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FlashPress - Infocatho
du 4 au 25 octobre 2009
 


LE SYNODE POUR L'AFRIQUE
du 4 au 25 octobre 2009

6 - Les trois grandes religions africaines
L'Afrique connaît actuellement trois grandes religions: l'animisme, le christianisme et l'islam. Le développement des diverses communautés évangéliques est difficile à cerner. Aujourd'hui l'une débute qui disparaîtra demain quand son pasteur cessera ses prédications. Leur complexité est grande qui ne permet pas de les analyser, ni même de les chiffrer. On ne peut que constater les situations qu'elles créent.
LE CHRISTIANISME EN AFRIQUE

Les Catholiques, latins et orientaux, sont actuellement 139.157.160.
Les Protestants, principalement luthériens et baptistes, sont 87.190.000.
Les Orthodoxes Églises orientales (Coptes et patriarcat d'Alexandrie) : 33.660.000.
Les Anglicans : environ 20.551.000, surtout dans les régions anciennement sous influence britannique

L'ISLAM EN AFRIQUE

Les 315.000.000 musulmans se répartissent en deux grandes traditions: les Sunnites (83.0%) et les Shi'ites (16.0%), sont principalement dans le nord de l'Afrique, mais progressent au Nigeria, au Kenya, en particulier.

Les États du nord du Nigeria ont adopté la charia, la législation islamique. L'islam du Sénégal connait des courants différents de celui du Maroc ou de l'Égypte.
 
LES RELIGIONS TRADITIONNELLES EN AFRIQUE

Elles souvent qualifiées par le terme impropre d'"Animisme" où sont regroupées de manière assez large toutes les religions dites "primitives" dont les fondements reposent, entre autres choses, dans le rapport de l'homme et la nature. En Afrique on estime à 97.200.000 les adeptes de ces diverses religions autochtones. Nous donnons dans ce dossier une étude très éclairante d'un prélat camerounais de la Congrégation pontificale pour le Culte divin. (texte d'un entretien avec Mgr Njen)

Parfois on connait un véritable syncrétisme car des traditions ancestrales d'Afrique sont dans de nombreux cas, très proches de plusieurs perspectives bibliques.



C'est la religion la plus ancienne de l'Afrique noire et celle dont les adeptes sont restés les plus nombreux: plus de la moitié (au moins) de la population. C'est ce que les Européens ont appelé à tort fétichisme, parce qu'ils croyaient que les gens « adoraient des fétiches », ceux-ci pouvant être aussi bien des objets que des forces naturelles.

Il faut se détacher de cette conception et parler d'animisme: " si tout est force, et souffle vital, tout s'anime". Léopold-Sédar Senghor, chrétien sénégalais le définit comme « l'intuition d'un monde surréel, où l'homme est lié, d'une part, à l'homme et, d'autre part, à Dieu, par la médiation des « Esprits-Ancêtres ». Cette religion, à la fois agraire (les « dieux» sont souvent l'expression des phénomènes naturels) et familiale (commémoration des Ancêtres), se manifeste d'abord par le sacrifice, qui est communion, partage d'aliments dont l'essence nourrira le double du « dieu ».

Il y a là tout un fonds de croyances, commun à l'humanité, dans lequel la divination joue un rôle quotidien. Il y a un "devin", un "diseur révélateur de choses cachées", un "voyant".

La technique particulière qui l'exprime, c'est la transe, c'est-à-dire la perte du contrôle, souvent extériorisée par une danse. On touche là au fond même du culte: celui des danses dites de « possession », le « révélateur » est entré en contact et en possession avec l'au-delà divin. Le but est d'abord d'accepter et de s'intégrer une entité favorable en exorcisant un mauvais esprit qui pourrait vous en empêcher L'animisme recherche donc l'intégration de la société dans l'autre société.

