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Le patrimoine spirituel européen

- Le patrimoine culturel des deux Europes.

Lors de la première réunion du Conseil européen des dirigeants religieux à Oslo, les 11-12 novembre 2002, le Métropolite Kirill de Smolensk et de Kaliningrad, chargé des relations internationales du patriarcat de Moscou aborda la question de la mondialisation et de la diversité des civilisations humaines. Nous en citons ici quelques extraits qui concernent l'Europe.

... Il est clair aujourd'hui que la paix mondiale de l'humanité dépend de notre capacité de concilier les modèles culturels existants entre eux dans le contexte de la globalisation. En parlant des particularités de la civilisation orientale chrétienne, formée par l'Orthodoxie, il faut souligner l'importance qu'elle accorde à l'idéal religieux aussi bien dans la vie privée que dans la vie sociale.

L'Orient chrétien est caractérisé également par la prééminence du spirituel sur le matériel, du sacrifice sur l'aspiration au succès terrestre, des intérêts communs sur les intérêts particuliers, de la fidélité à la vérité sur l'utilité quotidienne. Les tentatives de détruire cette échelle des valeurs sous l'influence de la conception de la vie privée et publique non-traditionnelle à la Russie et propagée par des médias et la publicité, ainsi que la croissance de l'esprit de consommation et d'individualisme provoquent des pressions significatives dans la société.

Certaines des valeurs propres à la tradition chrétienne orientale existent également dans d'autres cultures au facteur religieux décisif. Les mondes musulman, juif et bouddhiste ont leurs systèmes des valeurs qui rejoignent en beaucoup de points les valeurs du christianisme oriental.

Quant au monde occidental, il connaît un modèle culturel particulier qui est le résultat du développement philosophique et social qui a commencé avec la Réforme et est passé par l'époque des Lumières et les révolutions européennes. Le fondement de cette culture est le principe libéral qui proclame la liberté individuelle comme la valeur suprême.

... Il est donc important qu'à l'étape actuelle de l'intégration européenne, lorsque des pays de l'Europe de l'Est sont invités à rejoindre l'Union, un véritable dialogue de ce genre soit établi et entretenu.

Cela est important parce que les fondements de l'unification européenne sont actuellement les valeurs occidentales. Tant que l'intégration européenne concernait l'espace culturel occidental, c'était tout à fait justifié historiquement et effectif. Cependant, afin que l'Europe puisse devenir la maison commune pour ceux qui appartiennent à d'autres cultures, les valeurs de ces dernières doivent être intégrées dans les principes philosophiques de l'unification.

L'histoire nous donne des preuves de l'incapacité de celles des société pluri-culturelles et pluri-religieuses qui sont fondées sur le monopole d'une des cultures.

... La diversité culturelle du monde ne doit pas mener à une opposition de force, mais à la collaboration et à l'enrichissement mutuel. Il est important de trouver un mode de collaboration des civilisations qui assurerait un avenir pacifique et riche pour toute la planète.

Certes, personne n'appelle à renoncer aux valeurs libérales qui forment la culture et le système juridique de beaucoup de pays. Cependant, il me semble, qu'il faille compléter les valeurs libérales par d'autres systèmes culturels, de les adapter les unes aux autres. Il est nécessaire de le faire non seulement dans des déclarations d'amitié et de respect mutuel, mais en réformant le droit et la gouvernance internationale.

Il est important de reconnaître l'égalité des divers systèmes culturels. Autrement la nouvelle forme d'impérialisme provoquera des chocs bien plus considérables que ceux de l'époque de la colonialisme.

Il nous est nécessaire de rechercher que chaque peuple puisse vivre librement conformément à son choix, et que les structures internationales respectent ce choix et ne cherchent pas à leur en imposer un autre. De telles lois et décisions doivent être élaborées au plan international qui seraient acceptables pour des peuples et des cultures différents.

La situation optimale nous semble celle dans laquelle les valeurs libérales n'oppriment pas la législation nationale, mais contribuent au développement propre et libre de chaque société dans les domaines tels que les relations entre la religion et l'Etat, l'éducation, la culture, l'éthique individuelle, familiale et sociale. En cas de différend, le référendum national devrait prôner sur la législation internationale (ainsi, la société est libre de décider elle-même si l'avortement est légal). Avant les référendums, tous les points de vue doivent être présentés dans les médias, l'approche traditionnelle ne doit pas être humiliée, opprimée et défigurée par des stéréotypes.

Jamais, même dans les années les plus dures, l'Orient et l'Occident n'ont abandonné l'espoir du rétablissement de l'unité européenne sur les plans religieux, culturel, voire politique. L'idée de l'Europe uni, d'une union internationale, voire d'un unique Etat du continent européen existe depuis des millénaires.

Il faut cependant comprendre que l'Orient ne veut pas suivre aveuglement les règles établies à une certaine époque sans sa participation, sans tenir compte des concepts de ses peuples, les suivre pour la seule raison qu'elles existent dans des pays occidentaux développés économiquement.

La civilisation orientale chrétienne, comme toutes les autres, a élaboré son propre mode de vie. Sa philosophie et sa forme sont apparus grâce aux efforts de nombreuses générations des peuples confessant l'Orthodoxie, qui aspiraient à bâtir leur vie privée et sociale conformément à leur tradition religieuse et culturelle.

Le texte intégral se trouve auprès des services orthodoxes de presse

Autres documents :

-
Une avancée de civilisation - Evêques de France.
- Valeurs et principes de l'édification de l'Europe - Le point de vue orthodoxe.
- Les héritages d'une histoire commune - Jean Boissonnat.
- Peut-on nier l'héritage religieux de l'Europe ? - Mgr Hippolyte Simon.
- Ecclesia in Europa - Jean Paul II



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