aurez en vous la présence du Christ, selon sa Parole; et que, déjà, vous partagez la joie de voir l'Esprit de Dieu à l'oeuvre et se servir de vous comme messagers. Votre vie offerte est déjà un signe, une parole du Christ pour ceux à qui vous êtes envoyés. Elle est aussi un signe de contradiction, comme Jésus lui-même, pour une civilisation fascinée par l’argent, le sexe, le pouvoir et qui en devient esclave. Courage car vous lui apportez la liberté du Christ.

Ne vous tourmentez pas de votre langage, notre temps est rempli de paroles partout diffusées, si vite dévaluées. C’est l’Esprit qui par votre bouche parlera aux coeurs de vos frères le langage irrésistible de la Vérité. Ne vous laissez pas intimider en imaginant les épreuves ou les difficultés que vous pourriez rencontrer. Au moment venu, la puissance de Dieu ne vous manquera pas puisque le Christ nous l'a promis.

Que votre communion et votre fraternité soient le garant de l'unité de l'Eglise. Car son lien indéfectible, c'est l'Esprit, source de la charité. Ce monde où vous vivez déjà n'est plus tout a fait celui de vos aînés; il est nouveau à bien des égards et attend sans la connaître encore la nouveauté de l'Evangile.

Ne vous endormez pas et ne permettez pas que le monde s'endorme. Et si le Christ vous appelle à consacrer votre vie au service de l'Evangile et de vos frères, n'ayez pas peur de perdre. Car, en lui qui est la Vérité, vous recevrez la Vie. Amen.



France
MgrJacques Delaporte
Evêque de Cambrai

Nous avons relevé ces quelques lignes dans le dernier bulletin diocésain de Cambrai à propos du Synode diocésain. (juin 1999)

Ce monde de fin de siècle est du Kosovo à certains de nos quartiers ou même certaines de nos familles. D'où l'appel insistant de nombreux compte-rendus à une Eglise de tendresse à l'égard des petits, des pauvres, des personnes divorcées-remariées.

Une tendreesse qui n'est pas seulement revendiquées de la part des autres, mais à vivre par chacun dans les relations quotidiennes. Une tendresse puisée au coeur du Christ que nous fêtons cette semaine.

Comme aimait à le dire Madeleine Delbrel :" L'Evangile n'est annoncé vraiment que si l'évangélisation reproduit entre le chrétien et les autres le coeur à coeur du chrétien avec le Christ de l'Evangile. Mais rien au monde ne nous donnera l'accès au coeur de notre prochain, sinon le fait d'avoir donné au Christ l'accès au nôtre."

France
Mgr Michel Dubost
Au Salon de l'Aéronautique.

Lors de la messe célébrée, sous l'avion "Concorde" dans l'enceinte du Salon de l'Aéronautique du Bourget, au moment où s'arrêtaient les "frappes aériennes" de l'OTAN, Mgr Michel Dubost a évoqué ce que l'aviation civile et militaire lui suggérait dans une perspective évangélique. Cette homélie a été retransmise sur "France-Culture".

Que c’est beau !

Frères et sœurs, si vous saviez comme ils sont beaux ces avions ! Si vous saviez comme elles sont belles ces fusées…Si vous saviez comme est grande la création de l’homme telle que nous la voyons ici : derrière ces grandes nefs blanches, il y a des milliers de kilomètres de cables, des millions de soudures, des centaines de systèmes…Et tout cela fonctionne.

Et tout ce la permet à l’homme de vaincre la pesanteur et de réaliser son rêve inaccessible pendant des âges : voler ! J’aimerai être poète pour chanter la grandeur de ceux dont le travail est exprimé ici.

Et pourtant, en ce premier dimanche du silence des bombes sur le Kosovo, je ne peux m’empêcher de penser…Ici, ici même, nous voyons les instruments de la guerre de demain : avions ou drones qui captent les informations. Satellites qui photographient, quelquefois, par le moyen de l’infra-rouge au delà des nuages. Système qui brouillent les radars et les systèmes de guidage voire de communication et qui empêchent l’adversaire d’agir. Bombes…Et ma fierté se transforme en honte.

Soyons clairs ! je n’ai pas honte ni des politiques, il fallait bien faire quelque chose pour contrer les volontés d’épuration ethnique, ni encore moins des militaires : j’ai discuté avec suffisamment de pilotes ces temps-ci pour être plutôt admiratif de leurs qualités morales et de leur volonté de satisfaire les désirs légitimes des politiques et des électeurs qui leurs demandaient d’agir. Je n’ai pas honte pour les autres. Mais pour moi, pour notre humanité…

Et c’est avec cette honte au cœur que j’ai entendu les textes d’aujourd’hui. J’ai entendu Paul nous dire : " Alors que nous n’étions encore capables de rien, (je commente alors que nous n’avions pas de quoi nous vanter), le Christ est mort pour les coupables que nous sommes. La preuve que Dieu nous aime, c’est que Dieu est mort pour nous… "

Et j’entends Matthieu nous dire : " Jésus, voyant les foules, eut pitié d’elles parce qu’elles étaient fatiguées et abattues, comme des brebis sans berger ".

Frères et sœur, nous avons entendu cela cent fois…Mais nous avons continué notre vie comme devant ressassant nos culpabilités et nos hontes, incapables de trouver dans les réalités les chemins du bien auquel nous aspirons et faisant, quelquefois, au nom même de nos bons sentiments,
plus de mal que de bien.

Pourtant, tout l’Evangile est là.