Le religieux imprègne la vie quotidienne. et la multiplicité de ses formes a beaucoup désorienté les premiers Européens qui attribuèrent aux représentations d'ancêtres ou de génies figurées par des masques et des statuettes le ternie de fétiches. Mot d'origine portugaise (feitiçio) signifiant « factice ». On ne peut réduire, en effet, les religions traditionnelles à un simple polythéisme pratiqué par des populations n'ayant pas la notion de la transcendance. Ici, Dieu, l'Infini. l'Esprit ou la Force vitale se manifestent dans le monde visible et leurs auxiliaires sont honorés sous des noms de génies ou de divinité.

La Force vitale anime toute chose. en particulier la nature sauvage qui procurait aux hommes leur nourriture à l'époque où ils étaient chasseurs- collecteurs. Cette nature incluant animaux, plantes, rivières, montagnes, est le domaine des forces surnaturelles et des génies avec lesquels il importe de vivre en bonne intelligence et qu'il faut donc se concilier en toute circonstance. L'important est de maintenir l'ordre dans l'univers, un ordre souvent remis en question par des éléments perturbateurs ou par l'inconséquence des hommes.

Ainsi, couper un arbre pour faire un tambour ou construire une maison doit s'accompagner d'une prière rituelle ou d'une offrande destinée à apaiser cette force vitale que l'on a atteint par le prélèvement fait sur la forêt

Mais tout le monde ne peut pas accéder aux mystères de la nature ni avoir un contact avec ses forces invisibles. Comme dans les autres religions, seules des personnes qui ont suivi une ascèse, reçu un enseignement ou subi une initiation sous la conduite d'un maître sont en mesure d'interpréter les signes envoyés par l'au-delà ou de pratiquer les rituels appropriés pour retenir l'attention des forces qui le peuplent.

Ces personnes ont peu de chose à voir avec les « sorciers » dont les explorateurs et même les missionnaires du XIXème siècle se plaisaient à décrire et à railler les gestes incompréhensibles.

Il en est de même des danses, rappels de cette force vitale génératrice de vie, en particulier le masque porté par le danseur, personnage dont on ignore tout car il fait partie du masque qu'il porte et qui doit être toujours en mouvement, comme la vie qu'il incarne. La musique est la parole de l'invisible, notamment le tambour dont les sons évoquent le dieu du tonnerre et servent à transmettre les ordres.

Dans un rituel animiste, danse, musique et représentation sculptée du génie ou de l'ancêtre civilisateur sont intimement liées et composent un ensemble audiovisuel parfait où se rejouent les grands mythes fondateurs de la société. L'on peut dire que l'animisme est une religion de la vie où le monde de l'au-delà participe à tout instant à la vie d'ici-bas à travers la présence des ancêtres, inhumés à proximité des vivants, parfois sous les maisons.

Étant donné que des dizaines de millions d'Africains ont plongé - et plongent encore dans cette ambiance, on ne s'étonnera pas de la persistance des vieux rites et des anciennes croyances, même chez les convertis au christianisme d'autant que certains sont proches des rituels chrétiens.

Les Africains, dit Jean Paul II dans son Exhortation, ont un profond sens religieux, le sens du sacré, le sens de l'existence de Dieu Créateur et d'un monde spirituel. La réalité du péché, sous ses formes individuelles et sociales, est très présente dans la conscience de ces peuples, comme le sont également les rites de purification et d'expiation.

« . Ils croient instinctivement, dit encore Jean Paul Il avec les évêques africains, que les morts ont une autre vie, et leur désir est de rester en communication avec eux. Ne serait-ce pas, en quelque sorte, une préparation à la foi dans la communion des saints?

« Aussi, ajoute encore Jean Paul II, faut-il traiter avec beaucoup de respect et d'estime les adeptes de la religion traditionnelle, en évitant tout langage inadéquat et irrespectueux. A cet effet, les enseignements qui conviennent seront donnés dans les maisons de formation sacerdotales et religieuses sur la religion traditionnelle.

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