Septembre : Le
patrimoine spirituel européen
Les
héritages d'une histoire commune
Cette déclaration sur l'Europe de M. Jean Boissonnat, président des
Semaines sociales de France, et de M. Hans-Joachim Meyer, président
du Zentralkomitee der deutschen Katholiken, a été faite
le 18 juin 2000, en tant que présidents des Semaines sociales de France
et du Zentralkomitee der deutschen Katholiken, deux associations de
laïcs catholiques engagés dans le débat religieux et civique. Nous en
donnons ici quelques extraits.
.... " Les héritages d'une histoire commune ne suffisent pas à
définir cette conscience d'appartenir à une communauté de destin. Seule
une vision globale de l'homme peut fonder cette conscience. Elle a ses
racines dans la tradition judéo-chrétienne, désormais inscrite dans
la mémoire européenne au-delà des seuls chrétiens, et dans le monde
gréco-romain.
Oui, nous en appelons à l'esprit des Lumières avec tout ce qu'il signifie
: le sens de l'altérité fraternelle, le choix d'une vision du temps
comme possibilité d'un progrès collectif dont chacun doit avoir sa part,
une vocation à l'universel vécue non pas dans l'arrogance mais dans
l'humilité, une relation entre le spirituel et le temporel qui préserve
la liberté de conscience de chacun. Il en découle des conséquences pratiques
abordées par ce manifeste.
Mais il y va aussi de l'attractivité de l'Union elle-même pour les citoyens.
Selon nous, si l'Europe ne fait plus recette aujourd'hui, ce n'est pas
seulement en raison des défaillances de ses institutions. C'est aussi,
et peut-être surtout, par manque d'ambition sur son projet. Si nous
prenons la parole maintenant, c'est en raison de la dissonance que nous
ressentons entre cette vision et l'orientation, ou plutôt l'absence
d'orientation, qui nous semble caractériser la construction européenne
aujourd'hui.
... " Qu'est-ce qui nous unit ? À quoi invitons-nous les peuples
et les nations d'Europe centrale et orientale auxquels nous proposons
de nous rejoindre ? Cette question de l'" ethos " - c'est-à-dire du
fondement moral du projet européen -, est pour nous décisive. Quelle
idée l'Europe se fait-elle d'elle-même ? Quelle sera la contribution
conceptuelle de l'Europe à la mise en forme d'un ordre politique mondial
?
Nous en sommes bien persuadés : le fondement moral du projet européen
et celui qui sous-tend le prochain élargissement de l'Union, ne doivent
faire qu'un. Cette exigence est d'autant plus nécessaire qu'aujourd'hui
ni la langue, ni la culture, ni la religion ne nous sont communes. Ce
qui nous unit ne peut donc être que leur fondement.
On ne peut donc échapper à une réflexion en profondeur sur ces valeurs
fondamentales et sur les principes d'organisation qui en découlent pour
les sociétés européennes.
... " L'identité européenne est une identité sociale. Dans
la tradition chrétienne comme dans le patrimoine de la pensée humaniste,
l'individu n'acquiert pas sa liberté en se coupant de la société. L'épanouissement
de sa personnalité s'accomplit dans une relation complète avec autrui,
faite de réciprocité et de don. Il en découle, pour la société tout
entière, que la paix ne peut être durable sans justice sociale, tout
en sachant que, selon les pays et le degré d'évolution économique, les
conceptions de la justice sociale pourront différer.
... " Approfondir le droit des peuples et construire l'ordre
international qui l'organise, tout d'abord. Elle doit, en particulier,
contribuer à définir des critères et les conditions selon lesquels des
interventions à caractère humanitaire sont justifiées au nom de la protection
des droits de l'Homme. L'expérience de ces dernières années montre aussi
que, si le recours à la force demeure un ultime ressort, il doit être
accompagné, en amont, par des mesures préventives et des sanctions prémilitaires
et, en aval, par des plans d'action visant à permettre la mise en place
d'un État de droit et la formation d'une société civile.
... " Ne pas renoncer à lutter contre le sous-développement.
La tentation du repli sur soi est là, comme en témoigne la diminution
régulière des flux d'aide à ces pays. Elle s'alimente de l'idée, fausse,
qu'une insertion efficace dans les marchés mondiaux libéralisés suffit
à résoudre leurs problèmes. La mondialisation est certes une espérance
pour le développement mais elle ne peut être l'alibi d'un repli de la
solidarité, car tous les pays ne l'abordent pas avec des chances égales,
et elle produit aussi des inégalités. "
L'accès au texte intégral se trouve sur la rubrique Europe
de la Conférence des évêques
de France.
Autres documents :
- Une
avancée de civilisation - Evêques de France.
- Valeurs et principes de l'édification
de l'Europe - Le point de vue orthodoxe.
- Le patrimoine culturel des deux Europes.
- Peut-on nier l'héritage religieux
de l'Europe ? - Mgr Hippolyte Simon.
- Ecclesia in Europa - Jean Paul II
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