Dieu nous aime dans notre faiblesse. Dans notre ambiguïté. Il nous sauve - si nous l’acceptons - et veut nous donner le bonheur. Je vous entends me dire… oui… mais enfin pas à n’importe quelle condition… pas gratuitement. Vous avez raison : vous avez entendu le texte du livre de l’Exode : Dieu ne pose pas de conditions pour aimer. Et notamment pas de conditions morales. Il aime gratuitement. Il veut faire de nous son peuple chéri. Mais son amour est exigeant…Comme tout amoureux, il souhaite que nous le rencontrions et que nous l’aimions… et que notre amour se manifeste d’une manière qui peut nous sembler étrange aujourd’hui : Vous serez pour moi un royaume de prêtres…

Qu’est-ce à dire ? Dans l’Ancien Testament, le prêtre est celui qui prie pour les autres, qui enseigne et qui offre des sacrifices…Savez-vous que, lors de votre baptême, lorsque le prêtre vous a fait une onction d’huile sur le front, il a dit : Le Père " vous a libéré du péché et vous a fait renaître de l’eau et de l’Esprit. Vous qui faites maintenant partie de ce peuple, il vous marque de l’huile sainte pour que vous demeuriez éternellement les membres de Jésus Christ, prêtre, prophète et roi "…

Beaucoup se demandent comment être chrétiens dans ce monde de violence contre lequel nous pouvons si peu…La réponse chrétienne est simple à formuler : Soyez chrétiens. Soyez du Christ. Aimez. Ecoutez l’Eglise quand elle vous dit que vous êtes aimés…Et commencez par prier…Pas d’abord agir, prier…Le Christ ,devant la moisson, ne dit pas : " retroussez vos manches " ; il dit : " Priez ".

Et dans votre prière, commencez par offrir ce qui est beau à Dieu : Si personne ne chante ce qui est beau… pourquoi voulez-vous qu’on n’y fasse attention ? Si la seule manière de se faire valoir est la force, pourquoi chercher une autre issue ? Nous avons un devoir d’admiration. Plus la situation est grave, plus nous devons trouver ce qui est admirable et le chanter.

" Priez " pour demander. Certes, nous avons une intelligence et une volonté pour nous en servir mais nous devons au moins demander de nous en servir correctement.

Enseigner. On pourrait dire aussi témoigner : comment pourrait-on connaître l’amour de Dieu, si personne ne l’enseigne… allez, proclamez que le Royaume de Dieu est proche… que la lutte pour la justice et la fraternité ont un sens, que le monde a un sens, que Dieu aime !

Offrir des sacrifices. Dans l’Ancien Testament, on sacrifiait des animaux ; les prophètes, sans cesse, rappelaient que cela ne servait à rien si on ne changeait pas son cœur. Pour nous, chrétiens, le sacrifice unique est celui du Christ, mais il ne sert à rien si nous n’acceptons pas la force qu’il nous donne pour entrer dans son sacrifice et offrir notre vie à notre tour. Les prouesses techniques sont extraordinaires. Mais elle ne peuvent contribuer au bonheur automatiquement.

Communiquer, aller vite ne sert à rien, si nous n’avons rien à donner. Tout à l’heure, le Seigneur disait à Moïse dans la première lecture : " Vous avez vu comment je vous ai porté sur les ailes d’un aigle pour vous amener jusqu’à moi … " Il rappelait par ces paroles mystérieuses que l’homme ne va pas au bonheur et à Dieu par ses propres forces…Que ces avions sont beaux s’ils nous permettent, en nous inscrivant dans le ciel, de rechercher le mystère de l’amour de Dieu pour nous.

+ Michel DUBOST

France.
A Monseigneur Louis-Marie Billé
Archevêque de Lyon

Jean-Paul II a voulu rappeler combien la dévotion au Sacré Coeur de Jésus était d'actualité, dans deux documents écrits à l'occasion de ce jour consacré au plus grand signe de l'amour de Dieu pour l'humanité.

Le premier document rappelle le centenaire de la consécration de l'humanité au Coeur de Jésus, faite par Léon XIII, le 11 juin 1899. Le deuxième est adressé au président de la Conférence épiscopale de France, Mgr Louis-Marie Billé, à l'occasion de la célébration solennelle du Sacré Coeur dans le sanctuaire de Paray-le-Monial où étaient réunis des milliers de pèlerins venus de toute la France et de l'étranger.

Nous ne donnons ici quele texte adressé aux pèlerins de Paray-le-Monial.


A Monseigneur Louis-Marie Billlé
Archevêque de Lyon,
Président de la Conférence des Evêques de France.

1. Au moment où de nombreux pèlerins s'apprêtent à célébrer solennellement à Paray-le-Monial la fête du Sacré-Coeur et de faire mémoire de la consécration du genre humain au Sacré-Coeur de Jésus faite par le Pape Léon XIII il y a cent ans, je suis heureux, à travers vous, de leur adresser mes cordiales salutations et de m'unir par la prière à leur démarche spirituelle, ainsi qu'à celle de toutes les personnes qui font en ce jour un acte d'offrande au Sacré-Coeur.

2. A la suite de saint Jean Eudes, qui nous a appris à contempler Jésus lui-même, le coeur des coeurs, dans le coeur de Marie et de les faire aimer tous les deux, le culte rendu au Sacré-Coeur s'est répandu, notamment grâce à sainte Marguerite-Marie, religieuse de la Visitation à Paray-le-Monial. Le 11 juin 1899, invitant tous les Evêques à s'associer à sa démarche, Léon XIII demandait au Seigneur d'être le Roi de tous les fidèles, ainsi que des hommes qui l'ont abandonné ou de ceux qui ne le connaissent pas, le suppliant de les amener à la Vérité et de les conduire vers Celui qui est la Vie. Dans l'encyclique "Annum sacrum", il avait exprimé sa compassion pour les hommes qui sont loin de Dieu et son désir de les confier au Christ Rédempteur.

3. L'Eglise ne cesse de contempler l'amour de Dieu, manifesté de manière sublime et particulière sur le Calvaire, lors de la passion du Christ, sacrifice qui est rendu sacramentellement présent à chaque Eucharistie. "Du coeur très aimant de Jésus procèdent tous les sacrements, mais surtout le plus grand de tous, le sacrement d'amour, par lequel Jésus voulut être le compagnon de notre vie, la nourriture de nos âmes, sacrifice d'une valeur infinie" (S. Alphonse de Liguori, Méditation II sur le coeur aimant de Jésus à l'occasion de la neuvaine en préparation de la fête du Sacré-Coeur). Le Christ est un foyer brûlant d'amour qui appelle et qui apaise: "Venez à moi, [...] car je suis doux et humble de coeur" (Mt 11, 28-29). Le coeur du Verbe incarné est le signe de l'amour par excellence; aussi ai-je personnellement souligné l'importance pour les fidèles de pénétrer le mystère de ce coeur débordant d'amour pour les hommes, qui contient un message d'une extraordinaire actualité (cf. encyclique Redemptor hominis n. 8). Comme l'écrivait saint Claude La Colombière, "voici le Coeur qui a tant aimé les hommes qu'il n'a rien épargné, jusqu'à s'épuiser et à se consumer afin de témoigner son amour" (Ecrits spirituels, n. 9).

4. A l'approche du troisième millénaire, "l'amour du Christ nous presse" (2 Co 5, 14), pour que nous fassions connaître et aimer le Sauveur, qui a versé son sang pour les hommes. "Pour eux, je me consacre moi-même, afin qu'ils soient, eux aussi, consacrés dans la vérité" (Jn 17, 19). J'encourage donc vivement les fidèles à adorer le Christ, présent dans le Saint Sacrement de l'autel, le laissant guérir nos consciences, nous purifier, nous illuminer et nous unifier. Dans la rencontre avec Lui, les chrétiens puiseront la force pour leur vie spirituelle et pour leur mission dans le monde. En effet, dans le coeur à coeur avec le divin Maître, découvrant l'amour infini du Père, ils seront de vrais adorateurs en esprit et en vérité. Leur foi en sera ravivée; ils entreront dans le mystère de Dieu et seront profondément transformés par le Christ. Dans les épreuves et dans les joies, ils conformeront leur vie au mystère de la Croix et de la Résurrection du Sauveur (cf. Concile oecum. Vatican II, Gaudium et spes, n. 10). Ils deviendront chaque jour davantage des fils dans le Fils. Alors, par eux, l'amour se répandra dans le coeur des hommes, pour que se construise le Corps du Christ qui est l'Eglise et que s'édifie aussi une société de justice, de paix et de fraternité. Ils seront des intercesseurs de l'humanité tout entière, car toute âme qui s'élève vers Dieu élève aussi le monde et contribue mystérieusement au salut gratuitement offert par notre Père des cieux. J'invite donc tous les fidèles à poursuivre avec piété leur dévotion au culte du Sacré-Coeur de Jésus, en l'adaptant à notre temps, pour qu'ils ne cessent d'accueillir ses insondables richesses, qu'ils y répondent avec joie en aimant Dieu et leurs frères, trouvant ainsi la paix, entrant dans une démarche de réconciliation et affermissant leur espérance de vivre un jour en plénitude auprès de Dieu, dans la compagnie de tous les saints (cf. Litanies du Sacré-Coeur). Il convient aussi de transmettre aux générations futures le désir de rencontrer le Seigneur, de fixer leur regard sur Lui, pour répondre à l'appel à la sainteté et pour découvrir leur mission spécifique dans l'Eglise et dans le monde, réalisant ainsi leur vocation baptismale (cf. Conc. oecum. Vatican II, Lumen gentium, n. 10). En effet, la "charité divine, don très précieux du Coeur du Christ et de son Esprit", se communique aux hommes, pour qu'ils soient, à leur tour, des témoins de l'amour de Dieu (Pie XII, encycl. Haurietis aquas, III).

5. Invoquant l'intercession de la Vierge Marie, Mère du Christ et de l'Eglise, à laquelle j'ai consacré les hommes et les nations le 13 mai 1982, je vous accorde bien volontiers la Bénédiction apostolique, ainsi qu'à tous les fidèles qui, à l'occasion de la fête du Sacré-Coeur, se rendront en pèlerinage à Paray-le-Monial ou qui participeront avec dévotion à une célébration liturgique ou à un autre moment de prière au Sacré-Coeur.

Du Vatican, le 4 juin 1999.
IOANNES PAULUS PP. II

L'Europe
La pensée du cardinal Lustiger

Le cardinal archevêque de Paris vient de publier un petit livre de 96 pages qui est un panaroma des perspectives qu'il conçoit pour l'Europe à venir :"Pour l'Europe, un nouvel art de vivre." éd. PUF.

(...) Les rapports conflictuels entre Serbes et Albanais s'expliquent par l'Histoire. Ne disons pas qu'une réconciliation est impossible. Nous avons réussi à faire ce travail entre la France et l'Allemagne grâce aux hommes politiques, mais aussi ghrâce à la volonté des chrétiens, catholiques et protestants, de chaque pays.

(...) Etablir la réconciliation des conflits latents en Europe, les prendre à bras-le-corpset ne pas tenir les religions à la marge de la construction de l'Europe. Le point de vue laïque qui nous est particulier ne me choque pas; mais je constate qu'il est inapplicable dans les autres pays européens. En ignorant la religion, la construction européennes se priverait d'une des dimensions fondamentales des consciences nationales.

(...) Il ne faut pas se faire d'illusions. Les Eglises ont été persécutées en Europe de l'Est. Les Etats se servent de la puissance morale et symbolique des religions que la persécution n'a pas pu éradiquer. A condition que cela soit utile pour la stratégie du pouvoir politique. Mais ils étouffent la voix des Eglises quand ce qu'elles ont à dire gêne, dérange ou contredit leurs intérêts.(...) Il y a un point capital que personne n'ose aborder : la Bosnie et le Kosovo sont les restes européens d'un long affrontement avec l'Islam. Les Serbes et les autres peuples chrétiens des Balkans ont le sentiment d'avoir été en première ligne au bénéfice des autres nations européennes.

(...) La guerre ne peut pas arrêter la guerre. Seul l'amour peut éteindre la haine.

France
Je suis l'évêque du parvis
déclare Mgr Jacques Gaillot. 30.05.99

Lors d'un échange de points de vue entre Mgr Jacques Gaillot et Jean-Claude Noyé de l'Agence APIC, l'évêque de Partenia s'est situé dans son ministère pastoral actuel. En voici quelques extraits :

Je vis dehors, je suis sur le parvis. L'univers des évêques n'est plus le mien. L'évêque de Partenia a un espace autre, il est l'évêque des autres. Je suis très entouré mais rarement de chrétiens. Dernièrement j'ai mangé avec Mgr David, dont je salue le travail accompli à Evreux. Mais mon pain quotidien n'est pas la vie ecclésiale.

(...) Je n'ai jamais eu de rancune dans le coeur. C'est un événement qui m'a permis d'aller plus loin, d'avoir plus de liberté d'action. Au fond, je remercie Rome pour cette plus grande marge de manoeuvre. De fait, ce n'était pas facile, comme évêque, d'assumer cette fonction à la fois pour ceux du "dedans" (de l'Eglise) et ceux du "dehors". Par ailleurs, cette destitution est un événement qui a ouvert les yeux à beaucoup de chrétiens. Ceci étant, il y a eu une injustice et je crois qu'il reste quelque chose à faire pour la réparer; un geste à poser de la part de Rome et des évêques, une "réparation" qui serait positive pour l'image de l'Eglise, pour tous les gens qui sont blessés.

(...) Pour moi, l'extrême gauche représente aujourd'hui la gauche. J'ai voté autrefois pour le Parti socialiste mais, en l'état, je ne veux plus le faire. Pour autant, je ne suis pas un militant d'extrême gauche ou de quelque parti que ce soit. Je ne participe à aucun meeting et j'ai refusé de figurer sur la liste du Parti communiste pour les élections européennes.

(...) Cela dit, je crois salutaire d'être moins médiatisé, en tout cas beaucoup moins qu'au moment de ma sortie d'Evreux. Les actions de lutte contre l'exclusion, qui ont quelque chose de répétitif, et le fait que je ne sois plus évêque en responsabilité, ne sont pas, il est vrai, très médiatiques.

Pour la totalité du texte : Agence KIPA

France
Quand l'évêque de Dijon, Mgr Coloni, parle de ses prêtres
"porter la mémoire et la transmettre dans l'avenir"

Dans l'éditorial de son bulletin diocésain du 14 mai 1999, Mgr Michel Coloni, évêque de Dijon, confie ses impressions à la suite d'une semaine vécue avec ses prêtres durant un retraite à l'abbaye de La Pierre-Qui-Vire.

(...) Dix ans de rencontres avec les prêtres de Côte d'Or me permettent de dire comment m'apparaissent ces prêtres diocésains à l'oeuvre au milieu de nous.

Au fil des rencontres et des dialogues personnels ou collectifs, j'ai découvert des hommes qui vivent une alliance délibérément conclue avec un diocèse, le nôtre, un peuple typé au coeur de la Région Bourgogne, en un temps passionnant mais éprouvant de changements culturels qui est le nôtre. Je dis "alliance" et le mot évoque bien des harmoniques dans notre foi chrétienne : Dieu fait alliance avec l'humanité, le Christ a fait allianbce avec son Eglise, l'aventure du mariage chrétien n'est si grande que parce qu'elle en est la parabole, et chaque fois cela suggère une fidélité irrévocable assurant la fécondité d'une histoire partagée. On pourrait être écrasé par de telles références; mieux vaut, avec lucidité, modestie, reconnaître qu'on y tend plus qu'on ne le réalise, mais il est nécessaire de dire qu'on y tend. C'est le sens d'une vie.

Les prêtres diocésains de chez nous sont des apprentis permanents qui s'emploient sans cesse à nouer une relation vraie, un amour toujours plus authentique. Comme des parents, comme un père de famille, ils se laissent façonner par le peuple auquel ils sont envoyés autant qu'ils l'éduquent eux-mêmes. On repère le prêtre familier du rural ou de la ville, de la Côte ou de la Montagne. Comme un conjoint, ils se laissent dépouiller des illusions initiales pour s'attacher avec davantage de vérité au peuple réel qu'ils ont choisi de servir, d'aimer, parfois décevant mais toujours porteur de possibilités.

Peut-être une ambition personnelle les a-t-elles effleurés, ce n'est plus elle qui détermine leur décision, ni une recherche de gratification égoïste, ni une crispation sur l'idéal qu'ils se sont forgé au seuil de l'âge adulte ou dans la crise des quadragénaires.
 
Ce qui détermine leurs orientations, c'est ce qui leur semble le plus profitable à l'annonce de l'Evangile à ce peuple particulier, en ce temps donné. Car ils ont voulu avoir partie liée avec lui, en porter la mémoire pour la transmettre pour un avenir. Ils ont renoncé à privilégier une spiritualité, une des manières singulières d'actualiser la foi selon la grâce propre à une famille religieuse. Leur patrimoine original, c'est le patrimoine commun à tous les chrétiens qui les rend disponibles à tous, prêtres pour le tout-venant, tout à tous comme saint Paul a voulu être.

Certes Jésus seul est le frère universel et le prêtre diocésain demeure toujours enserré par un ensemble de qualités, davantage encore par des limites de santé ou de caractère qui le conduiront à tel type de service plutôt qu'à tel autre. Mais sa grandeur est incontestablement son concentement à dépendre de l'évolution de son peuple, à demeurer disponible en complet désintéressement à ce que celui-i devient au fil de son histoire.

C'est le privilège de l'évêque que d'être le premier témoin de cette générosité des prêtres diocésains. Un prêtre diocésain est allié à tout un diocèse, pas seulement à une communauté de celui-ci. Mais dans une société occidentale où l'individualisme se répand comme une maladie foudroyante, il est absolment indispensable que des choix de vie s'affirment au service de communautés.

Ils n'ont pas à fournier des prestations de fonctionnaires aux exigences des consommateurs. Ils se situent à un autre niveau. Leur restituer une image sociale qu'une accoutumande séculaire avait érodée est une urgence. C'est une belle aventure que d'être prêtre pour ce peuple, en ces temps et d'en épouser toute l'histoire. C'est celle d'un partenaire adulte responsable d'une Eglise diocésaine, certes fragile, mais porteuse de l'espérance d'un' génération. C'est une vie, non pour soi, mais livrée aux autres.

Suisse
Les réponses de l’évêque de Genève
19 mai1999


L'agence APIC a interrogé le nouvel évêque de Genève, Lausanne et Fribourg, Mgr Bernard Genoud, à la veille de son ordination épiscopale, qui a eu lieu le lundi de la Pentecôte. Le style des réponses est direct et elles méritent qu’on s’y arrête.

" Pour être évêque je n'ai pas pris d'initiative, j'ai été choisi, appelé par l'Eglise au nom de Dieu. Cela souligne le côté "vertical" de la vocation d'évêque. Par conséquent l'épiscopat est une participation très particulière à la paternité divine. L'évêque devient le "père des pères" que sont les prêtres. La première paroisse d'un évêque ce sont ses prêtres et à travers eux l'ensemble du diocèse. Et en tant que successeur des apôtres, il a en outre le souci de l'Eglise universelle. On ne peut pas parler d'Eglise en termes "égoïstement" diocésains.

(...) Il s'agit d'exercer cette paternité sans paternalisme. J'aimerais que l'évêché soit une maison de famille dans la quelle on se sente à l'aise. J'imagine faire régulièrement une "journée portes ouvertes" à l'évêché où les prêtres puissent venir de manière spontanée, sans prendre rendez-vous. Je souhaite cette même manière de contact avec le peuple chrétien. Je veux éviter de me laisser trop manger par le côté "bureau" de mon travail.

(...) Certaines des prises de position de Rome seront difficiles à expliquer… Rome ne peut aller contre la foi. Il peut y avoir des positions différentes sur des choses secondaires. Les grandes lignes données par le pape et par Rome doivent être traduites dans les diocèses. La lettre sur la collaboration des laïcs au ministère des prêtres, qui a provoqué de vives secousses en Suisse, en donne un excellent exemple. La Conférence des évêques suisses a parfaitement reconnu les risques d'abus, mais a déclaré clairement que le travail effectué en Suisse avec les laïcs était plus que respectable et que le texte de Rome ne changeait rien pour nous.

(...) Le problème pour les jeunes est que la notion d'amour est aujourd'hui totalement "bloquée" avec celle de génitalité. On croit que s'il n'y a pas activité sexuelle, il n'y a pas amour. Mais c'est faux. Il faut refaire cette éducation, car sinon nous n'aurons que des êtres qui "couchottent" à gauche et à droite. Cela me fait souci. Avec la manière d'avoir un copain ou une copine que l'on jette après trois semaines, comment se fixer plus tard sur un conjoint ?

Cette manière de tolérance, parfois des parents aussi, forme les jeunes à l'instabilité. Ils ont l'impression qu'ils ne vivent pas s'ils n'ont pas d'aventures sexuelles. C'est un scandale de leur faire croire que l'amour c'est cela. Il y a un immense mensonge de la civilisation, avec un matraquage terrible. On parle beaucoup de pollution, mais qui ose encore gueuler contre les pollueurs de l'âme.

(...) On a encore l'esprit de clocher, avec une paroisse par village et un curé par paroisse. Mais il faut regarder de plus en plus en termes de secteurs. Je crois que les vues s'ouvrent peu à peu.

(...) Je souhaite rappeler que les paroisses et le peuple chrétien ont leur responsabilité pour l'éveil des vocations. Jusqu'à présent la question des vocations sacerdotales a été vue de manière très individualiste. Comment les paroisses suscitent-elles des vocations? Comment engendrent-elles les "pères" dont elles ont besoin ?

Pour l’intégralité de cette conversation : Agence KIPA

France
"Ne broyez pas vos prêtres !"
Mgr Jaeger, évêque d'Arras

A l'occasion d'une récente ordination sacerdotale dans sa cathédrale d'Arras, Mgr Jean-Paul Jaeger a parlé des prêtres. Nous vous donnons ici quelques passages de son homélie, parue dans le bulletin du diocèse le 7 mai 1999 :

Nous abordons souvent le délicat problème de la raréfaction actuelle du nombre des prêtres, à la manière d'un directeur des ressources humaines qui ne parviendrait pas à pourvoir en titulaires tous les postes de travail d'une entreprise. Comme les commandes n'attendent pas, il n'a d'autres possibilités que de prescrire l'accélé"ration des cadences de production et d'augmenter le nombre d'heures supplémentaires.

A première vue, c'est bien ce que font actuellement les évêques de France, dont celui qui vous parle. Aux curés, ils ajoutent périodiquement la charge de nouvelles paroisses sans compter les quarts, les tiers et les huitièmes de temps qui seront consentis à une aumônerie, un groupe, une fondation, voire une responsabilité diocésaine, réionale ou nationale.

A ce rythme, les rangs de l'épiscopat français ne comporteront bientôt plus que des tortionnaires ou tout simplement des inconscients.

(...) Quelque soit leur nombre, Dieu ne demande pas que les ministres de son Fils soient broyés par le fonctionnement de nombreux moyens plus judicieux, missionnaires et apostoliques les uns que les autres. Il n'attend pas d'eux la répétition intangible de mode de présence, d'intervention, de partage qui ont fait leurs preuves au temps où fidèles et ministres étaient nombreux. Un ministère émiette à l'infini dans son exercice devient insignifiant dans l'Eglise et insupportable à celui qui le vit.

(...) Membres du Peuple de Dieu, je vous en conjure, n'emprisonnez pas vos prêtres dans les images et les attentes que nous lègue un passé récent. Vous les détruiriez. N'attendez pas d'eux qu'ils satisfassent des désirs, compréhensibles et légitime en période faste, insoutenables quand Dieu nous fait vivre un autre temps. Frères, ne recherchez pas des techniciens de Jésus-Christ. Suppliez Dieu de vous envoyer des hommes, signes et ministres de Jésus-Christ.

(...) Vous empruntez les voies de la responsabilité, de la formation. Vous contribuez à l'annonce de la Bonne Nouvelle, vous rendez témoignage au Christ venu nous sauver dans sa mort et sa résurrection. Au prix de bien des renoncements, vous vous laissez emporter par le souffle de l'Esprit.

Vous vivez comme un déchirement la mort, le départ, la fatigue de vos prêtres. Vous les recevez de Dieu avec une joie immense. Il n'est certainement pas plus facile d'être fidèle laïc en 1999 que d'être prêtre. Contre vents et marées, vous apportez votre pierre à la vie et à la mission de l'Eglise. (...)

U.S.A.

La tentation du repli sur soi.
Mgr Weakland, archevêque de Milwaukee.

Dans une lettre adressée à ses prêtres et à ses fidèles, l'archevêque de Milwaukee dans le Wisconsin, tire quelques remarques de l'attitude des séminaristes d'un séminaire de "contre-culture" dont le "New York Times" avait longuement exposé les idées. - Milwaukee. 11 mai.

Ces séminaristes se considèrent comme les véritables champions de la "contre-culture". Je n'ai pas l'impression que, formés à défier avec courage l'immoralité de la société américaine, ils aient la moindre idée des caractéristiques positives de la culture américaine : son esprit de libre-échange, ses fondements démocratiques, sa liberté de pensée et d'expression, son goût pour les nouveaux défis en matière de science et de savoir en général.

(...) C'est la vieille question du rapport de la modernité et de l'Eglise qui se pose à nous depuis la Révolution française.... Nous devons vivre dans une période de pluralisme où il n'y a plus de consensus moral à travers le pays après l'bandon de l'éthique protestante qui avait tenu droit le melting pot. 

(...) Je me refuse de se laisser aller à des jérémiades. On peut tout aussi bien établir une autre liste, aussi longue, d'éléments positifs dans la société moderne.

(...) Il faut d'abord faire preuve de discrétion et de discernement. Ensuite, la vertu la plus nécessaire est la patience : patience face à la diversité, patience face à l'ambiguité, patience face aux idéologues de tous acabits.

(...) Engagés dans la vie de l'Eglise, nous devons être assurés que notre vision est basée sur notre tradition ecclésiale et notre héritage biblique, mais aussi qu'elle nous propulse dans le 21ème siècle. Se contenter de dresser une liste de ce qui ne va pas, puis de nous isoler du monde, n'est pas une attitude constructive.

(...) Notre mission aujourd'hui est de former des leaders pour ce type de culture diversifiée et non des chrétiens qui fuient le monde. Sans nier le mal qui existe, nous ne pouvons nous replier sur nous-mêmes ni penser que nous avons toutes les réponses à toutes les questions. Lutter avec les autres hommes de bonne volonté pour trouver les réponses sera plus fructueux que de ccréer des ghettos eclésiaux ou intellectuels.

On peut obtenir ce texte auprès du diocèse de
Milwaukee.

L'Europe

La pensée du cardinal Lustiger

Le cardinal archevêque de Paris vient de publier un petit livre de 96 pages qui est un panaroma des perspectives qu'il conçoit pour l'Europe à venir :"Pour l'Europe, un nouvel art de vivre." éd. PUF.

(...) Les rapports conflictuels entre Serbes et Albanais s'expliquent par l'Histoire. Ne disons pas qu'une réconciliation est impossible. Nous avons réussi à faire ce travail entre la France et l'Allemagne grâce aux hommes politiques, mais aussi ghrâce à la volonté des chrétiens, catholiques et protestants, de chaque pays.

(...) Etablir la réconciliation des conflits latents en Europe, les prendre à bras-le-corpset ne pas tenir les religions à la marge de la construction de l'Europe. Le point de vue laïque qui nous est particulier ne me choque pas; mais je constate qu'il est inapplicable dans les autres pays européens. En ignorant la religion, la construction européennes se priverait d'une des dimensions fondamentales des consciences nationales.

(...) Il ne faut pas se faire d'illusions. Les Eglises ont été persécutées en Europe de l'Est. Les Etats se servent de la puissance morale et symbolique des religions que la persécution n'a pas pu éradiquer. A condition que cela soit utile pour la stratégie du pouvoir politique. Mais ils étouffent la voix des Eglises quand ce qu'elles ont à dire gêne, dérange ou contredit leurs intérêts.(...) Il y a un point capital que personne n'ose aborder : la Bosnie et le Kosovo sont les restes européens d'un long affrontement avec l'Islam. Les Serbes et les autres peuples chrétiens des Balkans ont le sentiment d'avoir été en première ligne au bénéfice des autres nations européennes.

(...) La guerre ne peut pas arrêter la guerre. Seul l'amour peut éteindre la haine.
Cardinal de Souza, archevêque de Cotonou
Un testament de paix et de joie
+ 27 mars 1999 - écrit le 1 avril 1984
 
Il s'agit bien de mon testament et non d'un poisson d'avril. Il sera bref, maisnc'est bien là mes dernières volontés, si volonté il y a. Le serviteur a-t-il d'autre volonté que celle de son maître ?
 
1 - Rendez grâce au Seigneur, car il est bon ! car éternel est son amour ! Je voudrais que mes funérailles soient une fête, une fête splendide d'action de grâce, dans la prière, la joie et l'exultation. Si je peux me permettre de faire une entorse aux dispositions liturgiques, je souhaiterais que soit dite la messe de Pâques avec les textes de ladite messe. Eviter le latin. De préférence des chants populaires en fon et en français.
 
2 - Grande fête, oui ! mais dans la simplicité la plus totale possible. Je dois disparaître pour laisser toute la place à Dieu. Ce que je n'ai pas toujours su faire de mon vivant, je voudrais que ce soit fait à l'occasion de mon enterrement. Qu'on m'enterre comme une épouse du Christ. Car c'est ce que j'ai la conviction d'être (Kristusi) même si bien des fois je me suis prostitué à d'autres dieux que mon Seigneur et Maître. Qu'il me pardonne, Lui qui est Amour et Miséricorde.

Je demande aussi pardon à tous ceux et toutes celles que j'ai offensés durant ma vie sur cette terre, spécialement à tous ceux qui ont cherché à découvrir le Christ en moi et qui ne l'ont pas vu en moi.

Je n'ai à pardonner à qui que ce soit. J'ai toujours essayé de voir le Christ en chacun, faisant effort pour aller au-delà des opacités humaines et rejoindre mon frère. Mais si quelqu'un a quelque chose à se faire pardonner, je lui pardonne en toute simplicité..."pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons."

3 - Je désigne l'&rchevêque qui prendra ma succession comme mon légataire universel : tout ce qui pourra être trouvé chezmoi au séminaire ou à l'archevêché, dans mes comptes à Ouidah et à Paris, tout, tout, tout reviendra à l'archidiocèse. Mgr l'Archevêque verra s'il faut donner quelque chose à l'une ou l'autre des mes soeuirs encore vivantes.

4 - Je souhaite enfin que, le jour de mon enterrement, un bon repas soit servi aux prisonniers de la prison centrale de Cotonou.

5 - Qu'on m'enterre où l'on voudra. Un seul souhait à ce sujet : libérer mon cercueil de toute couronne de fleurs artificielles ou naturelles. Je voudrais pouvoir y respirer seulement l'odeur de Dieu !

La vie ici-bas et dans l'au-delà est identique. Une seule différence : Celui que nous voyons ici comme dans un miroir, nous le verrons face à face dans une profonde et éternelle éternité... mais nous ne nous quittons pas ! A toujours ! Christi servus in Patris spiritu. Ouidah, ce 1er avril 1984.

Mgr Tessier, archevêque d'Alger

La présence chrétienne et les élections en Algérie
Réponse à l'Agence FIDES, le16 avril 1999

Les chrétiens sont très peu nombreux dans la société algérienne. Ils se sont cependant attirés la sympathie de leurs voisins et de leurs partenaires là où ils vivent. Ceux-ci ont été, en effet, sensibles au fait que la communauté chrétienne, au moins à travers les prêtres , les religieuses et quelques laïcs, soit restée dans le pays au moment de la crise.

Cette fidélité a été payée par la mort de dix-huit prêtres, religieux et religieuses et d’un évêque. Plusieurs dizaines de laïcs d’origine étrangère ont aussi été assassinés, sans doute, d’abord parce qu’ils étaient d’origine étrangère, mais, parfois, aussi, clairement, parce qu’ils étaient chrétiens. Ce fut le cas pour les douze Croates égorgés le 14 décembre 1993, dans un oued proche de Tibhirine.

Un signe particulier d’espérance nous est donné depuis deux ans par l’arrivée courageuse d’une trentaine de volontaires prêtres ou religieuses, dont une vingtaine de nouveaux, et une dizaine d’anciens ayant accepté de revenir malgré la crise – ou même à cause de la crise. C’est un renouvel-lement de près de près de quinze pour cent en deux ans, ce qui est très important pour l’avenir de notre Eglise. Nous remercions les Congréga-tions et les Diocèses qui ont eu le courage de soutenir ces vocations. Nous appelons maintenant les mouvements de laïcs, particulièrement les nouveaux mouvements, à répondre aussi généreusement et positivement à cet appel de l’Eglise d’Algérie.

La mission de notre communauté est très particulière. Nous voulons en quelque sorte être l’Eglise d’une société qui est pratiquement tout entière musulmane. A travers les responsabilités professionnelles, les engagements sociaux ou humanitaires, ou surtout à travers les relations d’amitié, s’établissent de vraies collaborations islamo-chrétiennes. Elles posent des passerelles entre deux univers spirituels trop souvent antago-nistes. Ici, dans nos petits groupes de chrétiens, nous apprenons à vivre fraternellement avec des musulmans et vice versa.

Nous croyons qu’ainsi s’approfondit une relation évangélique entre chrétiens et musulmans. C’est une grande espérance non seulement pour l’avenir de l’Eglise en Algérie mais aussi pour l’avenir de la relation islamo-chrétienne dans le monde. La crise de la société algérienne n’a pas découragé notre témoignage. Au contraire elle l’a approfondi.

Pour le texte complet : Agence FIDES

 
Déclaration du patriarche de Jérusalem
A l'issue de la procession des Rameaux.
4 avril 1999
 
Les Eglises orientales catholiques et orthodoxes, célèbrent Pâques le 11 avril selon le calendrier julien. Le patriarche latin de Jérusalem, Mgr Sabbah, a commenté cette Semaine Sainte 1999 :

"Nous devons aujourd'hui faire face à de nombreuses difficultés parce que nous ne vivons pas dans un climat de paix, à cause de la coexistence difficile entre musulmans et chrétiens, à Bethléem et à Nazareth. Mais les difficultés sont provoquées par une minorité. La majorité reste fidèle à la longue tradition de fraternité et d'entente"....

"A ceux qui exercent des pressions sur nous, consciemment ou inconsciemment, nous voulons dire que notre seule arme et notre unique réponse est notre amour pour eux, un amour au nom duquel nous appelons à la prudence et à la sagesse. Nous respectons tous ceux avec lesquels nous vivons, chrétiens, musulmans et juifs, mais nous rejetons toute agression ou manque de reconnaissance de notre dignité et de notre identité comme chrétiens"....

"Nous ne nous opposerons à personne par la force, mais nous résisterons à toute agression et toute violation". (ndlr - faisant sans doute allusion aux récentes déclarations du Premier ministre israëlien)

de la Conférence des évêques de France.

La mondialisation, un défi pour l'Eglise
31 mars 1999
 
Extraits du document publié par la Commission épiscopale Justice et Paix France.
 
Ne pas fuir la mondialisation.
L'universalisme de type "Tour de Babal", fondé sur la réduction des diversités humaines à un seul modèle, niant à la limite la notion même de sujet, mène en réalité à la dispersion des hommes et à l'impossibilité de se comprendre. A cette conception s'oppose l'universalisme de la Pentecôte, assis sur la différence des sujets et leur autonomie, permettant à chaque peuple de comprendre les autres dans la visée d'une unité orientée vers le salut, le développement de tout l'homme et de tous les hommes....
 
... Universalistes dès le départ, les chrétiens n'ont pas à fuir la mondialisation en cours, ni à la rejeter en bloc, mais à l'orienter vers une réelle unité des hommes à partir de la nécessaire diversité des sujets. L'unité est le contraire de l'uniformité. Elle suppose la pluralité, la différenciation des sujets et la communication entre eux....
 
Plus vite nous serons conscients de former un seul peuple mondial vivant sur une seule terre, plus vite s'abolira la sauvagerie de la mondialisation actuelle...
 
La mondialisation est aussi l'apparition d'éléments culturels et de vie quotidienne communs à tous les peuples... Cette naissance s'accompagne d'une révolution culturelle : la modernité ne sépare plus totalement l'homme de la nature, ce qui favorise la compréhension entre notre culture et d'autres, ainsi que la marche vers un développement durable...
 
La mondialisation peut amener une bien plus grande autonomie et liberté personnelles si de nouveaux monopoles marchands ne remplacent pas les anciens détenteurs du monopole du discours idéologique et si chacun est formé à cette liberté nouvelle et à la communication avec les autres ....
 
Action collective et évangélisation devront en tenir compte. Cette société pour éviter les risques de repli, fragmentations sociales, solitudes, devra s'équilibrer par une forte morale collective et civique.
 
Déclaration des évêques de France
Une guerre se déroule dans les Balkans
28 mars 1999

Extraits de la déclaration des évêques de France le 28 mars 1999.

Dans les Balkans, au cœur de l'Europe, à la porte de l'Union Européenne, une guerre se déroule. Elle a certes été voulue pour enlever à des gouvernants les moyens de nuire. Mais c'est quand même une guerre, une vraie guerre. C'est une défaite pour l'humanité. Lorsque, depuis des années, le possible n'a pas été fait au moment voulu, le pire arrive à n'importe quel moment.

 
L'ONU est comme mise en échec. L'issue des bombardements est incertaine. Ils pourraient renforcer les dirigeants visés et attiser leur désir de répression ou de vengeance. Le conflit risque de s'étendre. La haine va grandir entre des populations qui devront bien, un jour, recommencer à se parler.
 
Avec le Pape Jean-Paul II, j'espère "que les armes se tairont au plus tôt et que le dialogue reprendra", pour que l'on parvienne, "avec la contribution de tous, à une paix juste et durable dans la région". J'invite tous les catholiques à prier pour la seule victoire qui compte, celle de la paix.
 
+ Louis-Marie Billé, Président de la Conférence des évêques de France.
 
Déclaration des évêques de France
De la confusion à l'incohérence
27 mars 1999

Les débats de ces derniers mois autour du "Pacte Civil de Solidarité" pouvaient laisser espérer qu'on en viendrait à plus de clarté et de sagesse. C'est finalement une grande confusion qui a été entretenue. La déclaration du Conseil Permanent de l'Épiscopat du 17 septembre 1998, parlant d' "une loi inutile et dangereuse", garde toute son actualité.

 
Les amendements adoptés le mercredi 24 mars par la Commission des Lois de l'Assemblée nationale préconisent l'inscription du concubinage dans le code civil, assortie de l'assimilation entre une union de personnes de sexe différent et une union de personnes de même sexe. Ce choix est d'une extrême gravité. ...
I

Il serait déjà inquiétant d'inscrire le concubinage dans le code civil : dévaloriser le sens de l'engagement encourage la fragilisation de la vie sociale. Plus dangereux encore : brouiller les repères de la différence sexuelle, qui fonde le couple et la parenté, et en effacer les expressions juridiques, ce serait porter atteinte à la cohésion sociale et aux fondements mêmes de notre société.

Cette législation entraînerait inévitablement des revendications nouvelles concernant, par exemple, l'adoption et la procréation médicalement assistée en faveur de personnes vivant une relation homosexuelle. C'est l'avenir des enfants qui serait alors compromis.

"Une vigilance s'impose, disait récemment la Commission sociale des Évêques de France, devant certains types de fonctionnement démocratique, qui semblent saper progressivement ces vertus mêmes dont la démocratie a besoin"

 
L'avertissement est grave. Est-il trop tard pour entendre raison ?
 
Louis-Marie Billé. Président de la Conférence des évêques de France.